Stephane Mallarmé (1842-1898)
Une négresse par le démon secouée
Veut goûter une enfant triste de fruits nouveaux
Et criminels aussi sous leur robe trouée
Cette goinfre s'apprête à de rusés travaux:
À son ventre compare heureuse deux tétines
Et, si haut que la main ne le saura saisir,
Elle darde le choc obscur de ses bottines
Ainsi que quelque langue inhabile au plaisir
Contre la nudité peureuse de gazelle
Qui tremble, sur le dos tel un fol éléphant
Renversée elle attend et s'admire avec zèle,
En riant de ses dents naïves à l'enfant;
Et, dans ses jambes où la victime se couche,
Levant une peau noire ouverte sous le crin,
Avance le palais de cette étrange bouche
Pâle et rose comme un coquillage marin.
Una negra
Una negra por el demonio sacudida
Quiso en un niño triste gustar de nuevos frutos
Y criminales bajo su veste agujereada.
Esta voraz prepara sus trabajos astutos:
Con su vientre compara dos airosos pezones
Y allá donde la mano no consigue ascender
Eleva el golpeteo sordo de sus tacones
Como una rara lengua torpe para el placer.
Contra la desnudez miedosa de gacela
Que tiembla, sobre el dorso, como un gran elefante
Enajenada aguarda y se admira y encela
Y ríe con sus dientes ingenuos al infante.
Y entre sus piernas donde su víctima se acuesta,
Bajo la crin la negra piel abierta al azar,
La extraña boca su paladar manifiesta
Pálido y rosa como un caracol de mar.
Libellés : Stephane Mallarmé