Poemas en Francés





TRADUTTORE TRADITORE

Acerca de
Poemas en Francés es un blog que pretende acercar poemas de lengua francesa al castellano
Frases
"Por principio, toda traducción es buena. En cualquier caso, pasa con ellas lo que con las mujeres: de alguna manera son necesarias, aunque no todas son perfectas"

Augusto Monterroso

-La palabra mágica-

"Es imposible traducir la poesía. ¿Acaso se puede traducir la música?"

Voltaire

"La traducción destroza el espíritu del idioma"

Federico Garcí­a Lorca
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Jacques Prevert -Cheveux noirs...-
mardi, novembre 02, 2004
Cheveux noirs...
Jacques Prévert (1900 - 1977)

à Florence

Cheveux noirs cheveux noirs
caressés par les vagues
cheveux noirs cheveux noirs
décoiffés par le vent
Le brouillard de septembre
flotte derrière les arbres
le soleil est un citron vert
Et la Misère
dans sa voiture vide
traînée par trois enfants trop blonds
traverse les décombres
et s'en va vers la mer
Cheveux noirs cheveux noirs
caressés par les vagues
cheveux noirs cheveux noirs
décoiffés par le vent
(...)


Cabellos negros

a Florence

Cabellos negros cabellos negros
acariciados por las olas
cabellos negros cabellos negros
despeinados por el viento
La niebla de septiembre
flota detrás de los árboles
el sol es un limón verde
Y la miseria
en su coche vacío
del que tiran tres niños muy rubios
atraviesa las ruinas
y marcha hacia el mar
Cabellos negros cabellos negros
acariciados por las olas
cabellos negros cabellos negros
despeinados por el viento
(...)

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Jacques Prevert -Le cancre-
Le cancre
Jacques Prévert (1900 - 1977)

Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le coeur
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
Et tous les problèmes sont posés
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les chiffres et les mots
Les dates et les noms
Les phrases et les pièges
Et malgré les menaces du maître
Sous les huées des enfants prodiges
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur.


El escolar perezoso

Dice no con la cabeza
pero dice sí con el corazón
dice sí a lo que quiere
dice no al profesor
está de pie
lo interrogan
le plantean todos los problemas
de pronto estalla en carcajadas
y borra todo
los números y las palabras
los datos y los nombres
las frases y las trampas
y sin cuidarse de la furia del maestro
ni de los gritos de los niños prodigios
con tizas de todos los colores
sobre el pizarrón del infortunio
dibuja el rostro de la felicidad.

Versión de Aldo Pellegrini

Libellés :

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Jacques Prevert -La grasse matinée-
La grasse matinée
Jacques Prévert (1900 - 1977)

Il est terrible
Le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain
Il est terrible ce bruit
Quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim
Elle est terrible aussi dans la tête de l'homme
La tête de l'homme qui a faim
Quand il se regarde à six heures du matin
Dans la glace du grand magasin
Une tête couleur de poussière
Ce n'est pas sa tête pourtant qu'il regarde
Dans la vitrine de chez Potin
Il s'en fout de sa tête l'homme
Il n'y pense pas
Il songe
Il imagine une autre tête
Une tête de veau par exemple
Avec une sauce de vinaigre
Ou une tête de n'importe quoi qui se mange
Et il remue doucement la mâchoire
Doucement
Et il grince des dents doucement
Car le monde se paye sa tête
Et il ne peut rien contre ce monde
Et il compte sur ses doigts un deux trois
Un deux trois
Cela fait trois jours qu'il n'a pas mangé
Et il a beau se répéter depuis trois jours
Ca ne peut pas durer
Ca dure
Trois jours
Trois nuits
Sans manger
Et derrière ces vitres
Ces pâtés ces bouteilles ces conserves
Poissons morts protégés par les boîtes
Boîtes protégées par les vitres
Vitres protégées par les flics
Flics protégés par la crainte
Que de barricades pour six malheureuses sardines..
Un peu plus loin le bistrot
Café-crême et croissants chauds
L'homme titube
Et dans l'intérieur de sa tête
Un brouillard de mots
Un brouillard de mots
Sardines à manger
Oeuf dur café-crème
Café arrosé rhum
Café-crème
Café-crème
Café-crime arrosé sang !...
Un homme très estimé dans son quartier
a été égorgé en plein jour
L'assassin le vagabond lui a volé
Deux francs
Soit un café arrosé
Zéro franc soixante-dix
Deux tartines beurrées
Et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon.

Il est terrible
le petit bruit de l'oeuf dur
cassé sur un comptoir d'étain
il est terrible ce brui
tquand il remue dans la mémoire
de l'homme qui a faim


Antes de mediodia

Es terrible
el leve ruido del huevo duro al ser cascado contra el
estaño de un mostrador
es terrible ese ruido
cuando resuena en la memoria de un hombre que
pasa hambre
es terrible también la cabeza del hombre
la cabeza del hombre que pasa hambre
cuando a las seis de la mañana ve
en el cristal de una gran tienda
una cabeza del color del polvo
sin embargo no es su cabeza lo que ve
en la vidriera de Potin
su cabeza de hombre le importa un bledo
ni se acuerda de ella
sueña
imagina otra cabeza
por ejemplo una cabeza de ternera
con salsa vinagreta
o una cabeza de lo que sea con tal de que sea comestible
y mueve suavemente las mandíbulas
suavemente
y hace rechinar los dientes suavemente
pues el mundo ni lo tiene en cuenta
y él nada puede contra ese mundo
y cuenta con los dedos uno dos tres
es decir tres días sin comer
y por más que se repita desde hace tres días
Esto no puede durar
esto dura
tres días
tres noches
sin comer
y detrás de esos vidrios
esos embutidos esas botellas esas conservas
pescados protegidos por latas
latas protegidas por vidrios
vidrios protegidos por esbirros
esbirros protegidos por el miedo
cuántas barreras por unas sardinas de mala suerte…
Algo más allá el cafetín
café-crema y bollos calientes
el hombre titubea
y en su cabeza
una niebla de palabras
una niebla de palabras
sardinas para comer
huevo duro café-crema
café con gotas de ron
café-crema
café-crema
¡café-crimen con gotas de sangre!
Un hombre muy estimado en su barrio
ha sido degollado en pleno día
el asesino el vagabundo le robó
dos francos
es decir un café con gotas de ron
cero franco setenta
dos rebanadas de pan con manteca
y veinticinco céntimos de propina para el mozo.

Es terrible
el leve ruido del huevo duro
cascado contra el estaño de un mostrador
es terrible ese ruido
cuando resuena en la memoria
de un hombre que pasa hambre.

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Jacques Prevert -L'orgue de barbarie-
L'orgue de barbarie
Jacques Prévert (1900 - 1977)

Moi je joue du piano
disait l'un
moi je joue du violon
disait l'autre
moi de la harpe moi du banjo
moi du violoncelle
moi du biniou... moi de la flûte
et moi de la crécelle.
Et les uns et les autres parlaient
parlaientparlaient de ce qu'ils jouaient
On n'entendait pas la musique
tout le monde parlait
parlait parlait
personne ne jouait
mais dans un coin un homme se taisait:
"Et de quel instrument jouez-vous Monsieur
qui vous taisez et qui ne dites rien?"
lui demandèrent les musiciens"
Moi je joue de l'orgue de Barbarie
et je joue du couteau aussi"
dit l'homme qui jusqu'ici
n'avait absolument rien dit
et puis il s'avança le couteau à la main
et il tua tous les musiciens
et il joua de l'orgue de Barbarie
et sa musique était si vraie
et si vivante et si jolie
que la petite fille du maître de la maison
sortit de dessous le piano
où elle était couchée
endormie par ennui
et elle dit:
"Moi je jouais au cerceau
à la balle au chasseur
je jouais à la marelle
je jouais avec un seau
je jouais avec une pelle
je jouais au papa et à la maman
je jouais à chat perché
je jouais avec mes poupées
je jouais avec une ombrelle
je jouais avec mon petit frèr
eavec ma petite soeur
je jouais au gendarme
et au voleur
mais c'est fini fini fini
je veux jouer à l'assassin
je veux jouer de l'orgue de Barbarie."
Et l'homme prit la petite fille par la main
et ils s'en allèrent dans les villes
dans les maisons dans les jardins
et puis ils tuèrent le plus de monde possible
après quoi ils se marièrent
et ils eurent beaucoup d'enfants.
Mais
l'aîné apprit le piano
le second le violon
le troisième la harpe
le quatrième la crécelle
le cinquième le violoncelle
et puis ils se mirent à parler parler
parler parler parler
on n'entendit plus la musique
et tout fut à recommencer!


El organillo


Yo toco el piano
decía uno
yo el violín
decía otro
yo el arpa yo el banjo
yo el violoncelo
yo la gaita... yo la flauta
y yo la matraca.
Y unos y otros hablaban hablaban
hablaban de sus instrumentos
No se oía la música
todos hablaban
hablaban hablaban
nadie tocaba
pero en un rincón un hombre se callaba:
"Qué instrumento toca usted señor
usted que calla y no dice nada?"
le preguntaron los músicos.
"Yo toco el organillo
y también toco el cuchillo"
dijo el hombre que hasta ese momento
no había dicho nada
y avanzó cuchillo en mano
y mató a todos los músicos
y tocó el organillo
y su música era tan real
tan bonita y tan viva
que la hija del dueño de la casa
salió de debajo del piano
donde se había quedado dormida de aburrimiento
y dijo:
"Yo tocaba un sueño
un árbol un gato un espejo
yo tocaba un leño
muy desparejo
yo tocaba un avestruz
yo tocaba un cuaderno
yo tocaba un arcabuz
yo tocaba un invierno
yo tocaba a mamá y a papá
yo tocaba dominó
sobre el sofá
pero esto se acabó se acabó se acabó
ahora quiero tocar a un asesino
quiero tocar el organillo."
Y el hombre tomó la pequeña de la mano
y cruzaron casas jardines ciudades
y mataron a cuanta gente pudieron
y después se casaron
y tuvieron muchos hijos
Pero
el mayor aprendió el piano
el segundo el violín
el tercero el arpa
el cuarto el banj
oel quinto el violoncelo
y después se pusieron a hablar hablar
hablar hablar hablar
la música ya no se oyó más
¡y todo volvió a empezar!

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posted by Alfil @ 2:32 PM   0 comments
Jacques Prevert -Combat avec l'ange-
Combat avec l'ange
Jacques Prévert (1900 - 1977)

A J.-B. Brunius

N'y va pas
tout est combiné d'avance
le match est truqué
et quand il apparaîtra sur le ring
environné d'eclairs de magnésium
ils entonneront à tue-tête le Te Deum
et avant même que tut te sois levé de ta chaise
ils te sonneront les cloches à toute volée
ils te jetteront à la figure l'éponge sacrée
et tu n'auras pas le temps de lui voler dans les plumes
il se jetteront sur toi
et il frappera au-dessous de la ceinture
et tut t'écrouleras
les bras stupidement en croix
dans la sciure
et jamais plus tu ne pourras faire l'amour.


El combate con el ángel

A J .-B. Brunius

No te metas
todo está combinado de antemano
el match está fraguado
y cuando él aparezca en el ring
envuelto en relampagueos de magnesio
entonarán a grito pelado el Te Deum
y antes de que te hayas levantado de tu asiento
te echarán a vuelo las campanas
te arrojarán a la cara
la esponja sagrada
y no tendrás tiempo de sacudirle las plumas
se arrojarán sobre ti
y él te castigará por debajo de la cintura
y te desplomarás
los brazos estúpidamente en cruz
sobre el aserrín
y nunca más podrás hacer el amor.

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Jacques Prevert -Le fusillé-
Le fusillé
Jacques Prévert (1900 - 1977)

Les fleurs les jardins les jets d'eau les sourires
Et la douceur de vivre
Un homme est là par terre et baigne dans son sang
Les souvenirs les fleurs les jets d'eau les jardins
Les rêves enfantins
Un homme est là par terre comme un paquet sanglant
Les fleurs les jets d'eau les jardins les souvenirs
Et la douceur de vivre
Un homme est là par terre comme un enfant dormant.


El fusilado

Las flores los jardines las fuentes las sonrisas
Y la alegría de vivir
Un hombre está caído y bañado en su sangre
Los recuerdos las flores las fuentes los jardines
Los sueños infantiles
Un hombre está caído como un bulto sangriento
Las flores las fuentes los jardines los recuerdos
Y la alegría de vivir
Un hombre está caído como un niño dormido.

Versión de Aldo Pellegrini

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posted by Alfil @ 1:56 PM   0 comments
Jacques Prevert -Et la fête continue-
Et la fête continue
Jacques Prévert (1900 - 1977)

Debout devant le zinc
Sur le coup de dix heures
Un grand plombier zingueur
Habillé en dimanche et pourtant c'est lundi
Chante pour lui tout seul
Chante que c'est jeudi
Qu'il n'ira pas en classe
Que la guerre est finie
Et le travail aussi
Que la vie est si belle
Et les filles si jolies
Et titubant devant le zinc
Mais guidé par son fil à plomb
Il s'arrête pile devant le patron
Trois paysans passeront et vous paieront
Puis disparaît dans le soleil
Sans régler les consommations
Disparaît dans le soleil tout en continuant sa chanson


Y la fiesta continúa

De pie ante el mostrador de estaño
A eso de las diez de la mañana
Un corpulento plomero hojalatero
Vestido de domingo a pesar de ser lunes
Canta para sí mismo
Canta que es jueves
Que no irá a la escuela
Que la guerra se acabó
Y el trabajo también
Que la vida es muy bella
Y las muchachas muy lindas
Y después de trastabillar ante el mostrador de estaño
Pero siguiendo el hilo de su plomada
Se planta firmemente ante el patrón
Tres paisanos vendrán y os pagarán
Después se aleja bajo los rayos del sol
Sin liquidar el gasto
Se aleja bajo los rayos del sol sin dejar de cantar su canción.

Libellés :

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Jacques Prevert -Où je vais, d'où je viens-
Où je vais, d'où je viens...
Jacques Prévert (1900 - 1977)

Où je vais, d'où je viens
Pourquoi je suis trempée.
Voyons, ça se voit bien.
Il pleut.
La pluie, c'est de la pluie
Je vais dessous, et puis,
Et puis c'est tout.
Passez votre chemin
Comme je passe le mien.
C'est pour mon plaisir
Que je patauge dans la boue.
La pluie, ça me fait rire.
Je ris de tout et de tout et de tout.
Si vous avez la larme facile
Rentrez plutôt chez vous,
Pleurez plutôt sur vous,
Mais laissez-moi,
Laissez-moi, laissez-moi , laissez-moi, laissez-moi.
Je ne veux pas entendre le son de votre voix,
Passez votre chemin
Comme je passe le mien.
Le seul homme que j'aimais,
c'est vous qui l'avez tué,
Matraqué, piétiné...
achevé.
J'ai vu son sang couler,
couler dans le ruisseau,
dans le ruisseau.
Passez votre chemin
comme je passe le mien.
L'homme que j'aimais
est mort, la tête dans la boue.
Ce que j'peux vous haïr,
vous haïr... c'est fou... c'est fou... c'est fou.
Et vous vous attendrissez sur moi,
vous êtes trop bons pour moi,
beaucoup trop bons, croyez-moi.

Vous êtes bons... bons comme le ratier est bon pour le rat...
mais un jour... un jour viendra où le rat vous mordra...
Passez votre chemin,
hommes bons... hommes de bien.


A dónde voy, de dónde vengo...

¿A dónde voy?, ¿de dónde vengo?,
¿Por qué estoy mojado?
Veamos, esto se ve bien.
Llueve.
La lluvia es por la lluvia.
Voy abajo, y después,
después eso es todo.
Seguid vuestro camino
como yo sigo el mío.
Porque me gusta
chapoteo en el barro.
La lluvia, me hace reír.
Me río absolutamente de todo.
Si lloráis por cualquier cosa
mejor quedaos en vuestra casa,
llorad por vosotros,
pero dejadme.
Dejadme, dejadme, dejadme, dejadme.
No quiero oír el sonido de vuestra voz,
seguid vuestro camino
como yo sigo el mío.
El único hombre que amaba,
me lo habéis matado,
aporreado, pisoteado...rematado.
He visto su sangre correr,
correr en el arroyo.
Seguid vuestro camino
como yo sigo el mío.
El hombre que amabae
sta muerto, la cabeza en el barro.
Por esto puedo odiaros,
odiaros... es exagerado... exagerado... es exagerado.
Y os enterneceréis conmigo,
sois muy buenos para mí,
demasiado buenos, creedme.

Sois buenos, buenos como el perro ratonero es bueno parala rata…
pero un día… vendrá un día en que la rata os muerda…
Seguid vuestro camino,
hombres buenos… hombres de bien.

Libellés :

posted by Alfil @ 1:46 PM   0 comments
Jacques Prevert -Le grand homme-
Le grand homme
Jacques Prévert (1900 - 1977)

Chez une tailleur de pierre
où je l'ai rencontré
il faisait prendre ses mesures
pour la postérité.


El gran hombre

En la casa del tallista de piedra
donde lo conocí
se hizo tomar las medidas
para la posteridad.

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posted by Alfil @ 1:44 PM   0 comments
Jacques Prevert -Chez la fleuriste-
Chez la fleuriste
Jacques Prévert (1900 - 1977)

Un homme entre chez une fleuriste
et choisit des fleurs
la fleuriste enveloppe les fleurs
l'homme met la main à sa poche
pour chercher l'argent
l'argent pour payer les fleurs
mais il met en même temps
subitement
la main sur son cœur
et il tombe

En même temps qu'il tombe
l'argent roule à terre
et puis les fleurs tombent
en même temps que l'homme
en même temps que l'argent
et la fleuriste reste là
avec l'argent qui roule
avec les fleurs qui s'abîment
avec l'homme qui meurt
évidemment tout ça est très triste
et il faut qu'elle fasse quelque chose
la fleuriste
mais elle ne sait pas comment s'y prendre
elle ne sait pas
par quel bout commencer

Il y a tant de choses à faire
avec cet homme qui meurt
ces fleurs qui s'abîment
et cet argent
cet argent qui roule
qui n'arrête pas de rouler.


En la floristería

Un hombre entra en la floristería
y escoge unas flores
la florista las envuelve
el hombre se lleva la mano al bolsillo
para buscar dinero
dinero para pagar las flores
pero al mismo tiempo se lleva
repentinamente
la mano al corazón
y cae

Al mismo tiempo que cae
el dinero cae al suelo
y también las flores caen
al mismo tiempo que el hombre
al mismo tiempo que el dinero
y la florista queda allí
ante el dinero que rueda
ante las flores que se estropean
ante el hombre que muerte
evidentemente todo esto es muy triste
y es necesario que la florista
haga algo
pero no sabe qué hacer
no sabe
por dónde comenzar

Hay tanto por hacer
con ese hombre que muere
esas flores que se marchitan
y ese dinero
ese dinero que rueda
que no deja de rodar.

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posted by Alfil @ 1:42 PM   0 comments
Jacques Prevert -Le chat et l'oiseau-
Le chat et l'oiseau
Jacques Prévert (1900 - 1977)

Un village écoute désolé
Le chant d'un oiseau blessé
C'est le seul oiseau du village
Et c'est le seul chat du village
Qui l'a à moitié dévoré
Et l'oiseau cesse de chanter
Le chat cesse de ronronner
Et de se lécher le museau
Et le village fait à l'oiseau
De merveilleuses funérailles
Et le chat qui est invité
Marche derrière le petit cercueil de paille
Où l'oiseau mort est allongé
Porté par une petite fille
Qui n'arrête pas de pleurer
Si j'avais su que cela te fasse tant de peine
Lui dit le chat
Je l'aurais mangé tout entier
Et puis je t'aurais raconté
Que je l'avais vu s'envoler
S'envoler jusqu'au bout du monde
Là-bas où c'est tellement loin
Que jamais on en revient
Tu aurais eu moins de chagrin
Simplement de la tristesse et des regrets

Il ne faut jamais faire les choses à moitié.


El gato y el pájaro

Un pueblo escucha desolado
el canto de un pájaro herido.
Es el único pájaro del pueblo
y es el único gato del pueblo
que lo ha devorado a medias.
Y el pájaro cesa de cantar
el gato cesa de ronronear
y de relamerse el hocico.
Y el pueblo le hace al pájaro
maravillosos funerales.
Y el gato que está invitado
marcha detrás del pequeño ataúd de paja
donde el pájaro muerto está estirado
llevado por una niñita
que no deja de llorar.
Si hubiera sabido que eso te daba tanta pena,
le dice el gato,
me lo hubiera comido del todo
y después te hubiera contado
que lo había visto volarse
volarse hasta el fin del mundo
allá donde es tan lejos
que nunca se vuelve.
Tu hubieras tenido menos pena
Simplemente tristeza y aflicción

Nunca hay que hacer las cosas a medias.

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posted by Alfil @ 1:37 PM   0 comments
Jacques Prevert -La pêche à la baleine-
La pêche à la baleine
Jacques Prévert (1900 - 1977)


À la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine,
Disait le père d'une voix courroucée
À son fils Prosper, sous l'armoire allongé,
À la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine,
Tu ne veux pas aller,
Et pourquoi donc ?
Et pourquoi donc que j'irais pêcher une bête
Qui ne m'a rien fait, papa,
Va la pêpé, va la pêcher toi-même,
Puisque ça te plaît,
J'aime mieux rester à la maison avec ma pauvre mère
Et le cousin Gaston.
Alors dans sa baleinière le père tout seul s'en est allé
Sur la mer démontée...
Voilà le père sur la mer,
Voilà le fils à la maison,
Voilà la baleine en colère,
Et voilà le cousin Gaston qui renverse la soupière,
La soupière au bouillon.
La mer était mauvaise,
La soupe était bonne.
Et voilà sur sa chaise Prosper qui se désole :
À la pêche à la baleine, je ne suis pas allé,
Et pourquoi donc que j'y ai pas été ?
Peut-être qu'on l'aurait attrapée,
Alors j'aurais pu en manger.
Mais voilà la porte qui s'ouvre, et ruisselant d'eau
Le père apparaît hors d'haleine,
Tenant la baleine sur son dos.
Il jette l'animal sur la table, une belle baleine aux yeux
bleus,
Une bête comme on en voit peu,
Et dit d'une voix lamentable :
Dépêchez-vous de la dépecer,
J'ai faim, j'ai soif, je veux manger.
Mais voilà Prosper qui se lève,
Regardant son père dans le blanc des yeux,
Dans le blanc des yeux bleus de son père,
Bleus comme ceux de la baleine aux yeux bleus :
Et pourquoi donc je dépècerais une pauvre bête qui m'a
rien fait ?
Tant pis, j'abandonne ma part.
Puis il jette le couteau par terre,
Mais la baleine s'en empare, et se précipitant sur le père
Elle le transperce de père en part.
Ah, ah, dit le cousin Gaston,
On me rappelle la chasse, la chasse aux papillons.
Et voilà
Voilà Prosper qui prépare les faire-part,
La mère qui prend le deuil de son pauvre mari
Et la baleine, la larme à l'oeil contemplant le foyer détruit.
Soudain elle s'écrie :
Et pourquoi donc j'ai tué ce pauvre imbécile,
Maintenant les autres vont me pourchasser en moto-godille
Et puis ils vont exterminer toute ma petite famille.
Alors éclatant d'un rire inquiétant,
Elle se dirige vers la porte et dit
À la veuve en passant :
Madame, si quelqu'un vient me demander,
Soyez aimable et répondez :
La baleine est sortie,
Asseyez-vous,
Attendez là,
Dans une quinzaine d'années, sans doute elle reviendra...


La pesca de la ballena

A pescar ballenas, a pescar ballenas,
Decía el padre con voz irritada
A Próspero, su hijo, acostado bajo el ropero,
A pescar ballenas, a pescar ballenas,
Tú no quieres ur,
¿Se puede saber por qué?
Y por qué, pregunto yo, habría de pescar
Un animal que no me ha hecho nada, papá,
Ve a la pesca, ve a pescarla tú,
Ya que esto no te gusta,
Yo prefiero quedarme en casa con mi pobre mamá
Y el primo Gastón.
El padre subió solo a la ballenera
Y se hizo al embravecido mar...
He aquí pues el padre en el mar,
El hijo en casa,
La ballena enfurecida,
Y el primo Gastón que vuelca
La sopera con el caldo.
El mar estaba malo,
La sopa estaba buena.
Y he aquí que Próspero
En su silla se lamenta:
A pescar ballenas yo no fui,
Quisiera saber por qué.
De haber atrapado una,
Hubiera podido comer ballena.
Pero he aquí que la puerta se abre, y empapado
Aparece el padre sin aliento,
Con la ballena al hombro.
Arroja sobre la mesa al animal, una hermosa ballena de ojos azules,
Un animal hermoso como pocos,
Y dice con lastimera voz:
Daos prisa en descuartizarla,
Tengo hambre, tengo sed, quiero comer.
Mas hete aquí que Próspero se levanta,
Mirando a su padre en el blanco de los ojos
El blanco de los ojos azules de su padre,
Azules como los de la ballena de ojos azules:
¿Y por qué habría de despedazar yo
A un pobre animal que no me ha hecho ningún daño?
Paciencia, renuncio a mi parte.
Y arroja el cuchillo al suelo,
Pero la ballena se apodera de él, y abalanzándose sobre el padre
Lo atraviesa de lado a lado.
Ah, ah, dice el primo Gastón,
Esto me recuerda la caza, la caza de mariposas.
Y allí tenéis
Allí tenéis a Próspero preparando las participaciones
A su madre enlutada por su pobre marido
Y a la ballena que contempla con lágrimas en los ojos
El hogar destruido.
DE pronto la ballena exclama:
Por qué he matado a ese pobre imbécil,
Ahora los demás van a perseguirme en motoras
Y exterminarán a toda mi pequeña familia.
Entonces, con inquietante risa,
Se dirige hacia la puerta y al pasar
Dice a la viuda:
Señora, si alguien pregunta por mí,
Sea amable conteste:
La ballena ha salido,
Tomen asiento,
Espérenla,
Dentro de quince años, sin duda volverá...

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Jacques Prevert -Je suis comme je suis-
Je suis comme je suis
Jacques Prévert (1900 - 1977)

Je suis comme je suis
Je suis faite comme ça
Quand j'ai envie de rire
Oui je ris aux éclats
J'aime celui qui m'aime
Est-ce ma faute à moi
Si ce n'est pas le même
Que j'aime chaque fois
Je suis comme je suis
Je suis faite comme ça
Que voulez-vous de plus
Que voulez-vous de moi

Je suis faite pour plaire
Et n'y puis rien changer
Mes talons sont trop hauts
Ma taille trop cambrée
Mes seins beaucoup trop durs
Et mes yeux trop cernés
Et puis après
Qu'est-ce que ça peut vous faire
Je suis comme je suis
Je plais à qui je plais
Qu'est-ce que ça peut vous faire
Ce qui m'est arrivé
Oui j'ai aimé quelqu'un
Oui quelqu'un m'a aimée
Comme les enfants qui s'aiment
Simplement savent aimer
Aimer aimer...
Pourquoi me questionner
Je suis là pour vous plaire
Et n'y puis rien changer.


Soy como soy

Soy como soy
Estoy hecha así
Cuando tengo ganas de reír
Me río a carcajadas
Amo al que me ama
Acaso es culpa mía
Que no sea siempre el mismo
El que amo en cada ocasión
Soy como soy
Estoy hecha así
Qué más pretendéis
Qué más queréis de mí

Estoy hecha para gustar
Y no hay nada que hacerle
Mis tacones son muy altos
Mi cuerpo muy erguido
Mis pechos muy firmes
Mis ojeras muy profundas
Pero después de todo
Qué puede importaros
Soy como soy
Gusto al que le gusto
Qué puede importaros
Lo que me sucedió
Si amé a alguien
Si alguien me amó
Como los niños que se aman
Simplemente saben amar
Amar amar…
Por qué hacerme preguntas
Estoy donde estoy para gustaros
Y no hay nada que hacerle.

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posted by Alfil @ 12:46 PM   0 comments
Jacques Prevert -Le droit chemin-
Le droit chemin
Jacques Prévert (1900 - 1977)

À chaque kilomètre
chaque année
des vieillards au front borné
indiquent aux enfants la route
d'un geste de ciment armé


El camino recto

A cada kilómetro
cada año
viejos muy limitados
señalan a los niños el camino
con un gesto de cemento armado

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posted by Alfil @ 11:56 AM   0 comments
Jacques Prevert -Cet amour-
Cet amour
Jacques Prévert (1900 - 1977)

Cet amour
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré
Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux
Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
Cet amour qui faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blémir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l'avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C'est le tien
C'est le mien
Celui qui a été
Cette chose toujours nouvelles
Et qui n'a pas changé
Aussi vraie qu'une plante
Aussi tremblante qu'un oiseau
Aussi chaude aussi vivante que l'été
Nous pouvons tous les deux
Aller et revenir
Nous pouvons oublier
Et puis nous rendormir
Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore
Rêver à la mort
Nous éveiller sourire et rire
Et rajeunir
Notre amour reste là
Têtu comme une bourrique
Vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire
Bête comme les regrets
Tendre comme le souvenir
Froid comme le marbre
Beau comme le jour
Fragile comme un enfant
Il nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
Et moi j'écoute en tremblant
Et je crie
Je crie pour toi
Je crie pour moi
Je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s'aiment
Et qui se sont aimés
Oui je lui crie
Pour toi pour moi et pour tous les autres
Que je ne connais pas
Reste là
Là où tu es
Là où tu étais autrefois
Reste là
Ne bouge pas
Ne t'en va pas
Nous qui sommes aimés
Nous t'avons oublié
Toi ne nous oublie pas
Nous n'avions que toi sur la terre
Ne nous laisse pas devenir froids
Beaucoup plus loin toujours
Et n'importe où
Donne-nous signe de vie
Beaucoup plus tard au coin d'un bois
Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain
Tends-nous la main
Et sauve-nous.


Este amor

Este amor
Tan violento
Tan frágil
Tan tierno
Tan desesperado
Este amor
Bello como el día
Y malo como el tiempo
Cuando hace mal tiempo
Este amor tan verdadero
Este amor tan hermoso
Tan feliz
Tan alegre
Y tan irrisorio
Temblando de miedo como un niño en la oscuridad
Y tan seguro de sí mismo
Como un hombre tranquilo en medio de la noche
Este amor que daba miedo a los otros
Que les hacía hablar
Que los hacía palidecer
Este amor acechado
Porque lo acechábamos
Acosado herido pisoteado rematado negado olvidado
Porque lo acosamos herimos pisoteamos rematamos negamos olvidamos
Este amor íntegro
Tan vivo aún
Y soleado
Es el tuyo
Es el mío
Ese que ha sido
Ese algo siempre nuevo
Y que no ha cambiado
Tan verdadero como una planta
Tan tembloroso como un pájaro
Tan cálido tan vivo como el verano
Juntos podemos los dos
Ir y venir
Podemos olvidar
Y después volvernos a dormir
Despertarnos envejecer sufrir
Volvernos a dormir
Soñar con la muerte
Despertarnos sonreír y reír
Y rejuvenecer
Nuestro amor sigue allí
Empecinado como un borrico
Vivo como el deseo
Cruel como la memoria
Ridículo como los arrepentimientos
Tierno como los recuerdos
Frío como el mármol
Hermoso como el día
Frágil como un niño
Nuestro amor nos mira sonriendo
Nos habla sin decir nada
Y yo lo escucho tembloroso
Y grito
Grito por ti
Grito por mí
Te suplico
Por ti por mí por todos los que se aman
Y los que se han amado
Si le grito
Por ti por mí y por todos los demás
Que no conozco
Quédate
Allí donde estas
Donde estabas antes
Quédate
No te muevas
No te vayas
Nosotros los que somos amados
Te hemos olvidado
Pero tú no nos olvides
Sólo te teníamos a ti sobre la tierra
No dejes que nos volvamos fríos
Aunque sea cada vez desde más lejos
Y desde donde sea
Danos señales de vida
Mucho más tarde desde el rincón de un bosque
En la selva de la memoria
Surgiendo de repente
Tiéndenos la mano
Y sálvanos.

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posted by Alfil @ 11:45 AM   0 comments
Jacques Prevert -Vous allez voir ce que vous allez voir-
Vous allez voir ce que vous allez voir
Jacques Prévert (1900 - 1977)

Une fille nue nage dans la mer
Un homme barbu marche sur l'eau
Où est la merveille des merveilles
Le miracle annoncé plus haut ?


Vereis lo que vereis

Una joven desnuda nada en el mar
Un hombre barbado anda sobre las aguas
¿Cuál es la maravilla de las maravillas,
el milagro enunciado arriba?

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posted by Alfil @ 11:40 AM   0 comments
Jacques Prevert -Sables mouvants-
Sables mouvants
Jacques Prévert (1900 - 1977)

Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déja la mer s'est retirée
Démons et merveilles
Vents et marées
Et toi
Comme une algue doucement carressée par le vent
Dans les sables du lit tu remues en revant
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déja la mer s'est retirée
Mais dans tes yeux entrouverts
Deux petites vagues sont restées
Démons et merveilles
Vents et marées
Deux petites vagues pour me noyer.


Arenas movedizas

Demonios y maravillas
Vientos y mareas
A lo lejos ya el mar se ha retirado
Y tú
Como un alga que el viento dulcemente acaricia
En las arenas del lecho te agitas soñando
Demonios y maravillas
Vientos y mareas
A lo lejos ya el mar se ha retirado
Pero en tus ojos entreabiertos
Dos diminutas olas se han quedado
Demonios y maravillas
Vientos y mareas
Dos diminutas olas para ahogarme

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posted by Alfil @ 7:06 AM   0 comments
Jacques Prevert -Chanson-
Chanson
Jacques Prévert (1900 - 1977)

Quel jour sommes-nous
Nous sommes tous les jours
Mon amie
Nous sommes toute la vie
Mon amour
Nous nous aimons et nous vivons
Nous vivons et nous nous aimons
Et nous ne savons pas ce que c'est que la vie
Et nous ne savons pas ce que c'est que le jour
Et nous ne savons pas ce que c'est que l'amour


Canción


¿Qué día es hoy?
Hoy es todos los días
Nosotros somos todos los días
Amiga mía
Nosotros somos toda la vida
Amor mío
Nos amamos y vivimos
Y no sabemos qué es la vida
Y no sabemos qué es el día
Y no sabemos qué es el amor.

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posted by Alfil @ 7:02 AM   1 comments
Jacques Prevert -Alicante-
Alicante
Jacques Prévert (1900 - 1977)

Une orange sur la table
Ta robe sur le tapis
Et toi dans mon lit
Doux présent du présent
Fraîcheur de la nuit
Chaleur de ma vie.


Alicante

Una naranja sobre la mesa
Tu vestido sobre la alfombra
Y tú en mi cama
Dulce presente del presente
Frescura de la noche
Calor de la vida

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posted by Alfil @ 6:58 AM   0 comments
Jacques Prevert -Fleurs et couronnes-
Fleurs et couronnes
Jacques Prévert (1900 - 1977)

Homme
Tu as regardé la plus triste la plus morne de toutes les fleurs de la terre
Et comme aux autres fleurs tu lui as donné un nom
Tu l'as appelée Pensée.
Pensée
C'était comme on dit bien observé
Bien pensé
Et ces sales fleurs qui ne vivent ni ne se fanent jamais
Tu les as appelées immortelles...
C'était bien fait pour elles...
Mais le lilas tu l'as appelé lilas
Lilas c'était tout à fait ça
Lilas... Lilas...
Aux marguerites tu as donné un nom de femme
Ou bien aux femmes tu as donné un nom de fleur
C'est pareil.L'essentiel c'était que ce soit joli
Que ça fasse plaisir...
Enfin tu as donné les noms simples à toutes les fleurs simples
Et la plus grande la plus belle
Celle qui pousse toute droite sur le fumier de la misère
Celle qui se dresse à côté des vieux ressorts rouillés
A côté des vieux chiens mouillés
A côte des vieux matelas éventrés
A côté des baraques de planches où vivent les sous-alimentés
Cette fleur tellement vivante
Toute jaune toute brillante
Celle que les savants appellent Hélianthe
Toi tu l'as appelée soleil
...Soleil...
Hélas! hélas! hélas et beaucoup de fois hélas!
Qui regarde le soleil hein?
Qui regarde le soleil?
Personne ne regarde plus le soleil
Les hommes sont devenus ce qu'ils sont devenus
Des hommes intelligents...
Une fleur cancéreuse tubéreuse et méticuleuse à leur boutonnière
Ils se promènent en regardant par terre
Et ils pensent au ciel
Ils pensent... Ils pensent... ils n'arrêtent pas de penser...
Ils ne peuvent plus aimer les véritables fleurs vivantes
Ils aiment les fleurs fanées les fleurs séchées
Les immortelles et les pensées
Et ils marchent dans la boue des souvenirs dans la boue des regrets
Ils se traînent
A grand-peine
Dans les marécages du passé
Et ils traînent... ils traînent leurs chaînes
Et ils traînent les pieds au pas cadencé...
Ils avancent à grand-peine
Enlisés dans leurs champs-élysées
Et ils chantent à tue-tête la chanson mortuaire
Oui ils chantent
A tue-tête
Mais tout ce qui est mort dans leur tête
Pour rien au monde ils ne voudraient l'enlever
Parce que
Dans leur tête
Pousse la fleur sacrée
La sale maigre petite fleur
La fleur malade
La fleur aigre
La fleur toujours fanée
La fleur personnelle
......La pensée...


Flores y coronas

Hombre
Tú has mirado la más triste la más mustia de todas las flores de la tierra
Y como a las otras flores le diste nombre
La llamaste Pensamiento.
Pensamiento
Como suele decirse nada más justo
Y bien pensado
Y a esas malditas flores que no viven ni se marchitan jamás
Las llamaste siempre vivas…
Se lo tienen merecido…
Pero a las lilas las llamaste lilas
Lilas les sienta
Lilas…Lilas…
A las margaritas les diste nombre de mujer
O mejor dicho a las mujeres les diste nombre de flor
Es lo mismo
Lo esencial es que fuera bonito
Que causara placer…
En fin les diste nombres simples a todas las flores simples
Y a la más grande, a la más bella
A esa que brota sobre el estiércol de la miseria
A esa que se yergue junto a los viejos resortes enmohecidos
Junto a viejos perros vagabundos
Junto a viejos colchones despanzurrados
Junto a las barracas de madera donde viven los mal alimentados
A esa flor llena de vida
Toda amarilla toda radiante
A esa que los sabios llaman heliante
La llamaste Mirasol
…Mirasol…
¡Ay! ¡ay! ¡ay! Y muchas veces ¡ay!
¿Quién mira al mirasol? ¿eh?
¿Quién mira al mirasol?
Nadie mira al mirasol
Los hombres han llegado a ser lo que son
Hombres inteligentes…
Una flor cancerosa tuberosa y minuciosa en el ojal
Pasean mirando el suelo
Piensan…piensan…y no cesan de pensar
No pueden amar ya las verdaderas flores vivas
Aman a las flores marchitas las flores secas
Las siemprevivas y los pensamientos
Y marchan por el barro de los recuerdos por el barro de los arrepentimientos…
Se arrastran
A duras penas
En las ciénagas del pasado
Y arrastran… arrastran a sus cadenas
Y arrastran los pies con pasos cadenciosos…
Avanzan a duras penas
Hundidos en las arenas movedizas de sus campos elíseos
Y cantan a grito pelado la canción funeraria
Sí cantan
A grito pelado
Pero todo eso que está muerto en sus cabezas
Por nada del mundo querrían perderlo
Porque
En sus cabezas
Crece la flor sagrada
La sucia escuálida florecilla
La flor enferma
La flor acre
La flor siempre marchita
La flor personal…
…El pensamiento…

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posted by Alfil @ 6:50 AM   0 comments
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