Le mauvais moine Charles Baudelaire (1821-1867)
Les cloîtres anciens sur leurs grandes murailles Etalaient en tableaux la sainte Vérité, Dont l'effet réchauffant les pieuses entrailles, Tempérait la froideur de leur austérité.
En ces temps où du Christ florissaient les semailles, Plus d'un illustre moine, aujourd'hui peu cité, Prenant pour atelier le champ des funérailles, Glorifiait la Mort avec simplicité.
- Mon âme est un tombeau que, mauvais cénobite, Depuis l'éternité je parcours et j'habite; Rien n'embellit les murs de ce cloître odieux.
O moine fainéant! quand saurai-je donc faire Du spectacle vivant de ma triste misère Le travail de mes mains et l'amour de mes yeux?
El mal monje
Los claustros antiguos sobre sus amplios muros Despliegan en cuadros la santa Verdad, Cuyo efecto, caldeando las piadosas entrañas. Atempera la frialdad de su austeridad.
En días que de Cristo florecían las semillas, Más de un ilustre monje, hoy poco citado, Tomando por taller el campo santo, Glorificaba la Muerte con simplicidad.
-Mi alma es una tumba que, pésimo cenobita, Desde la eternidad recorro y habito; Nada embellece los muros de este claustro odioso.
¡Oh, monje holgazán! ¿Cuándo sabré yo hacer Del espectáculo vivido de mi triste miseria El trabajo de mis manos y el amor de mis ojos?Libellés : Charles Baudelaire |