Arthur Rimbaud -La maline- |
mercredi, septembre 08, 2004 |
La maline Arthur Rimbaud (1854-1891)
Dans la salle à manger brune, que parfumait Une odeur de vernis et de fruits, à mon aise Je ramassais un plat de je ne sais quel met Belge, et je m'épatais dans mon immense chaise.
En mangeant, j'écoutais l'horloge, - heureux et coi. La cuisine s'ouvrit avec une bouffée, - Et la servante vint, je ne sais pas pourquoi, Fichu moitié défait, malinement coiffée
Et, tout en promenant son petit doigt tremblant Sur sa joue, un velours de pêche rose et blanc, En faisant, de sa lèvre enfantine, une moue,
Elle arrangeait les plats, près de moi, pour m'aiser ; - Puis, comme ça, - bien sûr, pour avoir un baiser, - Tout bas : " Sens donc, j'ai pris 'une' froid sur la joue... "
La tunanta
En el comedor pardo, que perfumaba una mezcla de olor de fruta y de barniz, a gusto, me hice con un plato de no sé qué guisado belga, y me arrellané en una enorme silla.
Mientras comía, oí el reloj ––feliz, quedo... La cocina se abrió, inmensa bocanada, ––y la criada entró; y no sé bien por qué llevaba el chal abierto y un peinado travieso.
Y mientras recorría con su dedo azorado su cara, un terciopelo, durazno blanco y rosa, haciendo un gesto ingenuo con su labio de niña,
colocaba los platos, junto a mí, serenándome. Y luego, distraída, para ganarse un beso, bajito: «toca, toca: me s’ha enfriao la cara...»Libellés : Arthur Rimbaud |
posted by Alfil @ 3:11 PM |
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