Arthur Rimbaud -A la musique- |
mercredi, septembre 08, 2004 |
A la musique Arthur Rimbaud (1854-1891)
Place de la Gare, à Charleville.
Sur la place taillée en mesquines pelouses, Square où tout est correct, les arbres et les fleurs, Tous les bourgeois poussifs qu'étranglent les chaleurs Portent, les jeudis soirs, leurs bêtises jalouses.
- L'orchestre militaire, au milieu du jardin, Balance ses schakos dans la Valse des fifres : Autour, aux premiers rangs, parade le gandin ; Le notaire pend à ses breloques à chiffres.
Des rentiers à lorgnons soulignent tous les couacs : Les gros bureaux bouffis traînant leurs grosses dames Auprès desquelles vont, officieux cornacs, Celles dont les volants ont des airs de réclames ;
Sur les bancs verts, des clubs d'épiciers retraités Qui tisonnent le sable avec leur canne à pomme, Fort sérieusement discutent les traités, Puis prisent en argent, et reprennent : " En somme !... "
Épatant sur son banc les rondeurs de ses reins, Un bourgeois à boutons clairs, bedaine flamande, Savoure son onnaing d'où le tabac par brins Déborde - vous savez, c'est de la contrebande ; -
Le long des gazons verts ricanent les voyous ; Et, rendus amoureux par le chant des trombones, Très naïfs, et fumant des roses, les pioupious Caressent les bébés pour enjôler les bonnes...
- Moi, je suis, débraillé comme un étudiant, Sous les marronniers verts les alertes fillettes : Elles le savent bien ; et tournent en riant, Vers moi, leurs yeux tout pleins de choses indiscrètes.
Je ne dis pas un mot : je regarde toujours La chair de leurs cous blancs brodés de mèches folles : Je suis, sous le corsage et les frêles atours, Le dos divin après la courbe des épaules.
J'ai bientôt déniché la bottine, le bas... - Je reconstruis les corps, brûlé de belles fièvres. Elles me trouvent drôle et se parlent tout bas... - Et je sens les baisers qui me viennent aux lèvres...
A la música
Plaza de la Estación, en Charleville
A la plaza que un césped dibuja, ralo y pobre, y donde todo está correcto, flores, árboles, los burgueses jadeantes, que ahogan los calores, traen todos los jueves, de noche, su estulticia.
––La banda militar, en medio del jardín, con el Vals de los pífanos el chacó balancea: ––Se exhibe el lechuguino en las primeras filas y el notario es tan sólo los dijes que le cuelgan .
Rentistas con monóculo subrayan los errores: burócratas henchidos arrastran a sus damas a cuyo lado corren, fieles como comacas , ––mujeres con volantes que parecen anuncios.
Sentados en los bancos, tenderos retirados, a la par que la arena con su bastón atizan, con mucha dignidad discuten los tratados , aspiran rapé en plata , y siguen: «¡Pues, decíamos!...»
Aplastando en su banco un lomo orondo y fofo, un burgués con botones de plata y panza nórdica saborea su pipa, de la que cae una hebra de tabaco; ––Ya saben, lo compro de estraperlo.
Y por el césped verde se ríen los golfantes, mientras, enamorados por el son del trombón, ingenuos, los turutas, husmeando una rosa acarician al niño pensando en la niñera...
Yo sigo, hecho un desastre, igual que un estudiante, bajo el castaño de indias, a las alegres chicas: lo saben y se vuelven, riéndose, hacia mí, con los ojos cuajados de ideas indiscretas.
Yo no digo ni mu, pero miro la carne de sus cuellos bordados, blancos, por bucles locos : y persigo la curva, bajo el justillo leve, de una espalda de diosa, tras el arco del hombro.
Pronto, como un lebrel, acecho botas, medias ... ––Reconstruyo los cuerpos y ardo en fiebres hermosas. Ellas me encuentran raro y van cuchicheando... ––Mis deseos brutales se enganchan a sus labios ...Libellés : Arthur Rimbaud |
posted by Alfil @ 2:53 PM |
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