Antonin Artaud -Tutuguri. Le rite du soleil noir- |
vendredi, mai 19, 2006 |
Tutuguri. Le rite du soleil noir Antonin Artaud (1896-1948) Et en bas, comme au bas de la pente amère, cruellement désespérée du cœur, s'ouvre le cercle des six croix, très en bas, comme encastré dans la terre mère, désencastré de l'étreinte immonde de la mère qui bave.
La terre de charbon noir est le seul emplacement humide dans cette fente de rocher.
Le Rite est que le nouveau soleil passe par sept points avant d'éclater à l'orifice de la terre.
Et il y a six hommes, un pour chaque soleil, et un septième homme qui est le soleil tout cru habillé de noir et de chair rouge.
Or, ce septième homme est un cheval, un cheval avec un homme qui le mène. Mais c'est le cheval qui est le soleil et non l'homme.
Sur le déchirement d'un tambour et d'une trompette longue, étrange, les six hommes qui étaient couchés, roulés à ras de terre, jaillissent successivement comme des tournesols, non pas soleils mais sols tournants, des lotus d'eau, et à chaque jaillissement correspond le gong de plus en plus sombre et rentré du tambour jusqu'à ce que tout à coup on voie arriver au grand galop, avec une vitesse de vertige, le dernier soleil, le premier homme, le cheval noir avec un homme nu, absolument nu et vierge sur lui.
Ayant bondi, ils avancent suivant des méandres circulaires et le cheval de viande saignante s'affole et caracole sans arrêt au faîte de son rocher jusqu'à ce que les six hommes aient achevé de cerner complètement les six croix. Or, le ton majeur du Rite est justement
L'ABOLITION DE LA CROIX.
Ayant achevé de tourner ils déplantent les croix de terre et l'homme nu sur le cheval arbore un immense fer à cheval qu'il a trempé dans une coupure de son sang.
Tutuguri. El rito del sol negro
Y abajo, como en lo bajo del amargo declive, cruelmente desesperado del corazón, se abre el círculo de las seis cruces, muy abajo como encastrado en la tierra madre, desencantado del inmundo abrazo de la madre que babea,
la tierra de carbón negro es el único emplazamiento húmedo en esta hendidura de peñasco.
El rito consiste en que el nuevo sol pase por siete puntos antes de estallar en el orificio de la tierra.
y hay seis hombres, uno para cada sol y un séptimo hombre que es el sol totalmente crudo vestido de negro y de roja carne.
Ahora bien: este séptimo hombre es un caballo, un caballo con un hombre que lo lleva. Pero es el caballo el sol y no el hombre.
Sobre el desgarramiento de un tambor y de una larga trompeta extraña, los seis hombres que estaban acostados, arrollados al ras de la tierra brotan sucesivamente como girasoles no soles sino suelos giratorios, lotos de agua, y a cada brote corresponde el gong más y más sombrío y recogido del tambor hasta que de pronto se ve llegar a gran galope, con una velocidad de vértigo, el último sol, el primer hombre, el caballo negro con un hombre desnudo absolutamente desnudo y virgen sobre él.
Después del salto, meandros circulares y le caballo de carnes sangrantes enloquece y caracolea sin cesar en la cima de un peñasco hasta que los seis hombres acaben de cercar completamente las seis cruces.
Pues el tono mayor del rito es justamente
LA ABOLICION DE LA CRUZ
Cuando acaban de girar arrancan las cruces de tierra y el hombre desnudo sobre el caballo enarbola una inmensa herradura que ha empapado en una grieta de su sangre.Libellés : Antonin Artaud |
posted by Alfil @ 8:44 AM |
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