Adrienne Monnier -A Sylvia Beach- |
dimanche, mars 06, 2005 |
A Sylvia Beach Adrienne Monnier (1892-1955)
Je te salue, ma Sœur née par-delà les mers ! Voici que mon étoile a retrouvé la tienne, Non pas fondue au feu du soleil primitif, Mais vive, exacte et neuve en sa grâce étrangère, Prodigue des trésors amassés en son cours.
Je chantais solitaire, attentive aux promesses Que notre Mère écrit dans le regard des hommes, L'éclat des diamants et l'orient des perles. Je cachais en mon sein, comme un oiseau fragile, Le bel espoir craintif qui se nourrit des miels. Je vouais aux pudeurs, linges blancs et croisés, La naissante pensée qu'on baptise de pleurs. Je me sauve, à présent, oh ! ma Sœur, par tes soins, De ces tourments, de ces regrets, de ces faiblesses ! La force me revient, et si j'aime la Nuit, Si j'interroge encor ses dernières terreurs, C'est pour mûrir la paix d'un jour définitif.
Déjà, Midi nous voit , l'une en face de l'autre, Debout devant nos seuils, au niveau de la rue, Doux fleuve de soleil qui porte sur ses bords Nos librairies. Midi lève nos mains, déliées du service, Pour l'appel des repas, pour le temps des silences, Et fait étinceler, sous le jeu de leur signe, La flamme encor cachée au cœur de nos pays.
A Sylvia Beach
¡Te saludo, oh mi hermana nacida allende el mar! He aquí que mi estrella se juntó con la tuya, No fundida en el fuego del primitivo sol, Mas viva, exacta y nueva en su gracia extranjera, Pródiga de tesoros que recogió en su curso.
Atenta a las promesas que en los ojos del hombre Escribe nuestra Madre, cantaba, solitaria, El brillo y el oriente de diamantes y perlas. Ocultaba en mi pecho como un pájaro frágil, La esperanza medrosa que se nutre de mieles. Consagraba al pudor, cruzados lienzos blancos, La conciencia naciente bautizada con llantos. ¡Gracias a ti, oh hermana, puedo escapar, ahora, A esos tormentos, a esas miserias y pesares !Recobro ya mis fuerzas, y si amo la Noche, Si escruto todavía sus últimos terrores Es para madurar la paz de un día postrero.
Ya nos ve Mediodía una frente a la otra De pie en nuestros umbrales, al borde de la calle, Suave río de sol que tiene en sus riberas Nuestras dos Librerías. Tras la labor levanta Mediodía tus manos Y las mías, es hora de almuerzo y de silencios, Y aviva los destellos, en las señas que hacen, De la llama que esconden aún nuestros países. Versión de Carlos Cámara y Miguel Ángel FrontánLibellés : Adrienne Monnier |
posted by Alfil @ 3:06 PM |
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