Adrienne Monnier -Comme la religieuse ancienne- |
dimanche, mars 06, 2005 |
Comme la religieuse ancienne Adrienne Monnier (1892-1955)
À Simone Guye
Comme la religieuse ancienne Qui trouvait en elle sa règle Et qui, aidée par ses compagnes, Établissait une maison Moitié ferme et moitié couvent, J'ai fait ainsi ma Librairie. Mais moi, je n'ai pas de Dieu ! Ce nom m'offense, me blesse Jusqu'au cœur de mes racines, Il m'ôte le goût de vivre, Il arrache le bandeau Qui recouvre cette plaie Dont rien n'a pu nous guérir. Quelques-uns de mes frères Ont un pouvoir sur moi, Leurs ordres me rassurent, Je travaille pour eux, J'oublie alors ma peine, Je les console aussi. Le voyageur perdu C'est moi qui le ramène, Je me réchauffe au feu Que j'allume pour lui, Je mêle à ses prières Ma voix pleine de nuit.
Como la monja antigua
A Simone Guye
Como la monja antigua Que en sí misma encontraba La regla, y que ponía, Con sus hermanas, casa Entre granja y convento, Abrí mi Librería. ¡Pero yo Dios no tengo! Ese nombre me hiere Muy hondo en mis raíces, Las ganas de vivir Me arranca, y el vendaje Que recubre esta llaga Que nada nos curó. Ciertos hermanos míos Ejercen sobre mí un poder, Me sosiegan sus órdenes, Para ellos trabajo, Y olvido así mis penas, Y también los consuelo. Soy yo la que conduce Al viajero perdido, Y me caliento al fuego Que enciendo para él, Uniendo a sus plegarias Mi voz llena de noche.
Versión de Carlos Cámara y Miguel Ángel FrontánLibellés : Adrienne Monnier |
posted by Alfil @ 2:56 PM |
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