Portrait Blaise Cendrars (1887-1961)
Il dort Il est éveillé Tout à coup, il peint Il prend une église et peint avec une église Il prend une vache et peint avec une vache Avec une sardine Avec des têtes, des mains, des couteaux Il peint avec un nerf de bœuf Il peint avec toutes les sales passions d'une petite ville juive Avec toute la sexualité exacerbée de la province russe Pour la France Sans sensualité Il peint avec ses cuisses Il a les yeux au cul Et c'est tout à coup votre portrait C'est toi lecteur C'est moi C'est lui C'est sa fiancée C'est l'épicier du coin La vachère La sage-femme Il y a des baquets de sang On y lave les nouveau-nés Des ciels de folie Bouches de modernité La tour en tire-bouchon Des mains Le Christ Le Christ c'est lui Il a passé son enfance sur la Croix Il se suicide tous les jours Tout à coup il ne peint plus Il était éveillé Il dort maintenant Il s'étrangle avec sa cravate Chagall est étonné de vivre encore
Retrato
Está durmiendo Se despierta. De repente, está pintando. Toma una iglesia y pinta con una iglesia Toma una vaca y pinta con una vaca Con una sardina Con cabezas, manos, cuchillos Pinta con un nervio de buey Pinta con todas las sucias pasiones de una pequeña ciudad judía Con toda la sexualidad exacerbada de la provincia rusa Para Francia Sin sensualidad Pinta con los muslos Tiene los ojos en el trasero Y de pronto es tu retrato Es tú lector Es yo Es él Es su novia Es el tendero de la esquina La vaquera La comadrona Hay cubetas de sangre En ellas se lava a los recién nacidos Cielos de locura Bocas de modernidad La torre en tirabuzón Manos Cristo Cristo es él Pasó su infancia en la Cruz Se suicida todos los días De pronto deja de pintar Estaba despierto Ahora está durmiendo Se estrangula con la corbata A Chagall le sorprende seguir viviendo
Versión de Ramón BuenaventuraLibellés : Blaise Cendrars |