Les aveugles
Charles Baudelaire (1821-1867)
Contemple-les, mon âme; ils sont vraiment affreux!
Pareils aux mannequins; vaguement ridicules;
Terribles, singuliers comme les somnambules;
Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.
Leurs yeux, d'où la divine étincelle est partie,
Comme s'ils regardaient au loin, restent levés
Au ciel; on ne les voit jamais vers les pavés
Pencher rêveusement leur tête appesantie.
Ils traversent ainsi le noir illimité,
Ce frère du silence éternel. O cité!
Pendant qu'autour de nous tu chantes, ris et beugles,
Eprise du plaisir jusqu'à l'atrocité,
Vois! je me traîne aussi! mais, plus qu'eux hébété,
Je dis: Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles?
Los ciegos
¡Contémplalos, alma mía; son realmente horrendos!
Parecidos a maniquíes; vagamente ridículos;
Terribles, singulares como los sonámbulos;
Asestando, no se sabe dónde, sus globos tenebrosos.
Sus ojos, de donde la divina chispa ha partido.
Como si miraran a lo lejos, permanecen elevados
Hacia el cielo; no se les ve jamás hacia los suelos
Inclinar soñadores su cabeza abrumada.
Atraviesan así el negror ilimitado,
Este hermano del silencio eterno. ¡Oh, ciudad!
Mientras que alrededor nuestro, tú cantas, ríes y bramas,
Prendada del placer hasta la atrocidad,
¡Mira! ¡Yo me arrastro también! Pero, más que ellos, ofuscado,
Pregunto: ¿Qué buscan en el Cielo, todos estos ciegos?
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