Tu mettrais l'univers...
Charles Baudelaire (1821-1867)
Tu mettrais l'univers entier dans ta ruelle,
Femme impure! L'ennui rend ton âme cruelle.
Pour exercer tes dents à ce jeu singulier,
Il te faut chaque jour un coeur au râtelier.
Tes yeux, illuminés ainsi que des boutiques
Et des ifs flamboyants dans les fêtes publiques,
Usent insolemment d'un pouvoir emprunté,
Sans connaître jamais la loi de leur beauté.
Machine aveugle et sourde, en cruautés féconde!
Salutaire instrument, buveur du sang du monde,
Comment n'as-tu pas honte et comment n'as-tu pas
Devant tous les miroirs vu pâlir tes appas?
La grandeur de ce mal où tu te crois savante
Ne t'a donc jamais fait reculer d'épouvante,
Quand la nature, grande en ses desseins cachés
De toi se sert, ô femme, ô reine des péchés,
- De toi, vil animal, - pour pétrir un génie?
O fangeuse grandeur! sublime ignominie!
Meterías al universo entero...
Meterías al universo entero en tu calleja,
¡Mujer impura! El hastío torna tu alma cruel.
Para ejercitar tus dientes en este juego singular,
Necesitas cada día un corazón en el pesebre.
Tus ojos, iluminados cual tiendas
Y tejos llameantes en los festejos públicos,
Utilizan insolentemente un poder prestado,
Sin conocer jamás la ley de su belleza.
¡Máquina ciega y sorda, en crueldades fecunda!
Salutífero instrumento, bebedor de la sangre del mundo,
¿Cómo no tienes vergüenza y cómo no has visto,
Ante todos los espejos, palidecer tus atractivos?
La grandeza de este mal en que te crees sabia
¿No te ha hecho nunca retroceder de espanto,
Cuando la natura, grande en sus designios ocultos,
De ti se sirve, ¡oh mujer! ¡oh reina de los pecados!
-De ti, vil animal-, para amasar un genio?
¡Oh, fangosa grandeza! ¡sublime ignominia!
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