Obsession
Charles Baudelaire (1821-1867)
Grands bois, vous m'effrayez comme des cathédrales;
Vous hurlez comme l'orgue; et dans nos coeurs maudits,
Chambres d'éternel deuil où vibrent de vieux râles,
Répondent les échos de vos De profundis.
Je te hais, Océan! tes bonds et tes tumultes,
Mon esprit les retrouve en lui; ce rire amer
De l'homme vaincu, plein de sanglots et d'insultes,
Je l'entends dans le rire énorme de la mer
Comme tu me plairais, ô nuit! sans ces étoiles
Dont la lumière parle un langage connu!
Car je cherche le vide, et le noir, et le nu!
Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles
Où vivent, jaillissant de mon oeil par milliers,
Des êtres disparus aux regards familiers.
Obsesión
Grandes bosques, me espantáis como catedrales;
Aulláis como el órgano; y en nuestros corazones malditos,
Estancias de eterno duelo donde vibran viejos estertores,
Responden a los ecos de vuestros De profundis.
¡Yo te odio, Océano! tus saltos y tus tumultos,
Mi espíritu en él los recobra. Esta risa amarga
Del hombre vencido, lleno de sollozos y de insultos,
Yo la escucho en la risa enorme del mar.
¡Cómo me agradarías, oh noche! ¡Sin estas estrellas
Cuya luz habla un lenguaje conocido!
¡Porque yo busco el vacío, y el negro, y el desnudo!
Pero, las tinieblas son ellas mismas las telas
donde viven, brotando de mis ojos por millares,
Los seres desaparecidos de las miradas familiares.
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