Charles Baudelaire -Confession- |
dimanche, avril 23, 2006 |
Confession Charles Baudelaire (1821-1867)
Une fois, une seule, aimable et douce femme, A mon bras votre bras poli S'appuya (sur le fond ténébreux de mon âme Ce souvenir n'est point pâli); Il était tard; ainsi qu'une médaille neuve La pleine lune s'étalait, Et la solennité de la nuit, comme un fleuve, Sur Paris dormant ruisselait.
Et le long des maisons, sous les portes cochères, Des chats passaient furtivement L'oreille au guet, ou bien, comme des ombres chères, Nous accompagnaient lentement.
Tout à coup, au milieu de l'intimité libre Eclose à la pâle clarté De vous, riche et sonore instrument où ne vibr eQue la radieuse gaieté,
De vous, claire et joyeuse ainsi qu'une fanfare Dans le matin étincelant Une note plaintive, une note bizarre S'échappa, tout en chancelant
Comme une enfant chétive, horrible, sombre, immonde, Dont sa famille rougirait, Et qu'elle aurait longtemps, pour la cacher au monde, Dans un caveau mise au secret.
Pauvre ange, elle chantait, votre note criarde: "Que rien ici-bas n'est certain, Et que toujours, avec quelque soin qu'il se farde, Se trahit l'égoïsme humain;
Que c'est un dur métier que d'être belle femme, Et que c'est le travail banal De la danseuse folle et froide qui se pâme Dans son sourire machinal;
Que bâtir sur les coeurs est une chose sotte; Que tout craque, amour et beauté, Jusqu'à ce que l'Oubli les jette dans sa hotte Pour les rendre à l'Eternité!"
J'ai souvent évoqué cette lune enchantée, Ce silence et cette langueur, Et cette confidence horrible chuchotée Au confessionnal du coeur.
Confesión
Una vez, una sola, amable y dulce mujer, En mi brazo tu brazo pulido Se apoyó (sobre el fondo tenebroso de mi alma Este recuerdo no ha palidecido);
Era tarde; cual una medalla nueva La luna llena se mostraba, Y la solemnidad de la noche, como un río, Sobre París durmiente corría.
Y a lo largo de las casas, bajo las puertas cocheras, Los gatos pasaban furtivamente, El oído en acecho, o bien, como sombras queridas. Nos acompañaban lentamente.
De pronto, en medio de la intimidad libre Abierta a la pálida claridad, De ti, rico y sonoro instrumento donde no vibra Más que la radiante alegría,
De ti, clara y alegre cual una fanfarria En la mañana chispeante, Una nota llorosa, una nota discordante, Se escapó vacilando
Como un niño endeble, horrible, sombrío, inmundo, Del que su familia se avergonzara, Y que, durante mucho tiempo, para ocultarlo al mundo, En una cueva lo tuviera en secreto.
Pobre ángel, ella entonó, su nota chillona: "Nada aquí abajo es cierto, Y siempre, por más que se acicale, Se traiciona el egoísmo humano;
"Es duro oficio el de ser bella mujer, Y es el trabajo banal De la bailarina loca y fría que se pasma En una sonrisa maquinal;
"Construir sobre los corazones es una cosa necia; Que todo vacila, amor y belleza, Hasta que el Olvido los arroja en su capacho, ¡Para volverlos a la Eternidad!"
Con frecuencia he evocado esta luna encantada, Este silencio y esta languidez, Y esta confidencia horrible murmurada En el confesionario del corazón.Libellés : Charles Baudelaire |
posted by Alfil @ 8:10 AM |
|
|