Aube Blaise Cendrars (1887-1961)
A l'aube je suis descendu au fond des machines. J'ai écouté pour une dernière fois la respiration profonde des pistons. Appuyé à la fragile main-courante de nickel j'ai senti pour une dernière fois cette sourde vibration des arbres de couche pénétrer en moi avec le relent des huiles surchauffées et la tiédeur de la vapeur. Nous avons encore bu un verre, le chef-mécanicien cet homme tranquille et triste qui a un si beau sourire d'enfant et qui ne cause jamais, et moi. Comme je sortais de chez lui le soleil sortait tout naturellement de la mer et chauffait déjà dur. Le ciel mauve n'avait pas un nuage. Et comme nous pointions sur Santos notre sillage décrivait un grand arc de cercle miroitant sur la mer immobile.
Amanecer
Bajé al amanecer a la sala de máquinas Oí una última vez el hondo respirar de los pistones Apoyado en la frágil barandilla de níquel sentí una última vez la sorda vibración de los motores penetrar en mí con el olor del aceite sobrecalentado y la tibieza del vapor Nos tomamos un trago con el jefe de mecánicos hombre tranquilo y taciturno que tiene una sonrisa de niño y que jamás discute y yo Mientras salía de su camarote el sol salió con naturalidad del mar y quemaba ya mucho El cielo color malva no tenía ni una nube Y mientras enfilábamos con rumbo a Santos nuestra estela describía un gran arco de círculo que refulgía sobre el mar inmóvil
Versión de Ezequiel ZaidenwergLibellés : Blaise Cendrars |