Guillaume Apollinaire -Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée- |
jeudi, mai 25, 2006 |
Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)
À Élémir Bourges
Le chat Je souhaite dans ma maison : Une femme ayant sa raison, Un chat passant parmi les livres, Des amis en toute saison Sans lesquels je ne peux pas vivre.
Le lion Ô lion, malheureuse image Des rois chus lamentablement, Tu ne nais maintenant qu'en cage À Hambourg, chez les Allemands.
Le lièvre Ne sois pas lascif et peureux Comme le lièvre et l'amoureux. Mais que toujours ton cerveau soit La hase pleine qui conçoit.
Le lapin Je connais un autre connin Que tout vivant je voudrais prendre. Sa garenne est parmi le thym Des vallons du pays de Tendre.
La souris Belles journées, souris du temps, Vous rongez peu à peu ma vie. Dieu ! Je vais avoir vingt-huit ans Et mal vécus, à mon envie.
L'éléphant Comme un éléphant son ivoire, J'ai en bouche un bien précieux. Pourpre mort !... J'achète ma gloire Au prix des mots mélodieux.
La mouche Nos mouches savent des chansons Que leur apprirent en Norvège Les mouches ganiques qui sont Les divinités de la neige.
Le poulpe Jetant son encre vers les cieux, Suçant le sang de ce qu'il aime Et le trouvant délicieux, Ce monstre inhumain, c'est moi-même.
La méduse Méduses, malheureuses têtes Aux chevelures violettes Vous vous plaisez dans les tempêtes, Et je m'y plais comme vous faites.
Le hibou Mon pauvre cœur est un hibou Qu'on cloue, qu'on décloue, qu'on recloue. De sang, d'ardeur, il est à bout. Tous ceux qui m'aiment, je les loue.
La chèvre du Thibet Les poils de cette chèvre et même Ceux d'or pour qui prit tant de peine Jason, ne valent rien au prix Des cheveux dont je suis épris.
Le cheval Mes durs rêves formels sauront se chevaucher, Mon destin au char d'or sera ton beau cocher Qui pour rênes tiendrz tendus à frénésie, Mes vers, les parangons de toute poésie.
El Bestiario o Cortejo de Orfeo
El dromedario Teniendo cuatro dromedarios Don Pedro de Alfarubeira Fue por el mundo y lo admiró. Él hizo lo que hiciera yo Teniendo cuatro dromedarios.
La cabra del Tibet Los pelos de esta cabra, y esos Dorados, el embeleso De Jasón, nada son al lado De los que me han enamorado.
La langosta Es esta la esbelta langosta, El alimento de San Juan; Ojalá mis versos, como ella, De buenas gentes sea el pan.
El delfín Delfines, jugáis en el mar, Pero las olas son amargas. ¿A veces brota mi alegría? La vida es siempre despiadada.
El cangrejo Incertidumbre, iremos lejos y alegres, sin volver jamás, Así como van los cangrejos; De para atrás... de para atrás...
La carpa En los estanques y en las charcas, Cuánto tiempo vivís, ¡áh carpas! ¿Acaso la muerte os olvida, Peces de la melancolía?
Versión de Otto de GreiffLibellés : Guillaume Apollinaire |
posted by Alfil @ 6:33 PM |
|
1 Comments: |
-
Le Bestiaire
Le dromadaire Avec ses quatre dromadaires Don Pedro d'Alfaroubeira Courut le monde et l'admira. Il fit ce que je voudrais faire Si j'avais quatre dromadaires.
La chèvre du Thibet Les poils de cette chèvre et même Ceux d'or pour qui prit tant de paine Jason, ne valent rien au prix Des cheveux dont je suis épris.
La sauterelle Voici la fine sauterelle, La nourriture de saint Jean. Puissant mes vers être comme elle, Le régal des meilleures gens.
Le Dauphin Dauphins, vous jouez dans la mer, Mais le flot est toujours amer. Parfois, ma joie éclate-t-elle? La vie est encore cruelle.
L'écrevisse Incertitude, ô mes délices Vous et moi nous nous en allons Comme s'en vont les écrevisses, À reculons, à reculons.
La Carpe Dans vos viviers, dans vos étangs, Carpes, que vous vivez longtemps ! Est-ce que la mort vous oublie, Poissons de la mélancolie.
Le Bestiaire
El dromedario Con sus cuatro dromedarios Don Pedro de la Albufera Recorrió el mundo y lo admiró. Hizo lo que yo hiciera De tener cuatro dromedarios.
La cabra del Tibet Los pelos de esta cabra, incluso Aquellos de oro que dieron tanto trabajo A Jasón, nada valen si se comparan Con los cabellos de los que estoy prendado.
El saltamontes He aquí el delicado saltamontes, El alimento de San Juan. Puedan mis versos ser como él, Regalo de los mejores.
El delfín Delfines, jugáis en el mar, Pero la marea es siempre amarga. Mi dicha ¿a veces estalla? Vivir sigue siendo cruel.
El cangrejo Incertidumbre, oh delicias Vosotras y yo nos marchamos Como se van los cangrejos, A reculones, a reculones.
La carpa En los viveros, vuestros estanques, Carpas, ¡vivís mucho tiempo! ¿Es que la muerte os olvida? Pescados de la melancolía.
|
|
<< Home |
|
|
|
Le Bestiaire
Le dromadaire
Avec ses quatre dromadaires
Don Pedro d'Alfaroubeira
Courut le monde et l'admira.
Il fit ce que je voudrais faire
Si j'avais quatre dromadaires.
La chèvre du Thibet
Les poils de cette chèvre et même
Ceux d'or pour qui prit tant de paine
Jason, ne valent rien au prix
Des cheveux dont je suis épris.
La sauterelle
Voici la fine sauterelle,
La nourriture de saint Jean.
Puissant mes vers être comme elle,
Le régal des meilleures gens.
Le Dauphin
Dauphins, vous jouez dans la mer,
Mais le flot est toujours amer.
Parfois, ma joie éclate-t-elle?
La vie est encore cruelle.
L'écrevisse
Incertitude, ô mes délices
Vous et moi nous nous en allons
Comme s'en vont les écrevisses,
À reculons, à reculons.
La Carpe
Dans vos viviers, dans vos étangs,
Carpes, que vous vivez longtemps !
Est-ce que la mort vous oublie,
Poissons de la mélancolie.
Le Bestiaire
El dromedario
Con sus cuatro dromedarios
Don Pedro de la Albufera
Recorrió el mundo y lo admiró.
Hizo lo que yo hiciera
De tener cuatro dromedarios.
La cabra del Tibet
Los pelos de esta cabra, incluso
Aquellos de oro que dieron tanto trabajo
A Jasón, nada valen si se comparan
Con los cabellos de los que estoy prendado.
El saltamontes
He aquí el delicado saltamontes,
El alimento de San Juan.
Puedan mis versos ser como él,
Regalo de los mejores.
El delfín
Delfines, jugáis en el mar,
Pero la marea es siempre amarga.
Mi dicha ¿a veces estalla?
Vivir sigue siendo cruel.
El cangrejo
Incertidumbre, oh delicias
Vosotras y yo nos marchamos
Como se van los cangrejos,
A reculones, a reculones.
La carpa
En los viveros, vuestros estanques,
Carpas, ¡vivís mucho tiempo!
¿Es que la muerte os olvida?
Pescados de la melancolía.