Spleen (3)
Charles Baudelaire (1821-1867)
Je suis comme le roi d'un pays pluvieux,
Riche, mais impuissant, jeune et pourtant très vieux,
Qui, de ses précepteurs méprisant les courbettes,
S'ennuie avec ses chiens comme avec d'autres bêtes.
Rien ne peut l'égayer, ni gibier, ni faucon,
Ni son peuple mourant en face du balcon.
Du bouffon favori la grotesque ballade
Ne distrait plus le front de ce cruel malade;
Son lit fleurdelisé se transforme en tombeau,
Et les dames d'atour, pour qui tout prince est beau,
Ne savent plus trouver d'impudique toilette
Pour tirer un souris de ce jeune squelette.
Le savant qui lui fait de l'or n'a jamais pu
De son être extirper l'élément corrompu,
Et dans ces bains de sang qui des Romains nous viennent,
Et dont sur leurs vieux jours les puissants se souviennent,
Il n'a su réchauffer ce cadavre hébété
Où coule au lieu de sang l'eau verte du Léthé
Spleen (3)
Yo soy como ese rey de aquel país lluvioso,
rico, pero impotente, joven, aunque achacoso,
que, despreciando halagos de sus cien concejales,
con sus perros se aburre y demás animales.
Nada puede alegrarle, ni cazar, ni su halcón,
ni su pueblo muriéndose enfrente del balcón.
La grotesca balada del bufón favorito
no distrae la frente de este enfermo maldito;
en cripta se convierte su lecho blasonado,
y las damas, que a cada príncipe hallan de agrado,
no saben ya encontrar qué vestido indiscreto
logrará una sonrisa del joven esqueleto.
el sabio que le acuña el oro no ha podido
extirpar de su ser el humor corrompido,
y en los baños de sangre que hacían los Romanos,
que a menudo recuerdan los viejos soberanos,
reavivar tal cadáver él tampoco ha sabido
pues tiene en vez de sangre verde agua del Olvido.
Versión de Ignacio Caparrós
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