Poemas en Francés





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Poemas en Francés es un blog que pretende acercar poemas de lengua francesa al castellano
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"Por principio, toda traducción es buena. En cualquier caso, pasa con ellas lo que con las mujeres: de alguna manera son necesarias, aunque no todas son perfectas"

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-La palabra mágica-

"Es imposible traducir la poesía. ¿Acaso se puede traducir la música?"

Voltaire

"La traducción destroza el espíritu del idioma"

Federico Garcí­a Lorca
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Guillaume Apollinaire -Poème lu au mariage d’André Salmon-
jeudi, mai 25, 2006
Poème lu au mariage d’André Salmon
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)


Le 13 juillet 1909.

En voyant des drapeaux ce matin je ne me suis pas dit
Voilà les riches vêtements des pauvres
Ni la pudeur démocratique veut me voiler sa douleur
Ni la liberté en honneur fait qu'on imite maintenant
Les feuilles ô liberté végétale ô seule liberté terreste
Ni les maisons flambent parce qu'on partira pour ne plus revenir
Ni ces mains agitées travailleront demain pour nous tous
Ni même on a pendu ceux qui ne savaient pas profiter de la vie
Ni même on renouvelle le monde en reprenant la Bastille
Je sais que seul le renouvellent ceux qui sont fondés en poésie
On a pavoisé Paris parce que mon ami André Salmon s'y marie

Nous nous sommes rencontrés dans un caveau maudit
Au temps de notre jeunesse
Fumant tous deux et mal vêtus attendant l'aube
Épris épris des même paroles dont il faudra changer le sens
Trompés trompés pauvres petits et ne sachant pas encore rire
La table et les deux verres devinrent un mourant qui nous jeta le dernier regard d'Orphée
Les verres tombèrent se brisèrent
Et nous apprîmes à rire
Nous partîmes alors pèlerins de la perdition
A travers les rues à travers les contrées à travers la raison
Je le revis au bord du fleuve sur lequel flottait Ophélie
Qui blanche flotte encore entre les nénuphars
Il s'en allait au milieu des Hamlets blafards
Sur la flûte jouant les airs de la folie
Je le revis près d'un moujik mourant compter les béatitudes
Je le revis faisant ceci ou cela en l'honneur des mêmes paroles
Qui changent la face des enfants et je dis toutes ces choses
Souvenir et Avenir parce que mon ami André Salmon se marie

Réjouissons-nous non pas parce que notre amitié a été le fleuve qui nous a fertilisés
Terrains riverains dont l'abondance est la nourriture que tous espèrent
Ni parce que nos verres nous jettent encore une fois le regard d'Orphée mourant
Ni parce que nous avons tant grandi que beaucoup pourraient confondre nos yeux et les étoiles
Ni parce que les drapeaux claquent aux fenêtre des citoyens qui sont contents depuis cent ans d'avoir la vie et de menues choses à défendre
Ni parce que fondés en poésie nous avons des droits sur les paroles qui forment et défont l'Univers
Ni parce que nous pouvons pleurer sans ridicule et que nous savons rire
Ni parce que nous fumons et buvons comme autrefois
Réjouissons-nous parce que directeur du feu et des poètes
L'amour qui emplit ainsi que la lumière
Tout le solide espace entre les étoiles et les planètes
L'amour veut qu'aujourd'hui mon ami André Salmon se marie


Poema leído en la boda De André Salmon

El 13 de julio de 1909.

Esta mañana al ver banderas no me dije
He aquí la rica indumentaria de los pobres
Ni el pudor democrático quiere ocultarme su dolor
Ni la preciada libertad hace que se imite ahora
A las hojas oh libertad vegetal oh única libertad terrestre
Ni las casas arden porque nos marcharemos para no volver
Ni esas manos agitadas trabajarán mañana para todos nosotros
Ni siquiera se ha colgado a los que no sabían gozar de la vida
Ni siquiera se renueva el mundo retomando la Bastilla
Sé que sólo lo renuevan los que están fundados en la poesía
Se ha engalanado París porque mi amigo André Salmon
Allí se casa

Nos conocimos en una bodega maldita
En tiempos de nuestra juventud
Fumando los dos y mal vestidos esperando el alba
Apasionados apasionados los dos por las mismas palabras cuyo sentido habrá que cambiar
Engañados engañados pobrecitos sin saber aún reír
La mesa y los dos vasos se transformaron en un moribundo que nos echó la última mirada de Orfeo

Los vasos cayeron se rompieron
Y aprendimos a reír
Partimos entonces peregrinos de la perdición
Cruzando calles cruzando comarcas cruzando la razón
Lo volví a ver a orillas del río donde flotaba Ofelia
Blanca flota aún entre los nenúfares
Él iba en medio de pálidos Hamlets
Tocando con su flauta tocando los aires de la locura
Lo volví a ver junto a un mujik moribundo contando las bienaventuranzas
Admirando la nieve semejante a las mujeres desnudas
Volví a verle haciendo esto o aquello en honor de las mismas palabras
Que cambian el rostro de los niños y digo todas estas cosas
Recuerdo y Porvenir porque mi amigo André Salmon se casa

Regocijémonos no porque nuestra amistad ha sido el río que nos fertilizó
Terrenos ribereños cuya abundancia es el alimento que todos esperan
Ni porque nuestras copas nos echan una vez más la mirada de Orfeo moribundo
Ni porque tanto hemos crecido que muchos podrían confundir nuestros ojos y las estrellas
Ni porque las banderas ondean en las ventanas de los ciudadanos que están contentos
desde hace cien años de tener la vida y cosas menudas para defender
Ni porque fundados en la poesía tengamos derechos sobre las palabras que forman y deshacen el Universo
Ni porque podemos llorar sin temor al ridículo y sabemos reír
Ni porque fumamos y bebemos como antaño
Regocijémonos porque el director del fuego y de los poetas
El amor que como la luz llena
Todo el espacio sólido entre las estrellas y los planetas
El amor quiere que hoy mi amigo André Salmon se case.

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posted by Alfil @ 9:15 PM   6 comments
Guillaume Apollinaire -Allons plus vite-
Allons plus vite
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Et le soir vient et les lys meurent
Regarde ma douleur beau ciel qui me l'envoies
Une nuit de mélancolie

Enfant souris ô soeur écoute
Pauvres marchez sur la grand'route
O menteuse forêt qui surgis à ma voix
Les flammes qui brûlent les âmes

Sur le boulevard de Grenelle
Les ouvriers et les patrons
Arbres de mai cette dentelle
Ne fais donc pas le fanfaron
Allons plus vite nom de Dieu
Allons plus vite

Tous les poteaux télégraphiques
Viennent là-bas le long du quai
Sur son sein notre République
A mis ce bouquet de muguet
Qui poussait dru le long du quai
Allons plus vite nom de Dieu
Allons plus vite

La bouche en coeur Pauline honteuse
Les ouvriers et les patrons,
Oui-dà oui-dà belle endormeuse
Ton frère
Allons plus vite nom de Dieu
Allons plus vite


Vamos más rapido

Y cae la tarde y los lirios mueren
Mira mi dolor bello cielo que me lo envías
Una noche de melancolía

Sonríe niño oh hermana escucha
Pobres marchad por el camino rel
Oh selva mentirosa que surges por mi voz
Las llamas que queman las almas

Sobre el bulevar de Grenelle
Los obreros y los patrones
Árboles de mayo ese encaje
No te hagas el fanfarrón
Vamos más rápido santo Dios
Vamos más rápido

Todos los postes telegráficos
Van allá abajo junto al muelle
Sobre su seno nuestra República
Puso ese ramo de muguetes
Que bien se daban junto al muelle
Vamos más rápido santo Dios
Vamos más rápido

Boca de corazón Paulina tímida
Los obreros y los patrones
Uí-dá uí-dá bella adormecedora
Tu hermano
Vamos más rápido santo Dios
Vamos más rápido

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posted by Alfil @ 9:08 PM   1 comments
Guillaume Apollinaire -Photographie-
Photographie
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Ton sourire m'attire comme
Pourrait m'attirer une fleur
Photographie tu es le champignon brun
De la forêt
Qu'est sa beauté
Les blancs y sont
Un clair de lune
Dans un jardin pacifique
Plein d'eaux vives et de jardiniers endiablés
Photographie tu es la fumée de l'ardeur
Qu'est sa beauté
Et il y a en toi
Photographie
Des tons alanguis
On y entend
Une mélopée
Photographie tu es l'ombre
Du Soleil
Qu'est sa beauté


Fotografía

Tu sonrisa me atrae como
Me atraería una flor
Fotografía tú eres el hongo oscuro
De la selva
Que es su belleza
Los blancos ahí están
Claro de luna
En un jardín pacífico
Lleno de aguas vivas y de jardineros endiablados
Fotografía tú eres el humo del ardor
Que es su belleza
Y hay en tí
Fotografía
Lánguidos tonos
Donde se oye
Una melopea
Fotografía tú eres la sombra
Del Sol
Que es su belleza.

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posted by Alfil @ 9:05 PM   0 comments
Guillaume Apollinaire -69 66666 ...6 9...-
69 6666 ...6 9...
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Les inverses 6 et 9
Se sont dessinés comme un chiffre étrange
69
Deux serpents fatidiques
Deux vermisseaux
Nombre impudique et cabalistique
6 : 3 et 3
9 : 3 3 et 3
La trinité
La trinité partout
Qui se retrouve
Avec la dualité
Car 6 deux fois 3
Et trinité 9 trois fois 3
69 dualité trinité
Et ces arcanes seraient plus sombres
Mais j'ai peur de les sonder
Qui sait si là n'est pas l'éternité
Par-delà la mort camuse
Qui s'amuse à faire peur
Et l'ennui m'emmantelle
Comme un vague linceul de lugubre dentelle
Ce soir


69 66666 ...6 9...

Los inversos 6 y 9
Son dibujados como una cifra exacta
69
dos serpientes fatídicas
Dos lombrices
Número impúdico y cabalístico
6 3 y 3
9 3 3 y 3
La trinidad
Que se vuelve a encontrar
La trinidad en todas partes
Con la dualidad
Pues 6 es dos veces 3
Y trinidad 9 tres veces 3
69 dualidad trinidad
Y los arcanos serían aún más sombríos
Pero tengo miedo a sondearlos
Quíen sabe si no se halla aquí la eternidad
Por encima de la roma muerte
Que se divierte con dar miedo
Pero el tedio me envuelve
Com un vago sudario de lúgubre encaje
Esta noche

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posted by Alfil @ 8:55 PM   0 comments
Guillaume Apollinaire -Marizibill-
Marizibill
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Dans la Haute-Rue à Cologne
Elle allait et venait le soir
Offerte à tous en tout mignonne
Puis buvait lasse des trottoirs
Très tard dans les brasseries borgnes

Elle se mettait sur la paille
Pour un maquereau roux et rose
C'était un juif il sentait l'ail
Et l'avait venant de Formose
Tirée d'un bordel de Changaï

Je connais des gens de toutes sortes
Ils n'égalent pas leurs destins
Indécis comme feuilles mortes
Leurs yeux sont des feux mal éteints
Leurs coeurs bougent comme leurs portes


Marizibill

En la Calle Alta en Colonia
Ella iba y venía de tarde
A todos lista en todo linda
Bebía después cansada de veredas
Muy tarde en las cervecerías sórdidas

Ella se echaba en la paja
Por un rufián rojo y rosa
Era un judío olía a ajo
Y la había viniendo de Formosa
sacado de un burdel de Shangai

Conozco gente de todas partes
No igualana sus destinos
Indecisos como hojas muertas
Sus ojos son fuegos mal extinguidos
Sus corazones baten como sus puertas

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Guillaume Apollinaire -Annie-
Annie
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Sur la côte du Texas
Entre Mobile et Galveston il y a
Un grand jardin tout plein de roses
Il contient aussi une villa
Qui est une grande rose

Une femme se promène souvent
Dans le jardin toute seule
Et quand je passe sur la route bordée de tilleuls
Nous nous regardons

Comme cette femme est mennonite
Ses rosiers et ses vêtements n’ont pas de boutons
Il en manque deux à mon veston
La dame et moi suivons presque le même rite


Annie

Sobre la costa de Texas
Entre Mobile y Galveston hay
Un gran jardín lleno de rosas
Contiene también un caserón
Que es una gran rosa.

Una mujer se pasea a menudo
En el jardín completamente sola
Y cuando paso por el camino bordeado de tilos
Nos miramos los dos

Como esa mujer es mennonita
Sus rosales y sus vestidos no tienen botones
Le faltan dos a mi chaqueta
La dama y yo seguimos casi el mismo rito

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Guillaume Apollinaire -Quatrième poème secret à Madelaine-
Quatrième poème secret à Madelaine
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Ma bouche aura des ardeurs de géhenne
Ma bouche te sera un enfer de douceur et de séduction
Les anges de ma bouche trôneront dans ton cœur
Les soldats de ma bouche te prendront d'assaut
Les prêtres de ma bouche encenseront ta beauté
Ton âme s'agitera comme une région pendant un tremblement de terre
Tes yeux seront alors chargés de tout l'amour qui s'est amassé dans les regards de l'humanité depuis qu'elle existe
Ma bouche sera une armée contre toi une armée pleine de disparates
Variée comme un enchanteur qui sait varier ses métamorphoses
L'orchestre et les chœurs de ma bouche te diront mon amour
Elle te le murmure de loin
Tandis que les yeux fixés sur la montre j'attends la minute prescrite pour l'assaut


Cuarto poema secreto a Madelaine

Mi boca tendrá ardores de averno,
mi boca será para ti un infierno de dulzura,
los ángeles de mi boca reinarán en tu corazón,
mi boca será crucificada
y tu boca será el madero horizontal de la cruz,
pero qué boca será el madero vertical de esta cruz.
Oh boca vertical de mi amor,
los soldados de mi boca tomarán al asalto tus entrañas,
los sacerdotes de mi boca incensarán tu belleza en su templo,
tu cuerpo se agitará como una región durante un terremoto,
tus ojos entonces se cargarán
de todo el amor que se ha reunido
en las miradas de toda la humanidad desde que existe.

Amor mío
mi boca será un ejército contra ti,
un ejército lleno de desatinos,
que cambia lo mismo que un mago
sabe cambiar sus metamorfosis,
pues mi boca se dirige también a tu oído
y ante todo mi boca te dirá amor,
desde lejos te lo murmura
y mil jerarquías angélicas
que te preparan una paradisíaca dulzura en él se agitan,
y mi boca es también la Orden que te convierte en mi esclava,
y me da tu boca Madeleine,
tu boca que beso Madeleine.

Versión de José Umaña

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Guillaume Apollinaire -La Loreley-
La Loreley
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)


A Bacharach il y avait une sorcière blonde
Qui laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde

Devant son tribunal l'évêque la fit citer
D'avance il l'absolvit à cause de sa beauté

O belle Loreley aux yeux pleins de pierreries
De quel magicien tiens-tu ta sorcellerie

Je suis lasse de vivre et mes yeux sont maudits
Ceux qui m'ont regardée évêque en ont péri

Mes yeux ce sont des flammes et non des pierreries
Jetez jetez aux flammes cette sorcellerie

Je flambe dans ces flammes Ô belle Loreley
Qu'un autre te condamne tu m'as ensorcelé

Faites-moi donc mourir puisque je n'aime rien
Evêque vous riez Priez plutôt pour moi la Vierge

Faites-moi donc mourir et que Dieu vous protège
Mon amant est parti pour un pays lointain

Mon coeur me fait si mal il faut bien que je meure
Si je me regardais il faudrait que j'en meure

Mon coeur me fait si mal depuis qu'il n'est plus là
Mon coeur me fit si mal du jour où il s'en alla

L'évêque fit venir trois chevaliers avec leurs lances
Menez jusqu'au couvent cette femme en démence

Va t'en Lore en folie va Lore aux yeux tremblants
Tu seras une nonne vêtue de noir et blanc

Puis ils s'en allèrent sur la route tous les quatre
La Loreley les implorait et ses yeux brillaient comme des astres

Chevaliers laissez-moi monter sur ce rocher si haut
Pour voir une fois encore mon beau château

Pour me mirer une fois encore dans le fleuve
Puis j'irai au couvent des vierges et des veuves

Là-haut le vent tordait ses cheveux déroulés
Les chevaliers criaient Loreley Loreley

Tout là-bas sur le Rhin s'en vient une nacelle
Et mon amant s'y tient il m'a vue il m'appelle

Mon coeur devient si doux c'est mon amant qui vient
Elle se penche alors et tombe dans le Rhin

Pour avoir vu dans l'eau la belle Loreley
Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil


La Loreley

En Bacharach vivía una rubia hechicera
Que hacía morir de amor todos los hombres a la redonda

Ante su tribunal el obispo la citó un día
La absolvió por adelantado a causa de su belleza

Oh bella Loreley de ojos de pedrería
De qué mago tienes tu brujería

Estoy cansada de vivir y mis ojos son malditos
Y los que me han mirado obispo han perecido

Mis ojos son llamas y no pedrería
Arrojad arrojad al fuego esas hechicerías

Ardo en esas llamas oh bella Loreley
Que otro te condene porque me has embrujado

Obispo os burláis rogad por mí a la virgen
Hacedme pues morir y que Dios os proteja

Mi amante se ha ido hacia un país lejano
Hacedme pues morir porque ya no amo nada

Mi corazón me hace tanto daño es necesario que muera
Si mis ojos me vieran sucumbiría al hechizo

Mi corazón me duele desde que me dejó
Mi corazón me duele desde que se marchó

El obispo hizo venir tres caballeros con sus lanzas
Llevad hasta el convento a esta loca mujer

Vete Lore Loca Vete Lore tu mirada fulgura
Serás una monja vestida de negro y blanco

Por el mismo sendero marcharon los cuatro
La Loreley les imploraba y sus ojos brillaban como astros

Caballeros dejadme subir a aquella roca tan alta
Para ver una vez más mi bello castillo

Para reflejarme una vez más en el río
Luego iré al convento de las vírgenes y de las viudas

Allí en lo alto el viento agitaba su cabellera suelta
Los caballeros gritaban Loreley Loreley

Bajando por el Rhin se acerca quien me ama
Y de pie en su barquilla ya me ha visto y me llama

Calma corazón mi amante llega lentamente
Ella se inclina entonces y cae en el Rhin

La bella Loreley ha visto reflejados
En el agua sus ojos sus cabellos dorado

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Guillaume Apollinaire -J'ai eu le courage de regarder en arrière...-
J'ai eu le courage de regarder en arrière...
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

J'ai eu le courage de regarder en arrière
Les cadavres de mes jours
Marquent ma route et je les pleure
Les uns pourrissent dans les églises italiennes
Ou bien dans de petits bois de citronniers
Qui fleurissent et fructifient
En même temps et en toute saison
D'autres jours ont pleuré avant de mourir dans des tavernes
Où d'ardents bouquets rouaient
Aux yeux d'une mulâtresse qui inventait la poésie
Et les roses de l'électricité s'ouvrent encore
Dans le jardin de ma mémoire


Tuve el valor de mirar hacia atrás...

Tuve el valor de mirar hacia atrás
Los cadáveres de mis días
Marcan mi camino y les voy llorando
Unos se pudren en las iglesias italianas
O en pequeños bosques de limoneros
Que florecen y fructifican
Al mismo tiempo y en todas las estaciones
Otros días lloraron antes de morir en las tabernas
Donde ardientes ramos rodaban
Ante los ojos de una mulata que inventaba la poesía
Y las rosas de la electricidad se abren aún
En el jardín de mi memoria

Versión de Claire Deloupy

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Guillaume Apollinaire -La jolie rousse-
La jolie rousse
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Me voici devant tous un homme plein de sens
Connaissant la vie et de la mort ce qu'un vivant peut
connaître
Ayant éprouvé les douleurs et les joies de l'amour
Ayant su quelquefois imposer ses idées
Connaissant plusieurs langages
Ayant pas mal voyagé
Ayant vu la guerre dans l'Artillerie et l'Infanterie
Blessé à la tête trépané sous le chloroforme
Ayant perdu ses meilleurs amis dans l'effroyable lutte
Je sais d'ancien et de nouveau autant qu'un homme seul
pourrait des deux savoir
Et sans m'inquiéter aujourd'hui de cette querre
Entre nous et pour nous mes amis
Je juge cette longue querelle de la tradition et de l'invention
De l'Ordre et de l'Aventure

Vous dont la bouche est faite à l'image de celle de Dieu
Bouche qui est l'ordre même
Soyez indulgents quand vous nous comparez
A ceux qui furent la perfection de l'ordre
Nous qui quêtons partout l'aventure

Nous ne sommes pas vos ennemis
Nous voulons vous donner de vastes et étranges domaines
Où le mystère en fleurs s'offre à qui veut le cueillir
Il y a là des feux nouveaux des couleurs jamais vues
Mille phantasmes impondérables
Auxquels il faut donner de la réalité
Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait
Il y a aussi le temps qu'on peut chasser ou faire revenir
Pitié pour nous qui combattons toujours aux frontières
De l'illimité et de l'avenir
Pitié pour nos erreurs pitié pour nos péchés

Voici que vient l'été la saison violente
Et ma jeunesse est morte ainsi que le printemps
O Soleil c'est le temps de la Raison ardente
Et j'attends
Pour la suivre toujours la forme noble et douce
Qu'elle prend afin que je l'aime seulement
Elle vient et m'attire ainsi qu'un fer l'aimant
Elle a l'aspect charmant
D'une adorable rousse

Ses cheveux sont d'or on dirait
Un bel éclair qui durerait
Ou ces flammes qui se pavanent
Dans les rose-thé qui se fanent

Mais riez riez de moi
Hommes de partout surtout gens d'ici
Car il y a tant de choses que je n'ose vous dire
Tant de choses que vous ne me laisseriez pas dire
Ayez pitié de moi


La linda pelirroja

Estoy aquí delante de todos un hombre con sentido común
que conoce la vida y de la muerte lo que un hombre puede conocer
probó los dolores y los goces del amor
impuso algunas veces sus ideas
conoce varias lenguas
y no ha viajado poco
vio la guerra en la infantería y la artillería
herido en la cabeza trepanada bajo el cloroformo
perdió sus mejores amigos en la espantosa lucha
sé de lo antiguo y de lo nuevo lo que un hombre solitario puede saber de esas cosas
y sin inquietarme hoy de esta guerra
entre nosotros y para vosotros amigos míos
juzgo esta larga querella de la tradición y de la invención
del orden y de la aventura
Vosotros con la boca hecha a la imagen de la boca de Dios
boca que es el orden mismo
sed indulgentes al compararnos
con los que fueron la perfección y el orden
nosotros que siempre buscamos la aventura
no somos enemigos
Al queremos daros vastos y extraños dominios
donde el misterio germina para el que quiera cosecharlo
hay fuegos nuevos colores nunca vistos
mil fantasmas imponderables
para darles realidad
y explorar la bondad país enorme y silencioso
hay tiempo para desterrar
y tiempo para el regreso
piedad para nosotros que combatimos siempre en las fronteras
de lo ilimitado y lo porvenir
piedad para nuestros errores piedad para nuestros pecados
He aquí que viene el estío la estación violenta
y mi juventud ha muerto como la primavera
oh sol es el tiempo de la razón ardiente y espero
para seguir la forma noble y dulce
que adopta ella para que pueda amarla
llega y me atrae como al hierro el imán
tiene el aspecto encantadorde una adorable pelirroja
Sus cabellos son de oro se diría
un bello relámpago que nunca acaba
o esas llamas que presumen
en las rosas te marchitas ya
Reíd reíd de mí
hombres de todas partes sobre todo gentes de aquí
porque hay tantas cosas que no me atrevo a decir
tantas cosas que no me dejaríais decir
tened piedad de mí

Versión de José Umaña Bernal

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Guillaume Apollinaire -Si je mourais là-bas...-
Si je mourais là-bas...
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur

Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l'étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace
Comme font les fruits d'or autour de Baratier

Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants

Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l'onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L'amant serait plus fort dans ton corps écarté

Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie
- Souviens-t'en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur
-Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie

Ô mon unique amour et ma grande folie


Si yo muero allá lejos

Si yo muero allá lejos en el frente de guerra
Tú llorarás un día oh Lou mi gran amor
y después mi recuerdo se apagará en la tierra
Como un obús que estalla en el frente de guerra
Bello obús semejante a la mimosa en flor

Más tarde este recuerdo que en el aire ha estallado
Cubrirá con mi sangre la tierra toda entera
El valle el mar y el astro que pasa como al lado
De Baratier los frutos de oro en primavera

Presencia en cada cosa olvidada y viviente
Yo encenderé el color de tus senos rosados
Encenderé tus labios y tu cabello ardiente
Tú no envejecerás y todo lo existente
Cobrará nueva vida sobre el destino amado

La fuga ineluctable de mi sangre en el mundo
Dará un fulgor más vivo al sol agonizante
Hará la flor más roja y hará el mar más profundo
Un amor inaudito descenderá hasta el mundo
Y tendrá más poder en tu cuerpo tu amante

Si al morir allá lejos mi recuerdo se olvida
Recuerda Lou en los éxtasis más puros de tu vida
-En tus días de ardor y pasión amorosa-
Que mi sangre es la fuente de esta dicha futura
Y siendo la más bella sé tú la más dichosa

Oh mi amor oh mi única oh mi inmensa locura!

Versión de Andrés Holguín

Libellés :

posted by Alfil @ 7:03 PM   0 comments
Guillaume Apollinaire -En allant chercher des obus-
En allant chercher des obus
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

(...)
O Portes de ton corps
Elles sont neuf et je les ai toutes ouvertes
O Portes de ton corps
Elles sont neuf et pour moi se sont toutes refermées

A la premiere porte
La Raison Claire est morte
C`était t`en souviens-tu le premier jour a Nice
Ton oeil de gauche ainsi qu`une couleuvre glisse
Jusqu`a mon coeur
Et que se rouvre encore la porte de ton regard de gauche

A la seconde porte
Toute ma force est morte
C`était t`en souviens-tu dans une auberge a Cagnes
Ton oeil de droite palpitait comme mon coeur
Tes paupieres battent comme dans la brise battent les fleurs
Et que se rouvre encore la porte de ton regard de droite

A la troisieme porte
Entends battre l`aorte
Et toutes mes arteres gonflées par ton seul amour
Et que se rouvre encore la porte de ton oreille de gauche

A la quatrieme porte
Tous les printemps m`escortent
Et l`oreille tendue entends du bois joli
Monter cette chanson de l`amour et des nids
Si triste pour les soldats qui sont en tuerre
Et que se rouvre encore la porte de ton oreille de droite

A la cinquieme porte
C`est ma vie que je t`apporte
C`etait t`en souviens-tu dans le train qui revenait de Grasse
Et dans l`ombre tout pres tout bas
Ta bouche me disait
Des mots de damnation si pervers et si tendres
Que je me demande o mon ame blessée
Comment alors j`ai pu sans mourir les entendre
O mots si doux si forts que quand j`y pense il me semble que je les touche
Et que s`ouvre encore la porte de ta bouche

A la sixieme porte
Ta gestation de putréfaction o Guerre avorte
Voici tous les printemps avec leurs fleurs
Voici les cathédrales avec leur encens
Voici tes aisselles avec leur divine odeur
Et tes lettres parfumées que je sens
Pendant des heures
Et que se rouvre encore la porte de ta narine de gauche

A la septieme porte
O parfums du passé que le courant d`air emporte
Les effluves salins donnaient a tes levres le gout de la mer
Odeur marine odeur d`amour sous nos fenetres mourait la mer
Et l`odeur des orangers t`enveloppait d`amour
Tandis que dans mes bras tu te pelotonnais
Quiete et coite
Et que se rouvre encore la porte de ta narine de droite

A la huitieme porte
Deux anges joufflus veillent sur les roses tremblantes qui supportent
Le ciel exquis de ta taille élastique
Et me voici armé d`un fouet fait de rayons de lune
Les amours couronnés de jacinthe arrivent en troupe
Et que se rouvre encore la porte de ta croupe

A la neuvieme porte
Il faut que l`amour meme en sorte
Vie de ma vie
Je me joins a toi pour l`éternité
Et par l`amour parfait et sans colere
Nous arriverons dans la passion pure ou perverse
Selon ce Qu`on voudra
A tout savoir a tout voir a tout entedre
Je me suis renoncé dans le secret profond de ton amour
O porte ombreuse o porte de corail vivant
Entre les deux colonnes de perfection
Et que se rouvre encore la porte que tes mains savent si bien ouvrir


Yendo a buscar obuses
(...)
Oh puertas de tu cuerpo
Son nueve y las he abierto todas
Oh puertas de tu cuerpo
Son nueve y para mí se han vuelto a cerrar todas

En la primera puerta
La Clara Razón ha muerto
Era ¿te acuerdas? el primer día en Niza
Tu ojo izquierdo así como una culebra se desliza
Hasta mi corazón
Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta de tu mirada izquierda

En la segunda puerta
Ha muerto toda mi fuerza
Era ¿te acuerdas? en un albergue en Cagnes
Tu ojo derecho palpitaba como mi corazón
Tus párpados latían como en la brisa laten las flores
Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta de tu mirada derecha

En la tercera puerta
Escucha latir la aorta
Y todas mis arterias hinchadas por tu sólo amor
Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta de tu oído izquierdo

En la cuarta puerta
Me escoltan todas las primaveras
Y aguzando el oído se escucha del bonito bosque
Subir esta canción de amor y de los nidos
Tan triste para los soldados que están en la guerra
Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta de tu oído derecho

En la quinta puerta
Es mi vida que te traigo
Era ¿te acuerdas? en el tren que volvía de Grasse
Y en la sombra muy cerca muy bajito
Tu boca me decía
Palabras de condenación tan perversas y tan tiernas
Que pregunto a mi alma herida
Cómo pude oírlas sin morir
Oh palabras tan dulces tan fuertes que cuando lo pienso me parece tocarlas
Y que se abra de nuevo la puerta de tu boca

En la sexta puerta
Tu gestación de putrefacción oh Guerra está abortando
He aquí todas las primaveras con sus flores
He aquí las catedrales con su incienso
He aquí tus axilas con su divino olor
Y tus cartas perfumadas que huelo
Durante horas
Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta del lado izquierdo de tu nariz

En la séptima puerta
Oh perfumes del pasado que la corriente de aire se lleva
Los efluvios salinos daban a tus labios el sabor del mar
Olor marino olor de amor bajo nuestras ventanas se moría el mar
Y el olor de los naranjos te envolvía de amor
Mientras en mis brazos te acurrucabas
Quieta y callada
Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta del lado derecho de tu nariz

En la octava puerta
Dos ángeles mofletudos cuidan de las rosas temblorosas que soportan
El cielo exquisito de tu cintura elástica
Y heme aquí armado con un látigo hecho con rayos de luna
Los amores coronados con jacinto llegan en tropel.
Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta de tu alma

Con la novena puerta
Es preciso que salga el amor mismo
Vida de mi vida
Me junto contigo para la eternidad
Y por el amor perfecto y sin ira
Llegaremos a la pasión pura y perversa
Según lo que queramo
sA todo saber a todo ver a todo oír
Yo me renuncié en el secreto profundo de tu amor
Oh puerta umbrosa oh puerta de coral vivo
Entre dos columnas de perfección
Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta que tus manos saben abrir tan bien

Versión de Claire Deloupy

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posted by Alfil @ 7:02 PM   1 comments
Guillaume Apollinaire -Le pont Mirabeau-
Le pont Mirabeau
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure


El puente Mirabeau

El puente Mirabeau mira pasar el Sena
Mira pasar nuestros amores.
Y recuerda al alma serena
Que la alegría siempre viene tras de la pena
Viene la noche suena la hora
Y los días se alejan.
Y aquí me dejan
Frente a frente mirémonos -las manos enlazadas-
Mientras que pasan bajo el puente
De nuestros brazos -fatigadas-
Las hondas silenciosas de nuestras dos miradas
Viene la noche suena la hora
Y los días se alejan
Y aquí me dejan
El amor se nos fuga como esta agua corriente
El amor se nos va
Se va la vida lentamente
Cómo es de poderosa la esperanza naciente
Viene la noche suena la hora
Y los días se alejan
Y aquí me dejan
Huyen el lento día y la noche serena
Mas nunca vuelven
Los tiempos que pasaron ni el amor ni la pena
El puente Mirabeau mira pasar el Sena
Viene la noche suena la hora
y los días se alejan
y aquí me dejan

Versión de Andrés Holguín

Libellés :

posted by Alfil @ 6:56 PM   4 comments
Guillaume Apollinaire -Le brasier-
Le brasier
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

À Paul-Napoléon Roinard.

J'ai jeté dans le noble feu
Que je transporte et que j'adore
De vives mains et même feu
Ce Passé ces têtes de morts
Flamme je fais ce que tu veux
Le galop soudain des étoiles
N'étant que ce qui deviendra
Se mêle au hennissement mâle
Des centaures dans leurs haras
Et des grand'plaintes végétales
Où sont ces têtes que j'avais
Où est Dieu de ma jeunesse
L'amour est devenu mauvais
Qu'au brasier les flammes renaissent
Mon âme au soleil se dévêt
Dans la plaine ont poussé des flammes
Nos cœurs pendent aux citronniers
Les têtes coupées qui m'acclament
Et les astres qui ont saigné
Ne sont que des têtes de femmes
Le fleuve épinglé sur la ville
T'y fixe comme un vêtement
Partant à l'amphion docile
Tu subis tous les tons charmants
Qui rendent les pierres agiles
Je flambe dans le brasier à l'ardeur adorable
Et les mains des croyants m'y rejettent multiple innombrablement
Les membres des intercis flambent auprès de moi
Éloignez du brasier les ossements
Je suffis pour l'éternité à entretenir le feu de mes délices
Et des oiseaux protègent de leurs ailes ma face et le soleil
Ô Mémoire Combien de races qui forlignent
Des Tyndarides aux vipères ardentes de mon bonheur
Et les serpents ne sont-ils que les cous des cygnes
Qui étaient immortels et n'étaient pas chanteurs
Voici ma vie renouvelée
De grands vaisseaux passent et repassent
Je trempe une fois encore mes mains dans l'Océan
Voici le paquebot et ma vie renouvelée
Ses flammes sont immenses
Il n'y a plus rien de commun entre moi
Et ceux qui craignent les brûlures
Descendant des hauteurs où pense la lumière
Jardins rouant plus haut que tous les ciels mobiles
L'avenir masqué flambe en traversant les cieux
Nous attendons ton bon plaisir ô mon amie
J'ose à peine regarder la divine mascarade
Quand bleuira sur l'horizon la Désirade
Au-delà de notre atmosphère s'élève un théâtre
Que construisit le ver Zamir sans instrument
Puis le soleil revint ensoleiller les places
D'une ville marine apparue contremont
Sur les toits se reposaient les colombes lasses
Et le troupeau de sphinx regagne la sphingerie
À petits pas Il orra le chant du pâtre toute la vie
Là-haut le théâtre est bâti avec le feu solide
Comme les astres dont se nourrit le vide
Et voici le spectacle
Et pour toujours je suis assis dans un fauteuil
Ma tête mes genoux mes coudes vain pentacle
Les flammes ont poussé sur moi comme des feuilles
Des acteurs inhumains claires bêtes nouvelles
Donnent des ordres aux hommes apprivoisés
Terre
Ô Déchirée que les fleuves ont reprisée
J'aimerais mieux nuit et jour dans les sphingeries
Vouloir savoir pour qu'enfin on m'y dévorât


La hoguera

A Paul-Napoléon Roinard

Tiré en el noble fuego
Que transporto y adoro
Vivas manos y mismo fuego
Ese Pasado esas cabezas de muertos
Llama hago lo que tú quieres
Ese galope repentino de las estrellas
No siendo más que en lo que se convertirá
Se mezcla con el macho relincho
De los centauros en sus acaballaderos
Y de los grandes lamentos vegetales
Dónde están esas cabezas que yo tenía
Dónde el Dios de mi juventud
El amor se ha vuelto malo
Que en la hoguera las llamas renazcan
Mi alma al sol se desnuda
En la llanura han crecido llamas
Nuestros corazones cuelgan de los limoneros
Las cabezas cortadas que me aclaman
Y los astros que han sangrado
No son sino cabezas de mujeres
El río prendido con alfileres sobre la ciudad
Te fija como una prenda
Partiendo del anfión dócil
Padeces todos los tonos encantadores
Que vuelven ágiles las piedras

Versión de Claire Deloupy

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posted by Alfil @ 6:49 PM   1 comments
Guillaume Apollinaire -Un oiseau chante-
Un oiseau chante
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)


Un oiseau chante ne sais où
C'est je crois ton âme qui veille
Parmi tous les soldats d'un sou
Et l'oiseau charme mon oreille

Écoute il chante tendrement
Je ne sais pas sur quelle branche
Et partout il va me charmant
Nuit et jour semaine et dimanche

Mais que dire de cet oiseau
Que dire des métamorphoses
De l'âme en chant dans l'arbrisseau
Du cœur en ciel du ciel en roses

L'oiseau des soldats c'est l'amour
Et mon amour c'est une fille
La rose est moins parfaite et pour
Moi seul l'oiseau bleu s'égosille

Oiseau bleu comme le cœur bleu
De mon amour au cœur céleste
Ton chant si doux répète-le
À la mitrailleuse funeste

Qui chaque à l'horizon et puis
Sont-ce les astres que l'on sème
Ainsi vont les jours et les nuits
Amour bleu comme est le cœur même


Un pájaro canta

Canta un pájaro no sé dónde
Debe ser tu alma siempre en vela
Que entre los soldados se esconde
Su canto me encanta y desvela

Escucha canta tiernamente
No sé desde qué rama canta
Mas noche y día eternamente
Semana y domingo me encanta

Qué decir del pájaro que ama
Su transformación milagrosa
Del alma que canta en la rama
De amor en cielo y cielo en rosa

Ave del soldado es amor
y es mi amor una hermosa niña
La rosa es menos bella y por
Mí solo el pájaro azul trina

Ave azul como el corazón
Azul que entre mi pecho llora
Haz que oiga tu dulce canción
La funesta ametralladora

Que restalla en la lejanía
Siembran astros con su canción?
Va así la noche va así el día
Amor azul como mi corazón

Versión de Andrés Holguín

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posted by Alfil @ 6:47 PM   0 comments
Guillaume Apollinaire -Nuit rhénane-
Nuit rhénane
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme
Écoutez la chanson lente d'un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds
Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n'entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées
Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été
Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire


Noche renana

Colma mi vaso un vino como una llama trémulo
Escuchen la canción lenta de un barquero
Sobre siete mujeres vistas sobre la luna
Trenzándose su verde y larguísimo pelo
Canten de pié más alto mientras bailan la ronda
Que yo no escuche más cantar al barquero
Y pongan cerca mío a las muchachas rubias
De mirada inmóvil de trenzas recogidas
El Rin el Rin está ebrio donde viñas se miran
Todo el oro nocturno temblando ahí se refleja
En su agonía la voz canta siempre a estas hadas
De los verdes cabellos que hechizan al verano
Mi vaso se ha quebrado como una carcajada

Versión de L.S.

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posted by Alfil @ 6:38 PM   0 comments
Guillaume Apollinaire -Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée-
Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

À Élémir Bourges

Le chat
Je souhaite dans ma maison :
Une femme ayant sa raison,
Un chat passant parmi les livres,
Des amis en toute saison
Sans lesquels je ne peux pas vivre.

Le lion
Ô lion, malheureuse image
Des rois chus lamentablement,
Tu ne nais maintenant qu'en cage
À Hambourg, chez les Allemands.

Le lièvre
Ne sois pas lascif et peureux
Comme le lièvre et l'amoureux.
Mais que toujours ton cerveau soit
La hase pleine qui conçoit.

Le lapin
Je connais un autre connin
Que tout vivant je voudrais prendre.
Sa garenne est parmi le thym
Des vallons du pays de Tendre.

La souris
Belles journées, souris du temps,
Vous rongez peu à peu ma vie.
Dieu ! Je vais avoir vingt-huit ans
Et mal vécus, à mon envie.

L'éléphant
Comme un éléphant son ivoire,
J'ai en bouche un bien précieux.
Pourpre mort !... J'achète ma gloire
Au prix des mots mélodieux.

La mouche
Nos mouches savent des chansons
Que leur apprirent en Norvège
Les mouches ganiques qui sont
Les divinités de la neige.

Le poulpe
Jetant son encre vers les cieux,
Suçant le sang de ce qu'il aime
Et le trouvant délicieux,
Ce monstre inhumain,
c'est moi-même.

La méduse
Méduses, malheureuses têtes
Aux chevelures violettes
Vous vous plaisez dans les tempêtes,
Et je m'y plais comme vous faites.

Le hibou
Mon pauvre cœur est un hibou
Qu'on cloue, qu'on décloue, qu'on recloue.
De sang, d'ardeur, il est à bout.
Tous ceux qui m'aiment, je les loue.

La chèvre du Thibet
Les poils de cette chèvre et même
Ceux d'or pour qui prit tant de peine
Jason, ne valent rien au prix
Des cheveux dont je suis épris.

Le cheval
Mes durs rêves formels sauront se chevaucher,
Mon destin au char d'or sera ton beau cocher
Qui pour rênes tiendrz tendus à frénésie,
Mes vers, les parangons de toute poésie.

El Bestiario o Cortejo de Orfeo

El dromedario
Teniendo cuatro dromedarios
Don Pedro de Alfarubeira
Fue por el mundo y lo admiró.
Él hizo lo que hiciera yo
Teniendo cuatro dromedarios.

La cabra del Tibet
Los pelos de esta cabra, y esos
Dorados, el embeleso
De Jasón, nada son al lado
De los que me han enamorado.

La langosta
Es esta la esbelta langosta,
El alimento de San Juan;
Ojalá mis versos, como ella,
De buenas gentes sea el pan.

El delfín
Delfines, jugáis en el mar,
Pero las olas son amargas.
¿A veces brota mi alegría?
La vida es siempre despiadada.

El cangrejo
Incertidumbre, iremos lejos
y alegres, sin volver jamás,
Así como van los cangrejos;
De para atrás... de para atrás...

La carpa
En los estanques y en las charcas,
Cuánto tiempo vivís, ¡áh carpas!
¿Acaso la muerte os olvida,
Peces de la melancolía?

Versión de Otto de Greiff

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posted by Alfil @ 6:33 PM   1 comments
Guillaume Apollinaire -Zone-
Zone
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

À la fin tu es las de ce monde ancien

Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin

Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine

Ici même les automobiles ont l’air d’être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion
Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation

Seul en Europe tu n’es pas antique ô Christianisme
L’Européen le plus moderne c’est vous Pape Pie X
Et toi que les fenêtres observent la honte te retient
D’entrer dans une église et de t’y confesser ce matin
Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut
Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux
Il y a les livraisons à 25 centimes pleines d’aventures policières
Portraits des grands hommes et mille titres divers

J’ai vu ce matin une jolie rue dont j’ai oublié le nom
Neuve et propre du soleil elle était le clairon
Les directeurs les ouvriers et les belles sténodactylographes
Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent
Le matin par trois fois la sirène y gémit
Une cloche rageuse y aboie vers midi
Les inscriptions des enseignes et des murailles
Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent
J’aime la grâce de cette rue industrielle
Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l’avenue des Ternes

Voilà la jeune rue et tu n’es encore qu’un petit enfant
Ta mère ne t’habille que de bleu et de blanc
Tu es très pieux et avec le plus ancien de tes camarades René Dalize
Vous n’aimez rien tant que les pompes de l’Église
Il est neuf heures le gaz est baissé tout bleu vous sortez du dortoir en cachette
Vous priez toute la nuit dans la chapelle du collège
Tandis qu’éternelle et adorable profondeur améthyste
Tourne à jamais la flamboyante gloire du Christ
C’est le beau lys que tous nous cultivons
C’est la torche aux cheveux roux que n’éteint pas le vent
C’est le fils pâle et vermeil de la douloureuse mère
C’est l’arbre toujours touffu de toutes les prières
C’est la double potence de l’honneur et de l’éternité
C’est l’étoile à six branches
C’est Dieu qui meurt le vendredi et ressuscite le dimanche
C’est le Christ qui monte au ciel mieux que les aviateurs
Il détient le record du monde pour la hauteur

Pupille Christ de l’œil
Vingtième pupille des siècles il sait y faire
Et changé en oiseau ce siècle comme Jésus monte dans l’air
Les diables dans les abîmes lèvent la tête pour le regarder
Ils disent qu’il imite Simon Mage en Judée
Ils crient s’il sait voler qu’on l’appelle voleur
Les anges voltigent autour du joli voltigeur
Icare Énoch Élie Apollonius de Thyane
Flottent autour du premier aéroplane
Ils s’écartent parfois pour laisser passer ceux que transporte la Sainte-Eucharistie
Ces prêtres qui montent éternellement élevant l’hostie
L’avion se pose enfin sans refermer les ailes
Le ciel s’emplit alors de millions d’hirondelles
À tire d’aile viennent les corbeaux les faucons les hiboux
D’Afrique arrivent les ibis les flamants les marabouts
L’oiseau Roc célébré par les conteurs et les poètes
Plane tenant dans les serres le crâne d’Adam la première tête
L’aigle fond de l’horizon en poussant un grand cri
Et d’Amérique vient le petit colibri
De Chine sont venus les pihis longs et souples
Qui n’ont qu’une seule aile et qui volent par couples
Puis voici la colombe esprit immaculé
Qu’escortent l’oiseau-lyre et le paon ocellé
Le phénix ce bûcher qui soi-même s’engendre
Un instant voile tout de son ardente cendre
Les sirènes laissant les périlleux détroits
Arrivent en chantant bellement toutes trois
Et tous aigle phénix et pihis de la Chine
Fraternisent avec la volante machine

Maintenant tu marches dans Paris tout seul parmi la foule
Des troupeaux d’autobus mugissants près de toi roulent
L’angoisse de l’amour te serre le gosier
Comme si tu ne devais jamais plus être aimé
Si tu vivais dans l’ancien temps tu entrerais dans un monastère
Vous avez honte quand vous vous surprenez à dire une prière
Tu te moques de toi et comme le feu de l’Enfer ton rire pétille
Les étincelles de ton rire dorent le fond de ta vie
C’est un tableau pendu dans un sombre musée
Et quelquefois tu vas le regarder de près

Aujourd’hui tu marches dans Paris les femmes sont ensanglantées
C’était et je voudrais ne pas m’en souvenir c’était au déclin de la beauté

Entourée de flammes ferventes Notre-Dame m’a regardé à Chartres
Le sang de votre Sacré-Cœur m’a inondé à Montmartre
Je suis malade d’ouïr les paroles bienheureuses
L’amour dont je souffre est une maladie honteuse
Et l’image qui te possède te fait survivre dans l’insomnie et dans l’angoisse
C’est toujours près de toi cette image qui passe

Maintenant tu es au bord de la Méditerranée
Sous les citronniers qui sont en fleur toute l’année
Avec tes amis tu te promènes en barque
L’un est Nissard il y a un Mentonasque et deux Turbiasques
Nous regardons avec effroi les poulpes des profondeurs
Et parmi les algues nagent les poissons images du Sauveur

Tu es dans le jardin d’une auberge aux environs de Prague
Tu te sens tout heureux une rose est sur la table
Et tu observes au lieu d’écrire ton conte en prose
La cétoine qui dort dans le cœur de la rose
Épouvanté tu te vois dessiné dans les agates de Saint-Vit
Tu étais triste à mourir le jour où tu t’y vis
Tu ressembles au Lazare affolé par le jour
Les aiguilles de l’horloge du quartier juif vont à rebours
Et tu recules aussi dans ta vie lentement
En montant au Hradchin et le soir en écoutant
Dans les tavernes chanter des chansons tchèques

Te voici à Marseille au milieu des pastèques

Te voici à Coblence à l’hôtel du Géant

Te voici à Rome assis sous un néflier du Japon

Te voici à Amsterdam avec une jeune fille que tu trouves belle et qui est laide
Elle doit se marier avec un étudiant de Leyde
On y loue des chambres en latin Cubicula locanda
Je m’en souviens j’y ai passé trois jours et autant à Gouda

Tu es à Paris chez le juge d’instruction
Comme un criminel on te met en état d’arrestation

Tu as fait de douloureux et de joyeux voyages
Avant de t’apercevoir du mensonge et de l’âge
Tu as souffert de l’amour à vingt et à trente ans
J’ai vécu comme un fou et j’ai perdu mon temps

Tu n’oses plus regarder tes mains et à tous moments je voudrais sangloter
Sur toi sur celle que j’aime sur tout ce qui t’a épouvanté

Tu regardes les yeux pleins de larmes ces pauvres émigrants
Ils croient en Dieu ils prient les femmes allaitent des enfants
Ils emplissent de leur odeur le hall de la gare Saint-Lazare
Ils ont foi dans leur étoile comme les rois-mages
Ils espèrent gagner de l’argent dans l’Argentine
Et revenir dans leur pays après avoir fait fortune
Une famille transporte un édredon rouge comme vous transportez votre cœur
Cet édredon et nos rêves sont aussi irréels
Quelques-uns de ces émigrants restent ici et se logent
Rue des Rosiers ou rue des Écouffes dans des bouges
Je les ai vus souvent le soir ils prennent l’air dans la rue
Et se déplacent rarement comme les pièces aux échecs
Il y a surtout des Juifs leurs femmes portent perruque
Elles restent assises exsangues au fond des boutiques

Tu es debout devant le zinc d’un bar crapuleux
Tu prends un café à deux sous parmi les malheureux

Tu es la nuit dans un grand restaurant

Ces femmes ne sont pas méchantes elles ont des soucis cependant
Toutes même la plus laide a fait souffrir son amant

Elle est la fille d’un sergent de ville de Jersey

Ses mains que je n’avais pas vues sont dures et gercées

J’ai une pitié immense pour les coutures de son ventre

J’humilie maintenant à une pauvre fille au rire horrible ma bouche

Tu es seul le matin va venir
Les laitiers font tinter leurs bidons dans les rues

La nuit s’éloigne ainsi qu’une belle Métive
C’est Ferdine la fausse ou Léa l’attentive

Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie
Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie

Tu marches vers Auteuil tu veux aller chez toi à pied
Dormir parmi tes fétiches d’Océanie et de Guinée
Ils sont des Christ d’une autre forme et d’une autre croyance
Ce sont les Christ inférieurs des obscures espérances

Adieu Adieu

Soleil cou coupé


Suburbio

Al final te has cansado de este viejo mundo

Ah Torre Eifíel pastora esta mañana bala tu rebaño de puentes

Hastiada de vivir en la antigüedad grecorromana
Aquí incluso los coches parecen viejos
Sólo la religión sigue siendo nueva la religión
Sigue siendo sencilla como los hangares de Port-Aviation

El único en Europa que no eres antiguo eres tú Cristianismo
El Europeo más moderno es usted Pío X
Y a ti al que observan las ventanas la vergüenza te impide
Entrar en una iglesia y confesarte esta mañana
Lees folletos catálogos carteles que cantan bien alto
Poesía para esta mañana y para la prosa están los periódicos
Las entregas a 25 céntimos llenas de aventuras policíacas
Vidas de grandes hombres y rnil títulos diferentes

He visto esta mañana una bonita calle cuyo nombre olvidé
Nueva y limpia era el clarín del sol

Los directores los obreros y las hermosas mecanógrafas
De la mañana del lunes al sábado noche pasan por ella cuatro veces al día
Allí por la mañana gime tres veces la sirena
Las doce una campana ladra con rabia
Las leyendas de los letreros y los muros
Los carteles los rótulos vocean como loros
Me gusta el encanto de esta calle industrial
Situada en París entre la calle Aumont-Thiéville y la avenida de Ternes

Miras la nueva calle y no eres más que un niño
Vestido por tu madre sólo de azul y blanco
Eres muy religioso y con tu amigo más viejo René Dalize
Nada os agrada tanto como la pompa de la Iglesia
Son las nueve la luz de gas ya azul a escondidas salís del dormitorio
Rezáis toda la noche en la capilla del colegio
Mientras eterna y adorable profundidad amatista
Gira por siempre la llameante gloria de Cristo
Es la hermosa azucena que todos cultivarnos
Es la antorcha de rojos cabellos que el viento no apaga
Es el pálido hijo bermejo de la madre doliente
Es el árbol por siempre frondoso de todas las plegarias

Es el doble sustento del honor y de la eternidad
Es una estrella de seis puntas
Es Dios que muere el viernes y resucita los domingos
Es Cristo que sube a los cielos mejor que los aviadores
Tiene el récord mundial de altura

Pupila Cristo del ojo
Vigésima pupila de los siglos sabe cómo arreglárselas
Y convertido en pájaro este siglo sube por el aire como Jesús
I Los demonios en los abismos levantan la vista para mirarlo
Dicen que imita en Judea a Simón el mago
Gritan que si sabe saltar le llamen salteador
Los ángeles revolotean en torno al bello volatinero
Icaro Enoch Elias Apolonio de Tiana
Flotan alrededor del primer aeroplano
A veces se apartan y dejan pasar a los que llevan la santa Eucaristía
Esos curas que suben eternamente elevando la hostia
El avión se posa por fin sin abatir las alas
Luego el cielo se llena de millones de golondrinas
Llegan a todo vuelo cuervos halcones búhos
De África llegan ibis flamencos marabúes
El pájaro Roe celebrado por narradores y poetas
Planea llevando en sus garras el cráneo de Adán primera cabeza
Surge del horizonte el águila lanzando un grito
Y de América llega el diminuto colibrí
Han llegado de China los pihís largos y ligeros
Sólo tienen un ala y vuelan en parejas
Luego aparece la paloma inmaculado espíritu
Escoltada por el pájaro-lira y el pavo ocelado
El fénix esa hoguera que se engendra a sí misma
Por un momento todo lo oscurece con su ardiente ceniza
Dejando peligrosos estrechos tres sirenas
Llegan cantando dulcemente
Y todos fénix águila y pihís de la China
Confraternizan con la volante máquina

Ahora caminas solo por París entre la muchedumbre
Rebaños de autobuses que mugen circulan a tu lado
La angustia del amor te aprieta la garganta
Como si nunca más fueras a ser amado
Si vivieras en otro tiempo te irías a un monasterio
Uno siente vergüenza al descubrirse diciendo una oración
Te burlas de ti mismo y como el fuego del Infierno tu risa chisporrotea
Las chispas de tu risa doran el fondo de tu vida
Es un cuadro colgado en un museo oscuro
Y algunas veces vas a mirarlo de cerca

Hoy andas por París las mujeres están ensangrentadas
Era y querría no acordarme era en el declinar de la belleza

Rodeada de llamas fervientes me miró Nuestra Señora en Chartres
La sangre de vuestro Sagrado Corazón me ha inundado en Montmartre
Me enferma oír palabras bienaventuradas
Este amor que yo sufro es una vergonzosa enfermedad
Y la imagen que te posee te hace sobrevivir al insomnio y la angustia
Está siempre a tu lado esta imagen que pasa

Ahora estás a la orilla del mar Mediterráneo
Bajo los limoneros en flor durante todo el año
Das un paseo en barca con algunos amigos
Uno es de Niza hay uno de Mentón y dos de la Turbie
Miramos con espanto los pulpos de las profundidades
Y entre las algas nadan peces imágenes del Salvador

Estás en el jardín de un hotel cerca de Praga
Sobre la mesa hay una rosa te sientes muy feliz
Y en lugar de escribir tu cuento en prosa observas
La cetonia que duerme en medio de la rosa
Con espanto te ves dibujado en las ágatas de Saint-Vit
Muy triste estabas ese día viéndote allí
Te pareces a Lázaro enloquecido por la luz
Marchan hacia atrás las agujas del reloj del barrio judío
Y lentamente retrocedes por tu vida también
Al subir al Hradchin y escuchar por las noches
Cantar canciones checas en las tascas

Ahora estás en Marsella entre sandías

Ahora estás en Coblenza en el hotel Géant

Ahora estás en Roma sentado bajo un níspero del Japón

Estás en Amsterdam con una joven que crees hermosa y que es fea
Debe casarse con un estudiante de Leiden
Se alquilan habitaciones en latín Cubicula locanda
Recuerdo haber pasado allí tres días y otros tantos en Gouda

Estás en París ante el juez de instrucción
Te arrestan como a un criminal

Has hecho viajes dolorosos y felices
Antes de darte cuenta de la mentira y de la edad
Por amor has sufrido a los veinte años y a los treinta
Como un loco he vivido y he perdido el tiempo
Ya no te atreves a mirarte las manos yo querría llorar todo el tiempo
Por ti por la que amo por cuanto te ha asustado

Miras con ojos llenos de lágrimas a estos pobres emigrantes
Creen en Dios rezan las mujeres amamantan a los niños
Impregnan con su olor la estación Saint-Lazare
Confian en su estrella como los reyes magos
Esperan conseguir dinero en Argentina
Y volver a su tierra después de hacer fortuna
Una familia transporta una manta roja como cualquiera transporta su corazón
Aquella manta y nuestros sueños son igual de irreales
Algunos de esos emigrantes se quedan y se alojan
En la calle Des Rosiers o en Des Écouffes en tugurios
Los he visto a menudo mientras toman el aire por la noche en la calle
Apenas si se mueven como las piezas de ajedrez
Casi todos judíos sus mujeres llevan peluca
Sentadas en las tiendas permanecen exánimes

Estás de pie en la barra en un bar indecente
Te tomas un café barato con los pobres
Por la noche te encuentras en un gran restaurante

Estas mujeres no son malas pero tienen problemas
Todas incluso la más fea han hecho sufrir a sus amantes

Esa es hija de un guardia municipal de Jersey

No había visto sus manos que están endurecidas y agrietadas

Siento una inmensa lástima por las señales de su vientre

Ante la horrible risa de una pobre muchacha humillo ahora mi boca

Estás solo va a amanecer
Los lecheros hacen sonar en las calles sus cántaros

Igual que una hermosa Mestiza la noche se aleja
Es Ferdine la falsa o Lea la atenta

Y bebes este alcohol ardiente como la vida
Esa vida que bebes igual que un aguardiente

Caminas hacia Auteuil quieres volver a pie a tu casa
Dormir con tus fetiches de Guinea y Oceanía

Ellos son Cristos de otra forma y de otra creencia
Los Cristos inferiores de las oscuras esperanzas

Adiós Adiós

Sol cuello cortado

Versión de Fátima Sáinz

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Guillaume Apollinaire -Les fenêtres-
Les fenêtres
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Du rouge au vert tout le jaune se meurt
Quand chantent les aras dans les forêts natales
Abatis de pihis
Il y a un poème à faire sur l'oiseau qui n'a qu'une aile
Nous l'enverron en message téléphonique
Truamatisme géant
Il fait couler les yeux
Voilà une jolie jeune fille parmi les jeunes Turinaises
Le pauvre jeune homme se mouchait dans sa cravate blanche
Tu soulèveras le rideau
Et maintenant voilà que s'ouvre la fenêtre
Araignées quand les mains tissaient la lumière
Beauté pâleur insondables violets
Nous tenterons en vain de prendre du repos
On commencera à minuit
Quand on a le temps on a la liberté
Bignorneaux Lotte multiples Soleils et l'Oursin du couchant
Une vielle paire de chaussures jaunes devant la fenêtre
Tours
Les Tours ce sont les rues
Puits
Puits ce sont les places
Puits
Arbres creux qui abritent les Câpresses vagabondes
Les Chabins chantent des airs à mourir
Aux Chabines marrones
Et l'oie oua-oua trompette au nord
Où le train blanc de neige et de feux nocturnes fuit l'hiver
O Paris
Du rouge au vert tout le jaune se meurt
Paris Vancouver Hyères Maintenon New-York et les Antilles
Le fenêtre s'ouvre comme une orange
Le beau fruit de la lumière


Las ventanas

Del rojo al verde todo lo amarillo se muere
Cuando cantan los loros en los bosques natales
Batida de pihís
Hay un poema por hacer al pájaro que tiene sólo un ala
Lo enviaremos como mensaje telefónico
Traumatismo gigante
Hace llorar
Hay una bonita muchacha con las jóvenes turinesas
El pobre muchacho se sonaba en su corbata blanca
Alzarás la cortina
Y entonces se abre la ventana
Las arañas cuando las manos tejían la luz
Belleza palidez insondables violetas
En vano intentaremos descansar
A medianoche empezaremos
Cuando tenemos tiempo tenemos libertad
Múltiples Soles Rape Caracoles y el Erizo marino del ocaso
Un viejo par de zapatos amarillos ante la ventana
Torres
Las torres son las calles
Pozos
Pozos son las plazas
Pozos
Arboles huecos que cobijan a las Mestizas vagabundas
Los Mulatos entonan cantos desesperados
A las Mulatas cimarronas
Y la oca cuá-cuá trompetea al norte
Donde los cazadores de mapaches
Raspan las pieles Diamante destellante
Vancouver
Donde huye del invierno el tren blanco de nieve y de fuegos nocturnos
Ah París
Del rojo al verde todo lo amarillo se muere
París Vancouver Hyéres Maintenon Nueva York y las Antillas
La ventana se abre igual que una naranja
El bello fruto de la luz

Versión de Fátima Sáinz

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Guillaume Apollinaire -L'adieu-
L'adieu
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t'en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps
Brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends


El adiós

Recogí esta brizna en la nieve
Recuerda aquel otoño. En breve
No nos veremos más. Yo muero
Olor del tiempo
brizna leve
Recuerda siempre que te espero

Versión de Andrés Holguín

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Guillaume Apollinaire -En allant chercher des obus-
En allant chercher des obus
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

(...)
O Portes de ton corps
Elles sont neuf et je les ai toutes ouvertes
O Portes de ton corps
Elles sont neuf et pour moi se sont toutes refermées

A la premiere porte
La Raison Claire est morte
C`était t`en souviens-tu le premier jour a Nice
Ton oeil de gauche ainsi qu`une couleuvre glisse
Jusqu`a mon coeur
Et que se rouvre encore la porte de ton regard de gauche

A la seconde porte
Toute ma force est morte
C`était t`en souviens-tu dans une auberge a Cagnes
Ton oeil de droite palpitait comme mon coeur
Tes paupieres battent comme dans la brise battent les fleurs
Et que se rouvre encore la porte de ton regard de droite

A la troisieme porte
Entends battre l`aorte
Et toutes mes arteres gonflées par ton seul amour
Et que se rouvre encore la porte de ton oreille de gauche

A la quatrieme porte
Tous les printemps m`escortent
Et l`oreille tendue entends du bois joli
Monter cette chanson de l`amour et des nids
Si triste pour les soldats qui sont en tuerre
Et que se rouvre encore la porte de ton oreille de droite

A la cinquieme porte
C`est ma vie que je t`apporte
C`etait t`en souviens-tu dans le train qui revenait de Grasse
Et dans l`ombre tout pres tout bas
Ta bouche me disait
Des mots de damnation si pervers et si tendres
Que je me demande o mon ame blessée
Comment alors j`ai pu sans mourir les entendre
O mots si doux si forts que quand j`y pense il me semble que je les touche
Et que s`ouvre encore la porte de ta bouche

A la sixieme porte
Ta gestation de putréfaction o Guerre avorte
Voici tous les printemps avec leurs fleurs
Voici les cathédrales avec leur encens
Voici tes aisselles avec leur divine odeur
Et tes lettres parfumées que je sens
Pendant des heures
Et que se rouvre encore la porte de ta narine de gauche

A la septieme porte
O parfums du passé que le courant d`air emporte
Les effluves salins donnaient a tes levres le gout de la mer
Odeur marine odeur d`amour sous nos fenetres mourait la mer
Et l`odeur des orangers t`enveloppait d`amour
Tandis que dans mes bras tu te pelotonnais
Quiete et coite
Et que se rouvre encore la porte de ta narine de droite

A la huitieme porte
Deux anges joufflus veillent sur les roses tremblantes qui supportent
Le ciel exquis de ta taille élastique
Et me voici armé d`un fouet fait de rayons de lune
Les amours couronnés de jacinthe arrivent en troupe
Et que se rouvre encore la porte de ta croupe

A la neuvieme porte
Il faut que l`amour meme en sorte
Vie de ma vie
Je me joins a toi pour l`éternité
Et par l`amour parfait et sans colere
Nous arriverons dans la passion pure ou perverse
Selon ce Qu`on voudra
A tout savoir a tout voir a tout entedre
Je me suis renoncé dans le secret profond de ton amour
O porte ombreuse o porte de corail vivant
Entre les deux colonnes de perfection
Et que se rouvre encore la porte que tes mains savent si bien ouvrir


Yendo a buscar obuses

(...)
Oh puertas de tu cuerpo
Son nueve y las he abierto todas
Oh puertas de tu cuerpo
Son nueve y para mí se han vuelto a cerrar todas

En la primera puerta
La Clara Razón ha muerto
Era ¿te acuerdas? el primer día en Niza
Tu ojo izquierdo así como una culebra se desliza
Hasta mi corazón
Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta de tu mirada izquierda

En la segunda puerta
Ha muerto toda mi fuerza
Era ¿te acuerdas? en un albergue en Cagnes
Tu ojo derecho palpitaba como mi corazón
Tus párpados latían como en la brisa laten las flores
Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta de tu mirada derecha

En la tercera puerta
Escucha latir la aorta
Y todas mis arterias hinchadas por tu sólo amor
Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta de tu oído izquierdo

En la cuarta puerta
Me escoltan todas las primaveras
Y aguzando el oído se escucha del bonito bosque
Subir esta canción de amor y de los nidos
Tan triste para los soldados que están en la guerra
Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta de tu oído derecho

En la quinta puerta
Es mi vida que te traigo
Era ¿te acuerdas? en el tren que volvía de Grasse
Y en la sombra muy cerca muy bajito
Tu boca me decía
Palabras de condenación tan perversas y tan tiernas
Que pregunto a mi alma herida
Cómo pude oírlas sin morir
Oh palabras tan dulces tan fuertes que cuando lo pienso me parece tocarlas
Y que se abra de nuevo la puerta de tu boca

En la sexta puerta
Tu gestación de putrefacción oh Guerra está abortando
He aquí todas las primaveras con sus flores
He aquí las catedrales con su incienso
He aquí tus axilas con su divino olor
Y tus cartas perfumadas que huelo
Durante horas
Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta del lado izquierdo de tu nariz

En la séptima puerta
Oh perfumes del pasado que la corriente de aire se lleva
Los efluvios salinos daban a tus labios el sabor del mar
Olor marino olor de amor bajo nuestras ventanas se moría el mar
Y el olor de los naranjos te envolvía de amor
Mientras en mis brazos te acurrucabas
Quieta y callada
Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta del lado derecho de tu nariz

En la octava puerta
Dos ángeles mofletudos cuidan de las rosas temblorosas que soportan
El cielo exquisito de tu cintura elástica
Y heme aquí armado con un látigo hecho con rayos de luna
Los amores coronados con jacinto llegan en tropel.
Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta de tu alma

Con la novena puerta
Es preciso que salga el amor mismo
Vida de mi vida
Me junto contigo para la eternidad
Y por el amor perfecto y sin ira
Llegaremos a la pasión pura y perversa
Según lo que queramos
A todo saber a todo ver a todo oír
Yo me renuncié en el secreto profundo de tu amor
Oh puerta umbrosa oh puerta de coral vivo
Entre dos columnas de perfección
Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta que tus manos saben abrir tan bien

Versión de Claire Deloupy

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Guillaume Apollinaire -Que lentement passent les heures...-
Que lentement passent les heures...
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Que lentement passent les heures
Comme passe un enterrement
Tu pleureras l'heure où tu pleures
Qui passera trop vitement
Comme passent toutes les heures


Las horas pasan lentamente...

Las horas pasan lentamente
Como el desfile de un entierro
Llorarás la hora en que lloras
Que huirá también rápidamente
Como pasan todas las horas

Versión de Andrés Holguín

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posted by Alfil @ 4:30 PM   0 comments
Guillaume Apollinaire -Les cloches-
Les cloches
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Mon beau tzigane mon amant
Écoute les cloches qui sonnent
Nous nous aimions éperdument
Croyant n'être vus de personne

Mais nous étions bien mal cachés
Toutes les cloches à la ronde
Nous ont vus du haut des clochers
Et le disent à tout le monde

Demain Cyprien et Henri
Marie Ursule et Catherine
La boulangère et son mari
Et puis Gertrude ma cousine

Souriront quand je passerai
Je ne saurai plus où me mettre
Tu seras loin Je pleurerai
J'en mourrai peut-être


Las campanas

Entre el rumor de las campanas,
bella gitana, amante y mía,
nos amamos perdidamente
y nadie, nadie, nos veía.

Olvidamos que las campanas,
asomadas al campanario,
nos vieron, ay, y noche y día
se lo cuentan al vecindario.

Mañana Pedro y Catalina,
el panadero y su mujer,
Juan y María Golondrina,
mi amiga Luz, mi prima Ester,

sonreirán, de cierta manera...
Yo no sabré dónde meterme...
Tú estarás lejos... Lloraré...
Y hasta es posible que me muera...

Versión de Eduardo Carranza

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posted by Alfil @ 4:26 PM   0 comments
Guillaume Apollinaire -J’écris tout seul...-
J’écris tout seul...
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

J’écris tout seul à la lueur tremblante
D’un feu de bois
De temps en temps un obus se lamente
Et quelquefois

C’est le galop d’un cavalier qui passe
Sur le chemin
Parfois le cri sinistre de l’agace
Monte. Ma main

Dans la nuit trace avec peine ces lignes
Adieu mon coeur
Je trace aussi mystiquement les signes
Du grand bonheur

O mon amour mystique, ô Lou, la vie
Nous donnera
La délectation inassouvie
On connaîtra

Un amour qui sera l’amour unique
Adieu mon coeur
Je vois briller cette étoile mystique
Dont la couleur

Est de tes yeux la couleur ambiguë
J’ai ton regard
Et j’en ressens une blessure aiguë
Adieu, c’est tard.


Escribo solo...

Escribo solo a las cambiantes luces
Que arroja un leño ardiente
A veces se lamentan los obuses
Frecuentemente

Oigo el galope de un corcel que cruza
Por el campo lejano
El siniestro graznar de la lechuza
Sube al cielo mi mano

Traza estas líneas desoladamente
Adiós mi corazón
Trazo el signo también místicamente
De la Gran Ilusión

Oh mi místico amor oh Lou la vida
Nos dará el doble fuego
De la delectación nunca extinguida
Compartiremos luego

Un amor que será el único amor
Adiós mi corazón
Enciende un astro místico su fuego
Tiene el color

Del ambiguo color de tu mirada
Que entre las sombras arde
Siento una aguda herida renovada
Adiós. Es tarde

Versión de Andrés Holguín

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posted by Alfil @ 4:14 PM   0 comments
Guillaume Apollinaire -Clair de lune-
Clair de lune
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Lune mellifluente aux lèvres des déments
Les vergers et les bourgs cette nuit sont gourmands
Les astres assez bien figurent les abeilles
De ce miel lumineux qui dégoutte des treilles
Car voici que tout doux et leur tombant du ciel
Chaque rayon de lune est un rayon de miel
Or caché je conçois la très douce aventure
J'ai peur du dard de feu de cette abeille Arcture
Qui posa dans mes mains des rayons décevants
Et prit son miel lunaire à la rose des vents


Claro de luna

Luna meliflua en los labios de los dementes
Esta noche son glotones los vergeles y los burgos
Hastiados los astros danzan como abejas
De esa miel luminosa que gotea en las parras
Pues he aquí que cayendo dulcísimos
Cada rayo de luna es un rayo de miel
Oro oculto concibo la muy dulce aventura
Temo al dardo de fuego de esta abeja Arcturo
Que posa en mis manos rayos delusorios
Y ofrece su miel lunar a la rosa de los vientos.

Versión de David Horta Pimentel

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posted by Alfil @ 3:12 PM   0 comments
Guillaume Apollinaire -L'Enfer-
L'Enfer
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Un homme a traversé le désert sans rien boire
Et parvient une nuit sur les bords de la mer
Il a plus soif encore à voir le flot amer
Cet homme est mon désir, la mer est ta victoire.

Tout habillé de bleu quand il a l'âme noire
Au pied d'une potence un beau masque prend l'air
Comme si de l'amour - ce pendu jaune et vert-
Je voulais que brûlât l'horrible main de gloire.

Le pendu, le beau masque et cet homme altéré
Descendent dans l'enfer que je creuse moi-même
Et l'enfer c'est toujours : "Je voudrais qu'elle m'aime."

Et n'aurais-je jamais une chose à mon gré
Sinon l'amour, du moins une mort aussi belle.
Dis-moi, le savais-tu, que mon âme est mortelle ?


El Infierno

Un hombre cruzó el desierto sin beber nada
Y alcanza una noche las orillas del mar
Siente más sed aún al ver las aguas amargas
Aquel hombre es mi deseo, el mar es tu victoria.

Vestido de azul cuando negra es su alma
Al pie de una horca una máscara hermosa toma el aire
Como si del amor -ese ahorcado amarillo y verde-
Quisiera que se quemase la horrible mano de gloria.

El ahorcado, la hermosa máscara y aquel hombre alterado
Bajan al infierno que yo mismo voy cavando
Y el infierno es siempre: "Quisiera que ella me amase."

Y no tendré acaso nada de mi agrado
Sino el amor por lo menos una muerte tan hermosa.
Dime, ¿sabías que mi alma era mortal?

Versión de Claire Deloupy

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posted by Alfil @ 11:08 AM   86 comments
Guillaume Apollinaire -Mutation-
Mutation
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Une femme qui pleurait
Eh ! Oh ! Ha !
Des soldats qui passaient
Eh ! Oh ! Ha !
Un éclusier qui pêchait
Eh ! Oh ! Ha !
Les tranchées qui blanchissaient
Eh ! Oh ! Ha !
Des obus qui pétaient
Eh ! Oh ! Ha !
Des allumettes qui ne prenaient pas
Et tout
A tant changé
En moi
Tout
Sauf mon Amour
Eh ! Oh ! Ha !


Mutación


Una mujer que lloraba
Eh! Oh! Ha!
Unos soldados que pasaban
Eh! Oh! Ha!
Un guarda-esclusa que pescaba
Eh! Oh! Ha!
Las trincheras que blanqueaban
Eh! Oh! Ha!
Unos obuses que estallaban
Eh! Oh! Ha!
Unas cerillas que no encendían
Y todoHa cambiado tanto
En mí
Todo salvo mi amor
Eh! Oh! Ha!

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posted by Alfil @ 4:02 AM   0 comments
Guillaume Apollinaire -Arbre-
Arbre
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

À Frédéric Boutet.

Tu chantes avec les autres tandis que les phonographes galopent
Où sont les aveugles où s'en sont-ils allés
La seule feuille que j'aie cueillie s'est changée en plusieurs mirages
Ne m'abandonnez pas parmi cette foule de femmes au marché
Ispahan s'est fait un ciel de carreaux émaillés de bleu
Et je remonte avec vous une route aux environs de Lyon

Je n'ai pas oublié le son de la clochette d'un marchand de coco d'autrefois
J'entends déjà le son aigre de cette voix à venir
Du camarade qui se promènera avec toi en Europe
Tout en restant en Amérique

Un enfant
Un veau dépouillé pendu à l'étal
Un enfant
Et cette banlieue de sable autour d'une pauvre ville au fond de l'est
Un douanier se tenait là comme un ange
À la porte d'un misérable paradis
Et ce voyageur épileptique écumait dans la salle d'attente des premières

Engoulevent Blaireau
Et la Taupe-Ariane
Nous avions loué deux coupés dans le transsibérien
Tour à tour nous dormions le voyageur en bijouterie et moi
Mais celui qui veillait ne cachait point un revolver armé

Tu t'es promené à Leipzig avec une femme mince déguisée en homme
Intelligence car voilà ce que c'est qu'une femme intelligente
Et il ne faudrait pas oublier les légendes
Dame-Abonde dans un tramway la nuit au fond d'un quartier désert
Je voyais une chasse tandis que je montais
Et l'ascenseur s'arrêtait à chaque étage

Entre les pierres
Entre les vêtements multicolores de la vitrine
Entre les charbons ardents du marchand de marrons
Entre deux vaisseaux norvégiens amarrés à Rouen
Il y a ton image

Elle pousse entre les bouleaux de la Finlande

Ce beau nègre en acier

La plus grande tristesse
C'est quand tu reçus une carte postale de La Corogne
Le vent vient du couchant
Le métal des caroubiers
Tout est plus triste qu'autrefois
Tous les dieux terrestres vieillissent
L'univers se plaint par ta voix
Et des êtres nouveaux surgissent
Trois par trois


Arbol

A Federico Boutet.

Cantas con otros mientras que los fonógrafos galopan
Donde están los ciegos Dónde se fueron
La sola hoja que haya recogido se cambió en varios espejismos
No me abandone entre esta muchedumbre de mujeres en el mercado
Ispahán se hizo un cielo de baldosas salpicadasde azul
Y vuelvo a montar con usted un camino en las afueras de Lyon

No olvidé el sonido de la campanilla de un vendedor de coco de en otro tiempo
Ya pienso el sonido agrio de esta voz venir
Del compañero que se paseará contigo en Europa
quedándose en América

Un niño
Un ternero desnudo colgado de la tabla de carnicero
Un niño
Y estas afueras de arena alrededor de un pobre Ciudad en el fondo de lo que es
Un aduanero se cogía allí como un ángel
en la puerta del miserable paraíso
Y este viajero epiléptico espumaba en la sala de espera de las primeras

Engoulevent Brochay
Y la Taupe-Ariane
Habíamos alquilado dos cupés en el transiberiano
Por turno dormíamos el viajero Bijouterie y yo
pero el que velaba no escondía en absoluto un revólver armado

Te paseaste en Leipzig con una mujer delgado disfrazada de hombre
Inteligencia porque he aquí lo que es que una mujer inteligente
Y no habría que olvidar las leyendas
Dama abunda en un tranvía por la noche en el fondo de uno Barrio desierto
Veía una caza mientras que subía
Y el ascensor se fijaba en cada piso

Entre las piedras
entre los trajes multicolores del escaparate
entre las ascuas del vendedor de castañas
entre dos buques noruegos amarrados a Ruánha
y tu imagen

Crece entre los abedules de Finlandia

Este bello negro de acero

La tristeza más grande
Es cuando recibiste una postal de La Coruña
El viento viene del poniente
El metal de los algarrobos
Todo está más triste que en otro tiempo
Todos los dioses terrestres envejecen
El universo se queja por tu voz
Y seres nuevos surgen
En formación de a tres.

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posted by Alfil @ 3:40 AM   0 comments
Guillaume Apollinaire -Le voyageur-
Le voyageur
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

A Fernand Fleuret

Ouvrez-moi cette porte où je frappe en pleurant

La vie est variable aussi bien que l'Euripe

Tu regardais un banc de nuages descendre
Avec le paquebot orphelin vers les fièvres futures
Et de tous ces regrets de tous ces repentirs
Te souviens-tu

Vagues poisons arqués fleurs surmarines
Une nuit c'était la mer
Et les fleuves s'y répandaient

Je m'en souviens je m'en souviens encore

Un soir je descendis dans une auberge triste
Auprès de Luxembourg
Dans le fond de la sale il s'envolait un Christ
Quelqu'un avait un furet
Un autre un hérisson
L'on jouait aux cartes
Et toi tu m'avais oublié

Te souviens-tu du long orphelinat des gares
Nous traversâmes des villes qui tout le jour tournaient
Et vomissaient la nuit le soleil des journées
Ô matelots ô femmes sombres et vous mes compagnons
Souvenez-vous en

Deux matelots qui ne s'étaient jamais quittés
Deux matelots qui ne s'étaient jamais parlé
Le plus jeune en mourant tomba sur le coté

Ô vous chers compagnons
Sonneries électriques des gares chants des moissonneuses
Traîneau d'un boucher régiment des rues sans nombre
Caalerie des ponts nuits livides de l'alcool
Les villes que j'ai vues vivaient comme des folles

Te souviens-tu des banlieues et du troupeau plaintif des paysages

Les cyprès projetaient sous la lune leurs ombres
J'écoutais cette nuit au déclin de l'été
Un oiseau langoureux et toujours irrité
Et le bruit éternel d'un fleuve large et sombre

Mais tandis que mourants roulaient vers l'estuaire
Tous les regards tous les regards de tous les yeux
Les bords étaient déserts herbus silencieux
Et la montagne a l'autre rive était très claire

Alors sans bruit sans qu'on put voir rien de vivant
Contre le mont passèrent des ombres vivaces
De profil ou soudain tournant leurs vagues faces
Et tenant l'ombre de leurs lances en avant

Les ombres contre le mont perpendiculaire
Grandissaient ou parfois s'abaissaient brusquement
Et ces ombres barbues pleuraient humainement
En glissant pas à pas sur la montagne Claire

Qui donc reconnais-tu sur ces vieilles photographies
Te souviens-tu du jour ou une abeille tomba dans le feu
C'était tu t'en souviens à la fin de l'été
Deux matelots qui ne s'étaient jamais quittés
L'aîné portait au cou une chaîne de fer
Le plus jeune mettait ses cheveux blonds en tresse

Ouvrez-moi cette porte ou je frappe en pleurant

La vie est variable aussi bien que l'Euripe


El viajero

A Fernand Fleuret

Abridme esta puerta donde llamo llorando

La vida es tan variable como el Euripo

Mirabas un tropel de nubes bajando
Con el navío huérfano hacia las fiebres futuras
Y de todas estas añoranzas de todos estos arrepentimientos
¿Te acuerdas?

Vagos peces arqueados flores submarinas
Una noche era el ma
lY los ríos ahí se derramaban

Me acuerdo me acuerdo aún

Una noche entré en un albergue triste
Cerca de Luxemburgo
En el fondo de la sala levantaba el vuelo un Cristo
Alguien tenía un hurón
Otro un erizo
Se jugaba a las cartas
Y tú me habías olvidado
¿Te acuerdas del largo orfanato de las estaciones?
cruzamos ciudades que giraban todo el tiempo
Y vomitaban de noche el sol de los días

Oh marineros oh mujeres sombrías y vosotros compañeros míos
Acordaros

Dos marineros que nunca se habían separado
Dos marineros que nunca se habían hablado
El más joven muriéndose cayo de costado

Oh vosotros queridos compañeros
Timbres eléctricos de las estaciones canto de las segadoras
Trineo del carnicero regimiento de las calles sin nombre
Caballería de los puentes noches lívidas del alcohol
Las ciudades que he visto vivían como locas

¿Te acuerdas de los suburbios y del rebaño quejumbroso de los paisajes?

Los cipreses proyectaban bajo la luna sus sombras
Aquella noche yo escuchaba el declive del verano
Un pájaro lánguido y siempre irritado
Y el ruido eterno de un río ancho y oscuro

Pero mientras moribundas rodaban hacia el estuario
Todas las miradas todas las miradas de todos los ojos
Las orillas estaban desiertas llenas de hierbas silenciosas
Y la montaña en la otra ribera era muy clara.

Entonces sin ruido sin que se pueda ver nada vivo
Contra el monte pasaron sombras vivaces
De perfil o de repente girando sus vagos rostros
Y levantando la sombra de sus lanzas hacia delante

Las sombras contra el monte perpendicular
Crecían o a veces bajaban bruscamente
Y esas sombras barbudas lloraban humanamente
Deslizándose paso a paso sobre la montaña clara

¿A quién reconoces sobre esas viejas fotografías?
¿Te acuerdas del día donde una abeja cayó en el fuego?
Era ¿te acuerdas? al final del verano
Dos marineros que nunca se habían separado
El mayor llevaba al cuello una cadena de hierro
El más joven peinaba su pelo rubio en forma de trenza

Abridme esta puerta donde llamo llorando

La vida es tan variable como el Euripo

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posted by Alfil @ 3:20 AM   1 comments
Guillaume Apollinaire -Vendemiaire-
Vendemiaire
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Hommes de l'avenir souvenez-vous de moi
Je vivais à l'époque où finissaient les rois
Tour à tour ils mouraient silencieux et tristes
Et trois fois courageux devenaient trismégistes

Que Paris était beau à la fin de septembre
Chaque nuit devenait une vigne où les pampres
Répandaient leur clarté sur la ville et là-haut
Astres mûrs becquetés par les ivres oiseaux
De ma gloire attendaient la vendange de l'aube

Un soir passant le long des quais déserts et sombres
En rentrant à Auteuil j'entendis une voix
Qui chantait gravement se taisant quelquefois
Pour que parvînt aussi sur les bords de la Seine
La plainte d'autres voix limpides et lointaines

Et j'écoutai longtemps tous ces chants et ces cris
Qu'éveillait dans la nuit la chanson de Paris

J'ai soif villes de France et d'Europe et du monde
Venez toutes couler dans ma gorge profonde
Je vis alors que déjà ivre dans la vigne
Paris Vendangeait le raisin le plus doux de la terre
Ces grains miraculeux qui aux treilles chantèrent

Et Rennes répondit avec Quimper et Vannes
Nous voici ô Paris Nos maisons nos habitants
Ces grappes de nos sens qu'enfanta le soleil
Se sacrifient pour te désaltérer trop avide merveille
Nous t'apportons tous les cerveaux les cimetières les murailles
Ces berceaux pleins de cris que tu n'entendras pas
Et d'amont en aval nos pensées ô rivières
Les oreilles des écoles et nos mains rapprochées
Aux doigts allongés nos mains les clochers
Et nous t'apportons aussi cette souple raison
Que le mystère clôt comme une porte la maison
Ce mystère courtois de la galanterie
Ce mystère fatal fatal d'une autre vie
Double raison qui est au-delà de la beauté
Et que la Grèce n'a pas connue ni l'Orient
Double raison de la Bretagne où lame à lame
L'océan châtre peu à peu l'ancien continent

Et les villes du Nord répondirent gaiement

Ô Paris nous voici boissons vivantes
Les viriles cités où dégoisent et chantent
Les métalliques saints de nos saintes usines
Nos cheminées à ciel ouvert engrossent les nuées
Comme fit autrefois l'Ixion mécanique
Et nos mains innombrables
Usines manufactures fabriques mains
Où les ouvriers nus semblables à nos doigts
Fabriquent du réel à tant par heure
Nous te donnons tout cela

Et Lyon répondit tandis que les anges de Fourvières
Tissaient un ciel nouveau avec la soie des prières

Désaltère-toi Paris avec les divines paroles
Que mes lèvres le Rhône et la Saône murmurent
Toujours le même culte de sa mort renaissant
Divise ici les saints et fait pleuvoir le sang
Heureuse pluie ô gouttes tièdes ô douleur
Un enfant regarde les fenêtres s'ouvrir
Et des grappes de têtes à d'ivres oiseaux s'offrir

Les villes du Midi répondirent alors

Noble Paris seule raison qui vis encore
Qui fixes notre humeur selon ta destinée
Et toi qui te retires Méditerranée
Partagez-vous nos corps comme on rompt des hosties
Ces très hautes amours et leur danse orpheline
Deviendront ô Paris le vin pur que tu aimes

Et un râle infini qui venait de Sicile
Signifiait en battement d'ailes ces paroles

Les raisins de nos vignes on les a vendangés
Et ces grappes de morts dont les grains allongés
Ont la saveur du sang de la terre et du sel
Les voici pour ta soif ô Paris sous le ciel
Obscurci de nuées faméliques
Que caresse Ixion le créateur oblique
Et où naissent sur la mer tous les corbeaux d'Afrique
Ô raisins Et ces yeux ternes et en famille
L'avenir et la vie dans ces treilles s'ennuyent

Mais où est le regard lumineux des sirènes
Il trompa les marins qu'aimaient ces oiseaux-là
Il ne tournera plus sur l'écueil de Scylla
Où chantaient les trois voix suaves et sereines

Le détroit tout à coup avait changé de face
Visages de la chair de l'onde de tout
Ce que l'on peut imaginer
Vous n'êtes que des masques sur des faces masquées

Il souriait jeune nageur entre les rives
Et les noyés flottant sur son onde nouvelle
Fuyaient en le suivant les chanteuses plaintives
Elles dirent adieu au gouffre et à l'écueil
À leurs pâles époux couchés sur les terrasses
Puis ayant pris leur vol vers le brûlant soleil
Les suivirent dans l'onde où s'enfoncent les astres

Lorsque la nuit revint couverte d'yeux ouverts
Errer au site où l'hydre a sifflé cet hiver
Et j'entendis soudain ta voix impérieuse
Ô Rome
Maudire d'un seul coup mes anciennes pensées
Et le ciel où l'amour guide les destinées

Les feuillards repoussés sur l'arbre de la croix
Et même la fleur de lys qui meurt au Vatican
Macèrent dans le vin que je t'offre et qui a
La saveur du sang pur de celui qui connaît
Une autre liberté végétale dont tu
Ne sais pas que c'est elle la suprême vertu

Une couronne du trirègne est tombée sur les dalles
Les hiérarques la foulent sous leurs sandales
Ô splendeur démocratique qui pâlit
Vienne la nuit royale où l'on tuera les bêtes
La louve avec l'agneau l'aigle avec la colombe
Une foule de rois ennemis et cruels
Ayant soif comme toi dans la vigne éternelle
Sortiront de la terre et viendront dans les airs
Pour boire de mon vin par deux fois millénaire

La Moselle et le Rhin se joignent en silence
C'est l'Europe qui prie nuit et jour à Coblence
Et moi qui m'attardais sur le quai à Auteuil
Quand les heures tombaient parfois comme les feuilles
Du cep lorsqu'il est temps j'entendis la prière
Qui joignait la limpidité de ces rivières

Ô Paris le vin de ton pays est meilleur que celui
Qui pousse sur nos bords mais aux pampres du nord
Tous les grains ont mûri pour cette soif terrible
Mes grappes d'hommes forts saignent dans le pressoir
Tu boiras à longs traits tout le sang de l'Europe
Parce que ru es beau et que seul tu es noble
Parce que c'est dans toi que Dieu peut devenir
Et tous mes vignerons dans ces belles maisons
Qui reflètent le soir leurs feux dans nos deux eaux
Dans ces belles maisons nettement blanches et noires
Sans savoir que tu es la réalité chantent ta gloire
Mais nous liquides mains jointes pour la prière
Nous menons vers le sel les eaux aventurières
Et la ville entre nous comme entre des ciseaux
Ne reflète en dormant nul feu dans ses deux eaux
Dont quelque sifflement lointain parfois s'élance
Troublant dans leur sommeil les filles de Coblence

Les villes répondaient maintenant par centaines
Je ne distinguais plus leurs paroles lointaines
Et Trèves la ville ancienne
À leur voix mêlait la sienne
L'univers tout entier concentré dans ce vin
Qui contenait les mers les animaux les plantes
Les cités les destins et les astres qui chantent
Les hommes à genoux sur la rive du ciel
Et le docile fer notre bon compagnon
Le feu qu'il faut aimer comme on s'aime soi-même
Tous les fiers trépassés qui sont un sous mon front
L'éclair qui luit ainsi qu'une pensée naissante
Tous les noms six par six les nombres un à un
Des kilos de papier tordus comme des flammés
Et ceux-là qui sauront blanchir nos ossements
Les bons vers immortels qui s'ennuient patiemment
Des armées rangées en bataille
Des forêts de crucifix et mes demeures lacustres
Au bord des yeux de celle que j'aime tant
Les fleurs qui s'écrient hors de bouches
Et tout ce que je ne sais pas dire
Tout ce que je ne connaîtrai jamais
Tout cela tout cela changé en ce vin pur
Dont Paris avait soif
Me fut alors présenté

Actions belles journées sommeils terribles
Végétation Accouplements musiques éternelles
Mouvements Adorations douleur divine
Mondes qui vous ressemblez et qui nous ressemblez
Je vous ai bus et ne fus pas désaltéré

Mais je connus dès lors quelle saveur a l'univers

Je suis ivre d'avoir bu tout l'univers
Sur le quai d'où je voyais l'onde couler et dormir les bélandres

Écoutez-moi je suis le gosier de Paris
Et je boirai encore s'il me plaît l'univers

Écoutez mes chants d'universelle ivrognerie

Et la nuit de septembre s'achevait lentement
Les feux rouges des ponts s'éteignaient dans la Seine
Les étoiles mouraient le jour naissait à peine


Vendimiador

Hombres del porvenir acordaos de mí
Yo viví la época del fin de los reyes
Uno tras otro morían silenciosos y tristes
Y triplicado su coraje convertíanse en trimegistos

Qué bella París a finales de septiembre
Cada noche era una viña donde los pámpanos
Derramaban su transparencia sobre la ciudad y en lo alto
Astros maduros picoteados por los pájaros ebrios
De mi gloria esperaban la vendimia del alba

Una tarde al pasar a lo largo de los muelles desiertos y sombríos
De regreso a Autevil escuché una voz
Que cantaba gravemente acallándose a veces
Para que se elevase también sobre las orillas del Sena
El lamento de otras voces nítidas y lejanas

Y escuché largamente todos esos cantos y clamores
Que despertaban en la noche la canción de París

Tengo sed ciudades de Francia y de Europa y del Mundo
Venid todas a verter en mi garganta profunda
Vivo cuando ya ebria en la viña París
Vendimiaba la uva más dulce de la tierra
Esos granos milagrosos que cantan en las parras

Y Rennes respondió con Quimper y Vannes
Henos aquí oh París Nuestras casas nuestros habitantes
Estos racimos de nuestros sentidos que da a luz el sol
Se sacrifican para saciarte ávida maravilla
Te ofrendamos todos los cerebros los cementerios las murallas
Esas cunas colmadas de gritos que no escucharás
Y de la fuente al estuario nuestros pensamientos oh ríos
Los oídos de las escuelas y nuestras manos reconciliadas
De dedos alargados nuestras manos los campanarios
Y te ofrendamos además esta dócil razón
Que el misterio clausura como una puerta la casa
Ese misterio cortés de la galantería
Ese misterio fatal fatal de otra vida
Doble razón más allá de la belleza
Que no conocieron ni el Oriente ni Grecia
Doble razón de la Bretaña donde ola tras ola
El océano va a pocos castrando el viejo continente

Y las ciudades del norte respondieron jubilosas

Oh París henos aquí vivos licores
Ciudades viriles donde parlotean y cantan
Los santos metálicos de nuestras santas fábricas
Nuestras chimeneas al cielo abierto engrasan los nubarrones
Como una vez el Ixion mecánico
Y nuestras manos incontables
Factorías manufacturas fábricas manos
Donde los obreros desnudos semejantes a nuestros dedos
Fabrican en efectivo a tanto la hora
Todo eso te damos

Y Lyon respondió mientras los ángeles de Fourvières
Tejían un cielo nuevo con la seda de las plegarias

Sacíate París con las divinas palabras
Que mis labios el Ródano y Saoma murmuran
Siempre el mismo culto de su muerte renaciente
Aquí divide a los santos y hace llover la sangre
Afortunada lluvia oh gotas tibias oh dolor
Un niño ve abrirse las ventanas
Y ofrecerse racimos de cabezas de pájaros ebrios

Las ciudades del Mediodía entonces respondieron

Noble París única razón que aún vives
Que fijas nuestro carácter a tu destino
Y tú replegándote Mediterráneo
Partid nuestros cuerpos como se quiebran las hostias
Esos sublimes amores y su danza huérfana
Se convertirán oh París en el vino puro que amas

Y un estertor infinito que venía de Sicilia
Daba en un batir de alas significado a estas palabras

Las uvas de nuestras viñas fueron cosechadas
Y esos racimos de muertos cuyas semillas alargadas
Llevan el sabor de la sangre de la tierra y de la sal
Aquí están para tu sed oh París bajo el cielo
Obscurecida de nubarrones famélicos
Que acaricia Ixion el creador oblicuo
Y donde nacen sobre el mar todos los cuervos de África
Oh uvas y estos ojos apagados y familiares
El porvenir y la vida se aburren en esas parras

Pero dónde está la mirada luminosa de las sirenas
Engañó a los marinos que amaban a esos pájaros
Ya no revoloteará en el escollo de Escila
Donde cantan las tres voces suaves y serenas

El estrecho de pronto había cambiado el semblante
Rostros de carne de honda de todo
Lo imaginable
No sois sino máscaras sobre rostros maquillados

Él sonrió joven nadador entre las orillas
Y los ahogados flotando sobre su nueva ola
Huían perseguidos por las cantoras quejumbrosas
Dijéronle adiós al remolino y los arrecifes
A sus pálidas esposas inclinadas en las terrazas
Luego de haber emprendido el vuelo hacia el sol ardiente
Siguiéronles en la onda donde se sumergen los astros

Cuando regresó la noche nublada de ojos abiertos
Vagar hasta el paraje donde silbó la hidra este invierno
Y escuché de repente tu voz imperiosa
Oh Roma
Maldecir de un golpe mis viejos pensamientos
Y el cielo donde el amor guía los destinos

Los retoños de varas sobre el árbol de la cruz
Y hasta la flor de lis que muere en el Vaticano
Fermentan en el vino que te ofrezco y que tiene
El sabor de la sangre pura de aquel que conoce
Otra libertad vegetal de la cuál
No sabes que es esta su suprema virtud

Una corona de la tiara cayó sobre las losas
Los jerarcas la aplastan bajo sus sandalias
Oh esplendor democrático que palidece
Viene la noche real donde se sacrificarán las bestias
La loba con el cordero el águila con la paloma
Una turba de reyes enemigos y crueles
Sedientos como tú en la viña eterna
Se desprenderán de la tierra y vendrán por los aires
A beber de mi vino dos veces milenario

El Mosela y el Rhin se unen en silencio
Es Europa que reza noche y día en Coblenza
Y yo que me demoraba en el muelle de Autevil
Cuando a veces caían las horas como las flores
De la cepa a su tiempo escuché la plegaria
Que se unía a la claridad de estos ríos

Oh París el vino de tu país es mejor que aquél
Que se abre camino en nuestros bordes pero en los pámpanos del Norte
Todos los granos murieron de esta sed terrible
Mis racimos de hombres fuertes sangran en el lagar
Beberás en largos sorbos toda la sangre de Europa
Porque sólo tú eres noble y bella
Porque es en ti que puede Dios manifestarse
Y todos mis viñadores en esas bellas casas
Que a la tarde reflejan sus fuegos en nuestras dos aguas
En esas bellas casas nítidamente blancas y negras
Cantan tu gloria sin saber que tú eres la realidad
Pero nosotros líquidas manos que se unen para la plegaria
Nosotros guiamos hacia la sal las aguas aventureras
Y la ciudad entre nosotros como entre tijeras
No refleja durmiendo ningún fuego en sus dos aguas
De las cuáles algún lejano silbido a veces se eleva
Trastornando en su sueño a las muchachas de Coblenza

Las ciudades respondían ahora por centenas
Ya no distinguía sus palabras lejanas
Y Treves la ciudad anciana
Mezclaba a estas otras su voz
Concentrado en este vino el Universo entero
Que contenía los mares los animales las plantas
Las ciudades los destinos y los astros que cantan
Los hombres arrodillados en la orilla del cielo
Y el dócil hierro nuestro fiel compañero
El fuego que hay que amar como se ama a sí mismo
Todos los altivos difuntos que bajo mi frente son uno
El relámpago que brilla como un pensamiento que nace
Todos los nombres seis por seis los números uno a uno
Kilos de papel torcido como llamas
Y aquellos que sabrán blanquear nuestra osamenta
Los buenos versos inmortales que se aburren de paciencia
Ejércitos dispuestos para la batalla
Bosques de crucifijos y mis lacustres moradas
Al borde de los ojos de aquella que amo tanto
Las flores que de las bocas salen gritando
Y todo eso que no sé decir
Todo eso que jamás conoceré
Todo aquello todo aquello en ese vino puro transformado
Del que París tenía sed
Me fue entonces presentado

Acciones bellas jornadas sueños terribles
Vegetación acoplamiento músicas eternas
Movimientos adoraciones dolor divino
Mundos que os agrupáis y que se nos asemejan
He bebido de vosotros y no he sido saciado

Pero desde entonces conocí aquel sabor de universo

Ebrio estoy de haber bebido todo el universo
sobre el muelle donde veía la onda correr y dormir las balandras

Escuchadme soy el gaznate de París
Y si me place beberé aún del universo

Escuchad mis cantos de borrachera universal

Y la noche de septiembre se consumía lentamente
Morían las estrellas y apenas nacía la mañana
Se apagaban en el Sena los fuegos rojos de los puentes

Versión de David Horta Pimentel

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posted by Alfil @ 3:18 AM   0 comments
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