Charles Baudelaire -Don Juan aux Enfers- |
dimanche, avril 23, 2006 |
Don Juan aux Enfers Charles Baudelaire (1821-1867)
Quand Don Juan descendit vers l'onde souterraine Et lorsqu'il eut donné son obole à Charon, Un sombre mendiant, l'oeil fier comme Antisthène ,D'un bras vengeur et fort saisit chaque aviron.
Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes, Des femmes se tordaient sous le noir firmament, Et, comme un grand troupeau de victimes offertes, Derrière lui traînaient un long mugissement.
Sganarelle en riant lui réclamait ses gages, Tandis que Don Luis avec un doigt tremblant Montrait à tous les morts errant sur les rivages Le fils audacieux qui railla son front blanc.
Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire, Près de l'époux perfide et qui fut son amant, Semblait lui réclamer un suprême sourire Où brillât la douceur de son premier serment.
Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre Se tenait à la barre et coupait le flot noir; Mais le calme héros, courbé sur sa rapière, Regardait le sillage et ne daignait rien voir.
Don Juan en los Infiernos
Cuando Don Juan descendió hacia la onda subterráneaY hubo dado su óbolo a Caronte, Un sombrío mendigo, la mirada fiera como Antístenes, Con brazo vengativo y fuerte empuñó cada remo.
Mostrando sus senos fláccidos y sus ropas abiertas, Las mujeres se retorcían bajo el negro firmamento, Y, como un gran rebaño de víctimas ofrendadas, En pos de él arrastraban un prolongado mugido.
Sganarelle riendo le reclama su paga, Mientras que Don Luis, con un dedo tembloroso Mostraba a todos los muertos, errante en las riberas, El hijo audaz que se burló de su frente nevada.
Estremeciéndose bajo sus lutos, la casta y magra Elvira, Cerca del esposo pérfido y que fue su amante, Parecía reclamarle una suprema sonrisa En la que brillara la dulzura de su primer juramento.
Erguido en su armadura, un gigante de piedra Permanecía en la barra y cortaba la onda negra; Pero el sereno héroe, apoyado en su espadón, Contemplaba la estela y sin dignarse ver nada.Libellés : Charles Baudelaire |
posted by Alfil @ 7:25 AM |
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