Temps mort... Louis Calaferte (1928-1994)
Temps mort. Les corps se séparent. Présence brusquement étrangère. Répugnance à toucher. A être touché. Le rapprochement a creusé un vide hostile. Excitation des nerfs. Curiosité. Audace. Caresser. Prendre un corps. Echauffement des désirs. Simulacre du meurtre. Une haine lointaine. Ne pas penser au possible dégoût. Sexe noir. Poils. Maladive rosure. Odeur intime. Odeur forte. Le pli de graisse. Sueur. Mots et halètements. L'envie est déjà passée. Accomplir le rituel. La bouche ouverte. Les dents. La langue. Salive. Pointes des seins. Cotonnade du ventre. Sexe. Poils. Pénétrer. Obtenir ce que seule obtient l'imagination. Bourrelage de l'accouplement. Humidités. Sels. Acides. Corps harassés. Ennemis. Les draps chauds. Prix de la chambre punaisé sur la porte. Ternissure autour de la poignée. Traces brunes. Glace éraillée de l'armoire. Le battant ferme mal. Meuble vide. Petite table de bois verni. Meuble vide. Les vêtements en désordre sur la moquette. Chaussure béante. Un soutien-gorge noir. Une jupe claire. Les vitres de la fenêtre sont sales. Partir. S'habiller. Partir. N'être plus cet incompréhensible accident. Ramolli le sexe pend entre les cuisses. Un après-midi d'enfance à la campagne. Avec des fruits. De gros raisins noirs. A cheval sur des épaules d'homme. Le corps glisse doucement du lit. Vêtements épars ramassés en hâte. Mouvement proche déjà si lointain. Le sac à main. La salle de bains. Il faisait une chaleur éclatante. Une petite fille riait. L'eau dans le lavabo. Enfiler un slip. Des chaussettes. Un pantalon. Une chemise. Le veston est sur le dos d'une chaise. La petite fille blonde avait un prénom très doux. Musical. Un prénom blond.
Tiempo muerto...
Tiempo muerto. Los cuerpos se separan. Presencia bruscamente extraña. Asco de tocar. De ser tocado. El acercamiento ha creado un vacío hostil. Excitación nerviosa. Curiosidad. Audacia. Acariciar. Coger un cuerpo. Fiebre del deseo. Simulacro de asesinato. Un odio lejano. No pensar en el asco posible. Sexo negro. Pelos. Enfermiza rosura. Olor íntimo. El pliegue de grasa. Sudor. Palabras y jadeos. El deseo ya ha pasado. Cumplir el ritual. La boca abierta. Los dientes. La lengua. Saliva. Las puntas de los pechos. Algodón del vientre. Sexo. Pelos. Penetrar. Conseguir lo sólo consigue la imaginación. Tormento del acoplamiento. Humedades. Sales. Ácidos. Cuerpos extenuados. Enemigos. Las sábanas calientes. El precio de la habitación clavado con una chinche en la puerta. Manchas alrededor del picaporte. Huellas marrones. Espejo gastado del armario. El batiente cierra mal. Mueble vacío. Mesita de madera barnizada. Mueble vacío. La ropa en desorden sobre la alfombra. Zapato boquiabierto. Un sostén negro. Una falda de color claro. Los vidrios de la ventana están sucios. Irse. Vestirse. Irse. Ya no ser este incomprensible accidente. Reblandecido cuelga el sexo entre los muslos. Una tarde de la infancia en el campo. Con frutas. Grandes uvas negras. A horcajadas sobre hombros masculinos. El cuerpo se desliza suavemente de la cama. Ropa dispersa recogida de prisa. Movimiento reciente ya tan lejano. El bolso. El cuarto de baño. Hacía un calor deslumbrante. Una niña reía. El agua en el lavabo. Ponerse un eslip. Calcetines. Un pantalón. Una camisa. La chaqueta está en el respaldo de una silla. La niña rubia tenía un nombre muy dulce. Musical. Un nombre rubio.
Versión de Carlos Cámara y Miguel Ángel FrontánLibellés : Louis Calaferte |