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Poemas en Francés es un blog que pretende acercar poemas de lengua francesa al castellano |
Frases |
"Por principio, toda traducción es buena. En cualquier caso, pasa con ellas lo que con las mujeres: de alguna manera son necesarias, aunque no todas son perfectas" Augusto Monterroso -La palabra mágica-
"Es imposible traducir la poesía. ¿Acaso se puede traducir la música?" Voltaire
"La traducción destroza el espíritu del idioma" Federico García Lorca |
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Jacques Prevert -Cheveux noirs...- |
mardi, novembre 02, 2004 |
Cheveux noirs... Jacques Prévert (1900 - 1977)
à Florence
Cheveux noirs cheveux noirs caressés par les vagues cheveux noirs cheveux noirs décoiffés par le vent Le brouillard de septembre flotte derrière les arbres le soleil est un citron vert Et la Misère dans sa voiture vide traînée par trois enfants trop blonds traverse les décombres et s'en va vers la mer Cheveux noirs cheveux noirs caressés par les vagues cheveux noirs cheveux noirs décoiffés par le vent (...)
Cabellos negros
a Florence
Cabellos negros cabellos negros acariciados por las olas cabellos negros cabellos negros despeinados por el viento La niebla de septiembre flota detrás de los árboles el sol es un limón verde Y la miseria en su coche vacío del que tiran tres niños muy rubios atraviesa las ruinas y marcha hacia el mar Cabellos negros cabellos negros acariciados por las olas cabellos negros cabellos negros despeinados por el viento (...)Libellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 2:55 PM  |
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Jacques Prevert -Le cancre- |
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Le cancre Jacques Prévert (1900 - 1977)
Il dit non avec la tête Mais il dit oui avec le coeur Il dit oui à ce qu'il aime Il dit non au professeur Il est debout On le questionne Et tous les problèmes sont posés Soudain le fou rire le prend Et il efface tout Les chiffres et les mots Les dates et les noms Les phrases et les pièges Et malgré les menaces du maître Sous les huées des enfants prodiges Avec des craies de toutes les couleurs Sur le tableau noir du malheur Il dessine le visage du bonheur.
El escolar perezoso
Dice no con la cabeza pero dice sí con el corazón dice sí a lo que quiere dice no al profesor está de pie lo interrogan le plantean todos los problemas de pronto estalla en carcajadas y borra todo los números y las palabras los datos y los nombres las frases y las trampas y sin cuidarse de la furia del maestro ni de los gritos de los niños prodigios con tizas de todos los colores sobre el pizarrón del infortunio dibuja el rostro de la felicidad.
Versión de Aldo PellegriniLibellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 2:46 PM  |
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Jacques Prevert -La grasse matinée- |
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La grasse matinée Jacques Prévert (1900 - 1977)
Il est terrible Le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain Il est terrible ce bruit Quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim Elle est terrible aussi dans la tête de l'homme La tête de l'homme qui a faim Quand il se regarde à six heures du matin Dans la glace du grand magasin Une tête couleur de poussière Ce n'est pas sa tête pourtant qu'il regarde Dans la vitrine de chez Potin Il s'en fout de sa tête l'homme Il n'y pense pas Il songe Il imagine une autre tête Une tête de veau par exemple Avec une sauce de vinaigre Ou une tête de n'importe quoi qui se mange Et il remue doucement la mâchoire Doucement Et il grince des dents doucement Car le monde se paye sa tête Et il ne peut rien contre ce monde Et il compte sur ses doigts un deux trois Un deux trois Cela fait trois jours qu'il n'a pas mangé Et il a beau se répéter depuis trois jours Ca ne peut pas durer Ca dure Trois jours Trois nuits Sans manger Et derrière ces vitres Ces pâtés ces bouteilles ces conserves Poissons morts protégés par les boîtes Boîtes protégées par les vitres Vitres protégées par les flics Flics protégés par la crainte Que de barricades pour six malheureuses sardines.. Un peu plus loin le bistrot Café-crême et croissants chauds L'homme titube Et dans l'intérieur de sa tête Un brouillard de mots Un brouillard de mots Sardines à manger Oeuf dur café-crème Café arrosé rhum Café-crème Café-crème Café-crime arrosé sang !... Un homme très estimé dans son quartier a été égorgé en plein jour L'assassin le vagabond lui a volé Deux francs Soit un café arrosé Zéro franc soixante-dix Deux tartines beurrées Et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon.
Il est terrible le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain il est terrible ce brui tquand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim
Antes de mediodia
Es terrible el leve ruido del huevo duro al ser cascado contra el estaño de un mostrador es terrible ese ruido cuando resuena en la memoria de un hombre que pasa hambre es terrible también la cabeza del hombre la cabeza del hombre que pasa hambre cuando a las seis de la mañana ve en el cristal de una gran tienda una cabeza del color del polvo sin embargo no es su cabeza lo que ve en la vidriera de Potin su cabeza de hombre le importa un bledo ni se acuerda de ella sueña imagina otra cabeza por ejemplo una cabeza de ternera con salsa vinagreta o una cabeza de lo que sea con tal de que sea comestible y mueve suavemente las mandíbulas suavemente y hace rechinar los dientes suavemente pues el mundo ni lo tiene en cuenta y él nada puede contra ese mundo y cuenta con los dedos uno dos tres es decir tres días sin comer y por más que se repita desde hace tres días Esto no puede durar esto dura tres días tres noches sin comer y detrás de esos vidrios esos embutidos esas botellas esas conservas pescados protegidos por latas latas protegidas por vidrios vidrios protegidos por esbirros esbirros protegidos por el miedo cuántas barreras por unas sardinas de mala suerte… Algo más allá el cafetín café-crema y bollos calientes el hombre titubea y en su cabeza una niebla de palabras una niebla de palabras sardinas para comer huevo duro café-crema café con gotas de ron café-crema café-crema ¡café-crimen con gotas de sangre! Un hombre muy estimado en su barrio ha sido degollado en pleno día el asesino el vagabundo le robó dos francos es decir un café con gotas de ron cero franco setenta dos rebanadas de pan con manteca y veinticinco céntimos de propina para el mozo.
Es terrible el leve ruido del huevo duro cascado contra el estaño de un mostrador es terrible ese ruido cuando resuena en la memoria de un hombre que pasa hambre.Libellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 2:41 PM  |
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Jacques Prevert -L'orgue de barbarie- |
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L'orgue de barbarie Jacques Prévert (1900 - 1977)
Moi je joue du piano disait l'un moi je joue du violon disait l'autre moi de la harpe moi du banjo moi du violoncelle moi du biniou... moi de la flûte et moi de la crécelle. Et les uns et les autres parlaient parlaientparlaient de ce qu'ils jouaient On n'entendait pas la musique tout le monde parlait parlait parlait personne ne jouait mais dans un coin un homme se taisait: "Et de quel instrument jouez-vous Monsieur qui vous taisez et qui ne dites rien?" lui demandèrent les musiciens" Moi je joue de l'orgue de Barbarie et je joue du couteau aussi" dit l'homme qui jusqu'ici n'avait absolument rien dit et puis il s'avança le couteau à la main et il tua tous les musiciens et il joua de l'orgue de Barbarie et sa musique était si vraie et si vivante et si jolie que la petite fille du maître de la maison sortit de dessous le piano où elle était couchée endormie par ennui et elle dit: "Moi je jouais au cerceau à la balle au chasseur je jouais à la marelle je jouais avec un seau je jouais avec une pelle je jouais au papa et à la maman je jouais à chat perché je jouais avec mes poupées je jouais avec une ombrelle je jouais avec mon petit frèr eavec ma petite soeur je jouais au gendarme et au voleur mais c'est fini fini fini je veux jouer à l'assassin je veux jouer de l'orgue de Barbarie." Et l'homme prit la petite fille par la main et ils s'en allèrent dans les villes dans les maisons dans les jardins et puis ils tuèrent le plus de monde possible après quoi ils se marièrent et ils eurent beaucoup d'enfants. Mais l'aîné apprit le piano le second le violon le troisième la harpe le quatrième la crécelle le cinquième le violoncelle et puis ils se mirent à parler parler parler parler parler on n'entendit plus la musique et tout fut à recommencer!
El organillo
Yo toco el piano decía uno yo el violín decía otro yo el arpa yo el banjo yo el violoncelo yo la gaita... yo la flauta y yo la matraca. Y unos y otros hablaban hablaban hablaban de sus instrumentos No se oía la música todos hablaban hablaban hablaban nadie tocaba pero en un rincón un hombre se callaba: "Qué instrumento toca usted señor usted que calla y no dice nada?" le preguntaron los músicos. "Yo toco el organillo y también toco el cuchillo" dijo el hombre que hasta ese momento no había dicho nada y avanzó cuchillo en mano y mató a todos los músicos y tocó el organillo y su música era tan real tan bonita y tan viva que la hija del dueño de la casa salió de debajo del piano donde se había quedado dormida de aburrimiento y dijo: "Yo tocaba un sueño un árbol un gato un espejo yo tocaba un leño muy desparejo yo tocaba un avestruz yo tocaba un cuaderno yo tocaba un arcabuz yo tocaba un invierno yo tocaba a mamá y a papá yo tocaba dominó sobre el sofá pero esto se acabó se acabó se acabó ahora quiero tocar a un asesino quiero tocar el organillo." Y el hombre tomó la pequeña de la mano y cruzaron casas jardines ciudades y mataron a cuanta gente pudieron y después se casaron y tuvieron muchos hijos Pero el mayor aprendió el piano el segundo el violín el tercero el arpa el cuarto el banj oel quinto el violoncelo y después se pusieron a hablar hablar hablar hablar hablar la música ya no se oyó más ¡y todo volvió a empezar!Libellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 2:32 PM  |
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Jacques Prevert -Combat avec l'ange- |
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Combat avec l'ange Jacques Prévert (1900 - 1977)
A J.-B. Brunius
N'y va pas tout est combiné d'avance le match est truqué et quand il apparaîtra sur le ring environné d'eclairs de magnésium ils entonneront à tue-tête le Te Deum et avant même que tut te sois levé de ta chaise ils te sonneront les cloches à toute volée ils te jetteront à la figure l'éponge sacrée et tu n'auras pas le temps de lui voler dans les plumes il se jetteront sur toi et il frappera au-dessous de la ceinture et tut t'écrouleras les bras stupidement en croix dans la sciure et jamais plus tu ne pourras faire l'amour.
El combate con el ángel
A J .-B. Brunius
No te metas todo está combinado de antemano el match está fraguado y cuando él aparezca en el ring envuelto en relampagueos de magnesio entonarán a grito pelado el Te Deum y antes de que te hayas levantado de tu asiento te echarán a vuelo las campanas te arrojarán a la cara la esponja sagrada y no tendrás tiempo de sacudirle las plumas se arrojarán sobre ti y él te castigará por debajo de la cintura y te desplomarás los brazos estúpidamente en cruz sobre el aserrín y nunca más podrás hacer el amor.Libellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 1:58 PM  |
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Jacques Prevert -Le fusillé- |
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Le fusillé Jacques Prévert (1900 - 1977)
Les fleurs les jardins les jets d'eau les sourires Et la douceur de vivre Un homme est là par terre et baigne dans son sang Les souvenirs les fleurs les jets d'eau les jardins Les rêves enfantins Un homme est là par terre comme un paquet sanglant Les fleurs les jets d'eau les jardins les souvenirs Et la douceur de vivre Un homme est là par terre comme un enfant dormant.
El fusilado
Las flores los jardines las fuentes las sonrisas Y la alegría de vivir Un hombre está caído y bañado en su sangre Los recuerdos las flores las fuentes los jardines Los sueños infantiles Un hombre está caído como un bulto sangriento Las flores las fuentes los jardines los recuerdos Y la alegría de vivir Un hombre está caído como un niño dormido.
Versión de Aldo PellegriniLibellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 1:56 PM  |
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Jacques Prevert -Et la fête continue- |
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Et la fête continue Jacques Prévert (1900 - 1977)
Debout devant le zinc Sur le coup de dix heures Un grand plombier zingueur Habillé en dimanche et pourtant c'est lundi Chante pour lui tout seul Chante que c'est jeudi Qu'il n'ira pas en classe Que la guerre est finie Et le travail aussi Que la vie est si belle Et les filles si jolies Et titubant devant le zinc Mais guidé par son fil à plomb Il s'arrête pile devant le patron Trois paysans passeront et vous paieront Puis disparaît dans le soleil Sans régler les consommations Disparaît dans le soleil tout en continuant sa chanson
Y la fiesta continúa
De pie ante el mostrador de estaño A eso de las diez de la mañana Un corpulento plomero hojalatero Vestido de domingo a pesar de ser lunes Canta para sí mismo Canta que es jueves Que no irá a la escuela Que la guerra se acabó Y el trabajo también Que la vida es muy bella Y las muchachas muy lindas Y después de trastabillar ante el mostrador de estaño Pero siguiendo el hilo de su plomada Se planta firmemente ante el patrón Tres paisanos vendrán y os pagarán Después se aleja bajo los rayos del sol Sin liquidar el gasto Se aleja bajo los rayos del sol sin dejar de cantar su canción.Libellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 1:53 PM  |
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Jacques Prevert -Où je vais, d'où je viens- |
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Où je vais, d'où je viens... Jacques Prévert (1900 - 1977)
Où je vais, d'où je viens Pourquoi je suis trempée. Voyons, ça se voit bien. Il pleut. La pluie, c'est de la pluie Je vais dessous, et puis, Et puis c'est tout. Passez votre chemin Comme je passe le mien. C'est pour mon plaisir Que je patauge dans la boue. La pluie, ça me fait rire. Je ris de tout et de tout et de tout. Si vous avez la larme facile Rentrez plutôt chez vous, Pleurez plutôt sur vous, Mais laissez-moi, Laissez-moi, laissez-moi , laissez-moi, laissez-moi. Je ne veux pas entendre le son de votre voix, Passez votre chemin Comme je passe le mien. Le seul homme que j'aimais, c'est vous qui l'avez tué, Matraqué, piétiné... achevé. J'ai vu son sang couler, couler dans le ruisseau, dans le ruisseau. Passez votre chemin comme je passe le mien. L'homme que j'aimais est mort, la tête dans la boue. Ce que j'peux vous haïr, vous haïr... c'est fou... c'est fou... c'est fou. Et vous vous attendrissez sur moi, vous êtes trop bons pour moi, beaucoup trop bons, croyez-moi.
Vous êtes bons... bons comme le ratier est bon pour le rat... mais un jour... un jour viendra où le rat vous mordra... Passez votre chemin, hommes bons... hommes de bien.
A dónde voy, de dónde vengo...
¿A dónde voy?, ¿de dónde vengo?, ¿Por qué estoy mojado? Veamos, esto se ve bien. Llueve. La lluvia es por la lluvia. Voy abajo, y después, después eso es todo. Seguid vuestro camino como yo sigo el mío. Porque me gusta chapoteo en el barro. La lluvia, me hace reír. Me río absolutamente de todo. Si lloráis por cualquier cosa mejor quedaos en vuestra casa, llorad por vosotros, pero dejadme. Dejadme, dejadme, dejadme, dejadme. No quiero oír el sonido de vuestra voz, seguid vuestro camino como yo sigo el mío. El único hombre que amaba, me lo habéis matado, aporreado, pisoteado...rematado. He visto su sangre correr, correr en el arroyo. Seguid vuestro camino como yo sigo el mío. El hombre que amabae sta muerto, la cabeza en el barro. Por esto puedo odiaros, odiaros... es exagerado... exagerado... es exagerado. Y os enterneceréis conmigo, sois muy buenos para mí, demasiado buenos, creedme.
Sois buenos, buenos como el perro ratonero es bueno parala rata… pero un día… vendrá un día en que la rata os muerda… Seguid vuestro camino, hombres buenos… hombres de bien.Libellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 1:46 PM  |
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Jacques Prevert -Le grand homme- |
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Le grand homme Jacques Prévert (1900 - 1977)
Chez une tailleur de pierre où je l'ai rencontré il faisait prendre ses mesures pour la postérité.
El gran hombre
En la casa del tallista de piedra donde lo conocí se hizo tomar las medidas para la posteridad.Libellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 1:44 PM  |
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Jacques Prevert -Chez la fleuriste- |
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Chez la fleuriste Jacques Prévert (1900 - 1977)
Un homme entre chez une fleuriste et choisit des fleurs la fleuriste enveloppe les fleurs l'homme met la main à sa poche pour chercher l'argent l'argent pour payer les fleurs mais il met en même temps subitement la main sur son cœur et il tombe
En même temps qu'il tombe l'argent roule à terre et puis les fleurs tombent en même temps que l'homme en même temps que l'argent et la fleuriste reste là avec l'argent qui roule avec les fleurs qui s'abîment avec l'homme qui meurt évidemment tout ça est très triste et il faut qu'elle fasse quelque chose la fleuriste mais elle ne sait pas comment s'y prendre elle ne sait pas par quel bout commencer
Il y a tant de choses à faire avec cet homme qui meurt ces fleurs qui s'abîment et cet argent cet argent qui roule qui n'arrête pas de rouler.
En la floristería
Un hombre entra en la floristería y escoge unas flores la florista las envuelve el hombre se lleva la mano al bolsillo para buscar dinero dinero para pagar las flores pero al mismo tiempo se lleva repentinamente la mano al corazón y cae
Al mismo tiempo que cae el dinero cae al suelo y también las flores caen al mismo tiempo que el hombre al mismo tiempo que el dinero y la florista queda allí ante el dinero que rueda ante las flores que se estropean ante el hombre que muerte evidentemente todo esto es muy triste y es necesario que la florista haga algo pero no sabe qué hacer no sabe por dónde comenzar
Hay tanto por hacer con ese hombre que muere esas flores que se marchitan y ese dinero ese dinero que rueda que no deja de rodar.Libellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 1:42 PM  |
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Jacques Prevert -Le chat et l'oiseau- |
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Le chat et l'oiseau Jacques Prévert (1900 - 1977)
Un village écoute désolé Le chant d'un oiseau blessé C'est le seul oiseau du village Et c'est le seul chat du village Qui l'a à moitié dévoré Et l'oiseau cesse de chanter Le chat cesse de ronronner Et de se lécher le museau Et le village fait à l'oiseau De merveilleuses funérailles Et le chat qui est invité Marche derrière le petit cercueil de paille Où l'oiseau mort est allongé Porté par une petite fille Qui n'arrête pas de pleurer Si j'avais su que cela te fasse tant de peine Lui dit le chat Je l'aurais mangé tout entier Et puis je t'aurais raconté Que je l'avais vu s'envoler S'envoler jusqu'au bout du monde Là-bas où c'est tellement loin Que jamais on en revient Tu aurais eu moins de chagrin Simplement de la tristesse et des regrets
Il ne faut jamais faire les choses à moitié.
El gato y el pájaro
Un pueblo escucha desolado el canto de un pájaro herido. Es el único pájaro del pueblo y es el único gato del pueblo que lo ha devorado a medias. Y el pájaro cesa de cantar el gato cesa de ronronear y de relamerse el hocico. Y el pueblo le hace al pájaro maravillosos funerales. Y el gato que está invitado marcha detrás del pequeño ataúd de paja donde el pájaro muerto está estirado llevado por una niñita que no deja de llorar. Si hubiera sabido que eso te daba tanta pena, le dice el gato, me lo hubiera comido del todo y después te hubiera contado que lo había visto volarse volarse hasta el fin del mundo allá donde es tan lejos que nunca se vuelve. Tu hubieras tenido menos pena Simplemente tristeza y aflicción
Nunca hay que hacer las cosas a medias.Libellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 1:37 PM  |
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Jacques Prevert -La pêche à la baleine- |
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La pêche à la baleine Jacques Prévert (1900 - 1977)
À la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine, Disait le père d'une voix courroucée À son fils Prosper, sous l'armoire allongé, À la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine, Tu ne veux pas aller, Et pourquoi donc ? Et pourquoi donc que j'irais pêcher une bête Qui ne m'a rien fait, papa, Va la pêpé, va la pêcher toi-même, Puisque ça te plaît, J'aime mieux rester à la maison avec ma pauvre mère Et le cousin Gaston. Alors dans sa baleinière le père tout seul s'en est allé Sur la mer démontée... Voilà le père sur la mer, Voilà le fils à la maison, Voilà la baleine en colère, Et voilà le cousin Gaston qui renverse la soupière, La soupière au bouillon. La mer était mauvaise, La soupe était bonne. Et voilà sur sa chaise Prosper qui se désole : À la pêche à la baleine, je ne suis pas allé, Et pourquoi donc que j'y ai pas été ? Peut-être qu'on l'aurait attrapée, Alors j'aurais pu en manger. Mais voilà la porte qui s'ouvre, et ruisselant d'eau Le père apparaît hors d'haleine, Tenant la baleine sur son dos. Il jette l'animal sur la table, une belle baleine aux yeux bleus, Une bête comme on en voit peu, Et dit d'une voix lamentable : Dépêchez-vous de la dépecer, J'ai faim, j'ai soif, je veux manger. Mais voilà Prosper qui se lève, Regardant son père dans le blanc des yeux, Dans le blanc des yeux bleus de son père, Bleus comme ceux de la baleine aux yeux bleus : Et pourquoi donc je dépècerais une pauvre bête qui m'a rien fait ? Tant pis, j'abandonne ma part. Puis il jette le couteau par terre, Mais la baleine s'en empare, et se précipitant sur le père Elle le transperce de père en part. Ah, ah, dit le cousin Gaston, On me rappelle la chasse, la chasse aux papillons. Et voilà Voilà Prosper qui prépare les faire-part, La mère qui prend le deuil de son pauvre mari Et la baleine, la larme à l'oeil contemplant le foyer détruit. Soudain elle s'écrie : Et pourquoi donc j'ai tué ce pauvre imbécile, Maintenant les autres vont me pourchasser en moto-godille Et puis ils vont exterminer toute ma petite famille. Alors éclatant d'un rire inquiétant, Elle se dirige vers la porte et dit À la veuve en passant : Madame, si quelqu'un vient me demander, Soyez aimable et répondez : La baleine est sortie, Asseyez-vous, Attendez là, Dans une quinzaine d'années, sans doute elle reviendra...
La pesca de la ballena
A pescar ballenas, a pescar ballenas, Decía el padre con voz irritada A Próspero, su hijo, acostado bajo el ropero, A pescar ballenas, a pescar ballenas, Tú no quieres ur, ¿Se puede saber por qué? Y por qué, pregunto yo, habría de pescar Un animal que no me ha hecho nada, papá, Ve a la pesca, ve a pescarla tú, Ya que esto no te gusta, Yo prefiero quedarme en casa con mi pobre mamá Y el primo Gastón. El padre subió solo a la ballenera Y se hizo al embravecido mar... He aquí pues el padre en el mar, El hijo en casa, La ballena enfurecida, Y el primo Gastón que vuelca La sopera con el caldo. El mar estaba malo, La sopa estaba buena. Y he aquí que Próspero En su silla se lamenta: A pescar ballenas yo no fui, Quisiera saber por qué. De haber atrapado una, Hubiera podido comer ballena. Pero he aquí que la puerta se abre, y empapado Aparece el padre sin aliento, Con la ballena al hombro. Arroja sobre la mesa al animal, una hermosa ballena de ojos azules, Un animal hermoso como pocos, Y dice con lastimera voz: Daos prisa en descuartizarla, Tengo hambre, tengo sed, quiero comer. Mas hete aquí que Próspero se levanta, Mirando a su padre en el blanco de los ojos El blanco de los ojos azules de su padre, Azules como los de la ballena de ojos azules: ¿Y por qué habría de despedazar yo A un pobre animal que no me ha hecho ningún daño? Paciencia, renuncio a mi parte. Y arroja el cuchillo al suelo, Pero la ballena se apodera de él, y abalanzándose sobre el padre Lo atraviesa de lado a lado. Ah, ah, dice el primo Gastón, Esto me recuerda la caza, la caza de mariposas. Y allí tenéis Allí tenéis a Próspero preparando las participaciones A su madre enlutada por su pobre marido Y a la ballena que contempla con lágrimas en los ojos El hogar destruido. DE pronto la ballena exclama: Por qué he matado a ese pobre imbécil, Ahora los demás van a perseguirme en motoras Y exterminarán a toda mi pequeña familia. Entonces, con inquietante risa, Se dirige hacia la puerta y al pasar Dice a la viuda: Señora, si alguien pregunta por mí, Sea amable conteste: La ballena ha salido, Tomen asiento, Espérenla, Dentro de quince años, sin duda volverá...Libellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 12:59 PM  |
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Jacques Prevert -Je suis comme je suis- |
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Je suis comme je suis Jacques Prévert (1900 - 1977)
Je suis comme je suis Je suis faite comme ça Quand j'ai envie de rire Oui je ris aux éclats J'aime celui qui m'aime Est-ce ma faute à moi Si ce n'est pas le même Que j'aime chaque fois Je suis comme je suis Je suis faite comme ça Que voulez-vous de plus Que voulez-vous de moi
Je suis faite pour plaire Et n'y puis rien changer Mes talons sont trop hauts Ma taille trop cambrée Mes seins beaucoup trop durs Et mes yeux trop cernés Et puis après Qu'est-ce que ça peut vous faire Je suis comme je suis Je plais à qui je plais Qu'est-ce que ça peut vous faire Ce qui m'est arrivé Oui j'ai aimé quelqu'un Oui quelqu'un m'a aimée Comme les enfants qui s'aiment Simplement savent aimer Aimer aimer... Pourquoi me questionner Je suis là pour vous plaire Et n'y puis rien changer.
Soy como soy
Soy como soy Estoy hecha así Cuando tengo ganas de reír Me río a carcajadas Amo al que me ama Acaso es culpa mía Que no sea siempre el mismo El que amo en cada ocasión Soy como soy Estoy hecha así Qué más pretendéis Qué más queréis de mí
Estoy hecha para gustar Y no hay nada que hacerle Mis tacones son muy altos Mi cuerpo muy erguido Mis pechos muy firmes Mis ojeras muy profundas Pero después de todo Qué puede importaros Soy como soy Gusto al que le gusto Qué puede importaros Lo que me sucedió Si amé a alguien Si alguien me amó Como los niños que se aman Simplemente saben amar Amar amar… Por qué hacerme preguntas Estoy donde estoy para gustaros Y no hay nada que hacerle.Libellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 12:46 PM  |
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Jacques Prevert -Le droit chemin- |
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Le droit chemin Jacques Prévert (1900 - 1977)
À chaque kilomètre chaque année des vieillards au front borné indiquent aux enfants la route d'un geste de ciment armé
El camino recto
A cada kilómetro cada año viejos muy limitados señalan a los niños el camino con un gesto de cemento armadoLibellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 11:56 AM  |
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Jacques Prevert -Cet amour- |
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Cet amour Jacques Prévert (1900 - 1977)
Cet amour Si violent Si fragile Si tendre Si désespéré Cet amour Beau comme le jour Et mauvais comme le temps Quand le temps est mauvais Cet amour si vrai Cet amour si beau Si heureux Si joyeux Et si dérisoire Tremblant de peur comme un enfant dans le noir Et si sûr de lui Comme un homme tranquille au milieu de la nuit Cet amour qui faisait peur aux autres Qui les faisait parler Qui les faisait blémir Cet amour guetté Parce que nous le guettions Traqué blessé piétiné achevé nié oublié Parce que nous l'avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié Cet amour tout entier Si vivant encore Et tout ensoleillé C'est le tien C'est le mien Celui qui a été Cette chose toujours nouvelles Et qui n'a pas changé Aussi vraie qu'une plante Aussi tremblante qu'un oiseau Aussi chaude aussi vivante que l'été Nous pouvons tous les deux Aller et revenir Nous pouvons oublier Et puis nous rendormir Nous réveiller souffrir vieillir Nous endormir encore Rêver à la mort Nous éveiller sourire et rire Et rajeunir Notre amour reste là Têtu comme une bourrique Vivant comme le désir Cruel comme la mémoire Bête comme les regrets Tendre comme le souvenir Froid comme le marbre Beau comme le jour Fragile comme un enfant Il nous regarde en souriant Et il nous parle sans rien dire Et moi j'écoute en tremblant Et je crie Je crie pour toi Je crie pour moi Je te supplie Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s'aiment Et qui se sont aimés Oui je lui crie Pour toi pour moi et pour tous les autres Que je ne connais pas Reste là Là où tu es Là où tu étais autrefois Reste là Ne bouge pas Ne t'en va pas Nous qui sommes aimés Nous t'avons oublié Toi ne nous oublie pas Nous n'avions que toi sur la terre Ne nous laisse pas devenir froids Beaucoup plus loin toujours Et n'importe où Donne-nous signe de vie Beaucoup plus tard au coin d'un bois Dans la forêt de la mémoire Surgis soudain Tends-nous la main Et sauve-nous.
Este amor
Este amor Tan violento Tan frágil Tan tierno Tan desesperado Este amor Bello como el día Y malo como el tiempo Cuando hace mal tiempo Este amor tan verdadero Este amor tan hermoso Tan feliz Tan alegre Y tan irrisorio Temblando de miedo como un niño en la oscuridad Y tan seguro de sí mismo Como un hombre tranquilo en medio de la noche Este amor que daba miedo a los otros Que les hacía hablar Que los hacía palidecer Este amor acechado Porque lo acechábamos Acosado herido pisoteado rematado negado olvidado Porque lo acosamos herimos pisoteamos rematamos negamos olvidamos Este amor íntegro Tan vivo aún Y soleado Es el tuyo Es el mío Ese que ha sido Ese algo siempre nuevo Y que no ha cambiado Tan verdadero como una planta Tan tembloroso como un pájaro Tan cálido tan vivo como el verano Juntos podemos los dos Ir y venir Podemos olvidar Y después volvernos a dormir Despertarnos envejecer sufrir Volvernos a dormir Soñar con la muerte Despertarnos sonreír y reír Y rejuvenecer Nuestro amor sigue allí Empecinado como un borrico Vivo como el deseo Cruel como la memoria Ridículo como los arrepentimientos Tierno como los recuerdos Frío como el mármol Hermoso como el día Frágil como un niño Nuestro amor nos mira sonriendo Nos habla sin decir nada Y yo lo escucho tembloroso Y grito Grito por ti Grito por mí Te suplico Por ti por mí por todos los que se aman Y los que se han amado Si le grito Por ti por mí y por todos los demás Que no conozco Quédate Allí donde estas Donde estabas antes Quédate No te muevas No te vayas Nosotros los que somos amados Te hemos olvidado Pero tú no nos olvides Sólo te teníamos a ti sobre la tierra No dejes que nos volvamos fríos Aunque sea cada vez desde más lejos Y desde donde sea Danos señales de vida Mucho más tarde desde el rincón de un bosque En la selva de la memoria Surgiendo de repente Tiéndenos la mano Y sálvanos.Libellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 11:45 AM  |
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Jacques Prevert -Vous allez voir ce que vous allez voir- |
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Vous allez voir ce que vous allez voir Jacques Prévert (1900 - 1977)
Une fille nue nage dans la mer Un homme barbu marche sur l'eau Où est la merveille des merveilles Le miracle annoncé plus haut ?
Vereis lo que vereis
Una joven desnuda nada en el mar Un hombre barbado anda sobre las aguas ¿Cuál es la maravilla de las maravillas, el milagro enunciado arriba?Libellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 11:40 AM  |
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Jacques Prevert -Sables mouvants- |
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Sables mouvants Jacques Prévert (1900 - 1977)
Démons et merveilles Vents et marées Au loin déja la mer s'est retirée Démons et merveilles Vents et marées Et toi Comme une algue doucement carressée par le vent Dans les sables du lit tu remues en revant Démons et merveilles Vents et marées Au loin déja la mer s'est retirée Mais dans tes yeux entrouverts Deux petites vagues sont restées Démons et merveilles Vents et marées Deux petites vagues pour me noyer.
Arenas movedizas
Demonios y maravillas Vientos y mareas A lo lejos ya el mar se ha retirado Y tú Como un alga que el viento dulcemente acaricia En las arenas del lecho te agitas soñando Demonios y maravillas Vientos y mareas A lo lejos ya el mar se ha retirado Pero en tus ojos entreabiertos Dos diminutas olas se han quedado Demonios y maravillas Vientos y mareas Dos diminutas olas para ahogarmeLibellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 7:06 AM  |
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Jacques Prevert -Chanson- |
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Chanson Jacques Prévert (1900 - 1977)
Quel jour sommes-nous Nous sommes tous les jours Mon amie Nous sommes toute la vie Mon amour Nous nous aimons et nous vivons Nous vivons et nous nous aimons Et nous ne savons pas ce que c'est que la vie Et nous ne savons pas ce que c'est que le jour Et nous ne savons pas ce que c'est que l'amour
Canción
¿Qué día es hoy? Hoy es todos los días Nosotros somos todos los días Amiga mía Nosotros somos toda la vida Amor mío Nos amamos y vivimos Y no sabemos qué es la vida Y no sabemos qué es el día Y no sabemos qué es el amor.Libellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 7:02 AM  |
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Jacques Prevert -Alicante- |
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Alicante Jacques Prévert (1900 - 1977)
Une orange sur la table Ta robe sur le tapis Et toi dans mon lit Doux présent du présent Fraîcheur de la nuit Chaleur de ma vie.
Alicante
Una naranja sobre la mesa Tu vestido sobre la alfombra Y tú en mi cama Dulce presente del presente Frescura de la noche Calor de la vidaLibellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 6:58 AM  |
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Jacques Prevert -Fleurs et couronnes- |
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Fleurs et couronnes Jacques Prévert (1900 - 1977)
Homme Tu as regardé la plus triste la plus morne de toutes les fleurs de la terre Et comme aux autres fleurs tu lui as donné un nom Tu l'as appelée Pensée. Pensée C'était comme on dit bien observé Bien pensé Et ces sales fleurs qui ne vivent ni ne se fanent jamais Tu les as appelées immortelles... C'était bien fait pour elles... Mais le lilas tu l'as appelé lilas Lilas c'était tout à fait ça Lilas... Lilas... Aux marguerites tu as donné un nom de femme Ou bien aux femmes tu as donné un nom de fleur C'est pareil.L'essentiel c'était que ce soit joli Que ça fasse plaisir... Enfin tu as donné les noms simples à toutes les fleurs simples Et la plus grande la plus belle Celle qui pousse toute droite sur le fumier de la misère Celle qui se dresse à côté des vieux ressorts rouillés A côté des vieux chiens mouillés A côte des vieux matelas éventrés A côté des baraques de planches où vivent les sous-alimentés Cette fleur tellement vivante Toute jaune toute brillante Celle que les savants appellent Hélianthe Toi tu l'as appelée soleil ...Soleil... Hélas! hélas! hélas et beaucoup de fois hélas! Qui regarde le soleil hein? Qui regarde le soleil? Personne ne regarde plus le soleil Les hommes sont devenus ce qu'ils sont devenus Des hommes intelligents... Une fleur cancéreuse tubéreuse et méticuleuse à leur boutonnière Ils se promènent en regardant par terre Et ils pensent au ciel Ils pensent... Ils pensent... ils n'arrêtent pas de penser... Ils ne peuvent plus aimer les véritables fleurs vivantes Ils aiment les fleurs fanées les fleurs séchées Les immortelles et les pensées Et ils marchent dans la boue des souvenirs dans la boue des regrets Ils se traînent A grand-peine Dans les marécages du passé Et ils traînent... ils traînent leurs chaînes Et ils traînent les pieds au pas cadencé... Ils avancent à grand-peine Enlisés dans leurs champs-élysées Et ils chantent à tue-tête la chanson mortuaire Oui ils chantent A tue-tête Mais tout ce qui est mort dans leur tête Pour rien au monde ils ne voudraient l'enlever Parce que Dans leur tête Pousse la fleur sacrée La sale maigre petite fleur La fleur malade La fleur aigre La fleur toujours fanée La fleur personnelle ......La pensée...
Flores y coronas
Hombre Tú has mirado la más triste la más mustia de todas las flores de la tierra Y como a las otras flores le diste nombre La llamaste Pensamiento. Pensamiento Como suele decirse nada más justo Y bien pensado Y a esas malditas flores que no viven ni se marchitan jamás Las llamaste siempre vivas… Se lo tienen merecido… Pero a las lilas las llamaste lilas Lilas les sienta Lilas…Lilas… A las margaritas les diste nombre de mujer O mejor dicho a las mujeres les diste nombre de flor Es lo mismo Lo esencial es que fuera bonito Que causara placer… En fin les diste nombres simples a todas las flores simples Y a la más grande, a la más bella A esa que brota sobre el estiércol de la miseria A esa que se yergue junto a los viejos resortes enmohecidos Junto a viejos perros vagabundos Junto a viejos colchones despanzurrados Junto a las barracas de madera donde viven los mal alimentados A esa flor llena de vida Toda amarilla toda radiante A esa que los sabios llaman heliante La llamaste Mirasol …Mirasol… ¡Ay! ¡ay! ¡ay! Y muchas veces ¡ay! ¿Quién mira al mirasol? ¿eh? ¿Quién mira al mirasol? Nadie mira al mirasol Los hombres han llegado a ser lo que son Hombres inteligentes… Una flor cancerosa tuberosa y minuciosa en el ojal Pasean mirando el suelo Piensan…piensan…y no cesan de pensar No pueden amar ya las verdaderas flores vivas Aman a las flores marchitas las flores secas Las siemprevivas y los pensamientos Y marchan por el barro de los recuerdos por el barro de los arrepentimientos… Se arrastran A duras penas En las ciénagas del pasado Y arrastran… arrastran a sus cadenas Y arrastran los pies con pasos cadenciosos… Avanzan a duras penas Hundidos en las arenas movedizas de sus campos elíseos Y cantan a grito pelado la canción funeraria Sí cantan A grito pelado Pero todo eso que está muerto en sus cabezas Por nada del mundo querrían perderlo Porque En sus cabezas Crece la flor sagrada La sucia escuálida florecilla La flor enferma La flor acre La flor siempre marchita La flor personal… …El pensamiento…Libellés : Jacques Prevert |
posted by Alfil @ 6:50 AM  |
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