Spleen (4)
Charles Baudelaire (1821-1867)
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Spleen (4)
Cuando el cielo bajo y pesado como tapadera
Sobre el espíritu gemebundo presa de prolongados tedios,
Y del horizonte, abarcando todo el círculo,
Nos vierte un día negro más triste que las noches;
Cuando la tierra se cambia en un calabozo húmedo,
Donde la Esperanza, como un murciélago,
Se marcha batiendo los muros con su ala tímida
Y golpeándose la cabeza en los cielorrasos podridos;
Cuando la lluvia, desplegando sus enormes regueros
De una inmensa prisión imita los barrotes,
Y una multitud muda de infames arañas
Acude para tender sus redes en el fondo de nuestros cerebros,
Las campanas, de pronto, saltan enfurecidas
Y lanzan hacia el cielo su horrible aullido,
Cual espíritus errabundos y sin patria
Poniéndose a gemir porfiadamente.
-Y largos cortejos fúnebres, sin tambores ni música,
Desfilan lentamente por mi alma; la Esperanza
Vencida, llora, y la Angustia atroz, despótica,
Sobre mi cráneo prosternado planta su bandera negra.
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