Le souvenir de Mnasidika Pierre Louys (1870-1925) Elles dansaient l'une devant l'autre, d'un mouvement rapide et fuyant; elles semblaient toujours vouloir s'enlacer, et pourtant ne se touchaient point, si ce n'est du bout des levres. Quand elles tournaient le dos en dansant, elles se regardaient, la tete sur l'epaule, et la sueur brillait sous leurs bras leves, et leurs chevelures fines passaient devant leurs seins. La langueur de leurs yeux, le feu de leurs joues, la gravite de leurs visages, etaient trois chansons ardentes. Elles se frolaient furtivement, elles pliaient leurs corps sur les hanches. Et tout a coup, elles sont tombees, pour achever a terre la danse molle... Souvenir de Mnasidika, c'est alors que tu m'apparus, et tout, hors ta chere image, me fut importun.
El recuerdo de Mnasidika Ellas danzaban una delante de la otra a manera de un movimiento apresurado y escurridizo, parecían querer abrazarse no obstante, solo se tocaban el inicio de los labios.
Cuando se volvían de espaldas, se miraban los rostros sobre la espalda y la brillante transpiraciónse escurría bajo sus alzados brazos y sus finos cabellos, delante de sus pechos.
La languidez de sus ojos, el ardor en sus mejillas, la gravedad de sus rostros, eran tres canciones apasionadas. En tanto disimuladamente enredaban sus cuerpos sobre sus caderas.
Y de golpe, cayeron en el suelo, para finalizar ahí su voluptuosa danza. Es entonces que tu te me has aparecido Mnasidika, y tu imagen ha sido inoportuna.
Versión de Virginia Libellés : Pierre Louys |