Les deux bonnes soeurs
Charles Baudelaire (1821-1867)
La Débauche et la Mort sont deux aimables filles,
Prodigues de baisers et riches de santé,
Dont le flanc toujours vierge et drapé de guenilles
Sous l'éternel labeur n'a jamais enfanté.
Au poète sinistre, ennemi des familles,
Favori de l'enfer, courtisan mal renté,
Tombeaux et lupanars montrent sous leurs charmilles
Un lit que le remords n'a jamais fréquenté.
Et la bière et l'alcôve en blasphèmes fécondes
Nous offrent tour à tour, comme deux bonnes soeurs,
De terribles plaisirs et d'affreuses douceurs.
Quand veux-tu m'enterrer, Débauche aux bras immondes?
O Mort, quand viendras-tu, sa rivale en attraits,
Sur ses myrtes infects enter tes noirs cyprès?
Las dos buenas hermanas
La Licencia y la Muerte son dos buenas muchachas,
pródigas de sus besos y ricas en salud;
su flanco siempre virgen y cubierto de hilachas,
con la eterna labor jamás ha dado a luz.
Al poeta siniestro, enemigo del hogar,
favorito del infierno, cortesano sin más,
tumbas y lupanares le muestran tras su vallado
un lecho que el remordimiento no frecuenta jamás.
Y el ataúd y la alcoba con grandes blasfemias
nos ofrecen alternando como buenas hermanas
terribles placeres y horribles deleites.
¿Cuándo quieres enterrarme, Vicio de brazos inmundos?
Muerte, su rival en atractivos, ¿cuándo vendrás
a plantar tus negros cipreses sobre sus mirtos fétidos?
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