Arthur Rimbaud -Les pauvres à l'église- |
mercredi, septembre 08, 2004 |
Les pauvres à l'église Arthur Rimbaud (1854-1891)
Parqués entre des bancs de chêne, aux coins d'église Qu'attiédit puamment leur souffle, tous leurs yeux Vers le choeur ruisselant d'orrie et la maîtrise Aux vingt gueules gueulant les cantiques pieux ;
Comme un parfum de pain humant l'odeur de cire, Heureux, humiliés comme des chiens battus, Les Pauvres au bon Dieu, le patron et le sire, Tendent leurs oremus risibles et têtus.
Aux femmes, c'est bien bon de faire des bancs lisses, Après les six jours noirs ou Dieu les fait souffrir ! Elles bercent, tordus dans d'étranges pelisses, Des espèces d'enfants qui pleurent à mourir.
Leurs seins crasseux dehors, ces mangeuses de soupe, Une prière aux yeux et ne priant jamais, Regardent parader mauvaisement un groupe De gamines avec leurs chapeaux déformés.
Dehors, le froid, la faim, l'homme en ribote : C'est bon. Encore une heure ; après, les maux sans noms ! - Cependant, alentour, geint, nasille, chuchote Une collection de vieilles à fanons :
Ces effarés y sont et ces épileptiques Dont on se détournait hier aux carrefours ; Et, fringalant du nez dans des missels antiques, Ces aveugles qu'un chien introduit dans les cours.
Et tous, bavant la foi mendiante et stupide, Récitent la complainte infinie à Jésus, Qui rêve en haut, jauni par le vitrail livide, Loin des maigres mauvais et des méchants pansus,
Loin des senteurs de viande et d'étoffes moisies, Farce prostrée et sombre aux gestes repoussants ; - Et l'oraison fleurit d'expressions choisies, Et les mysticités prennent des tons pressants,
Quand, des nefs où périt le soleil, plis de soie Banals, sourires verts, les Dames des quartiers Distingués, - ô Jésus ! - les malades du foie Font baiser leurs longs doigts jaunes aux bénitiers.
Los pobres en la iglesia
Aparcados en bancos de roble, en los rincones de la iglesia que entibia su aliento, con los ojos clavados en el coro dorado, mientras brama la escolanía cánticos piadosos por sus fauces,
aspirando la cera como un olor de hogaza, dichosos, humillados, cual perros que apalean, los pobres del Buen Dios , el patrón y el señor, ofrecen sus Oremus, irrisorios y obtusos.
¡Está bien ofrecerle bancos lisos a la hembra después de los seis días en que Dios la maltrata! pues acuna, revuelto en extrañas pellizas, algo parejo a un niño que llora sin cesar.
Con las tetas mugrientas al aire, estas sopistas , con la oración prendida en ojos que no rezan, miran a las golfillas de triste pavoneo, busconas bajo el ala del sombrero deforme.
Fuera, el frío y el hambre y el hombre con su juerga: ¡pues, vale! una hora más; después males a miles. ––Mientras, en torno a ellas, gime, ganguea, charla un grupito de viejas con enormes papadas.
Y están los epilépticos y esos despavoridos que todo el mundo huye en las encrucijadas; y husmeando gozosos en los viejos misales esos ciegos que un perro introduce en los patios.
Babeando una fe pordiosera y estúpida, todos dicen su queja infinita a Jesús que sueña en lo alto, lívido, por la luz amarilla, lejos de flacos malos y de malos panzudos,
del olor de la carne y las telas mohosas: farsa humilde y sombría de gestos asquerosos. ––Y la oración florece con frases escogidas, y el misticismo adopta matices apremiantes ,
cuando en la nave el sol muere, y pliegues de seda sosos y verdes risas, las damas de los barrios distinguidos, ––¡Jesús!–– las enfermas de hígado, dan a besar sus dedos, en el agua bendita .Libellés : Arthur Rimbaud |
posted by Alfil @ 3:36 PM |
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