René Char -Antonin Artaud- |
samedi, février 25, 2006 |
Antonin Artaud René Char (1907-1988)
Je n'ai pas la voix pour faire ton éloge, grand frère. Si je me penchais sur ton corps que la lumière va éparpiller, Ton rire me repousserait. Le cœur entre nous, durant ce qu'on appelle improprement un bel orage, Tombe plusieurs fois, Tue, creuse et brûle, Puis renaît plus tard dans la douceur du champignon. Tu n'as pas besoin d'un mur de mots pour exhausser ta vérité, Ni des volutes de la mer pour oindre ta profondeur, Ni de cette main fiévreuse qui vous entoure le poignet, Et légèrement vous mène abattre une forêt Dont nos entrailles sont la hache. Il suffit. Rentre au volcan. Et nous, Que nous pleurions, assumions ta relève ou demandions : « Qui est Artaud ?» à cet épi de dynamite dont aucun. grain ne se détache, Pour nous, rien n'est changé, Rien, sinon cette chimère bien en vie de l'enfer qui prend congé de notre angoisse.
Antonin Artaud
No tengo voz para elogiarte, hermano mío. Si me inclinara sobre tu cuerpo que la claridad va a dispersar, Tu risa me rechazaría. El corazón entre nosotros, durante lo que se llama impropiamente una hermosa tormenta, Da en tierra varias veces, Mata, cava e incendia, Luego renace más tarde en la dulzura del hongo. No necesitas un muro de palabras para exaltar tu verdad, Ni las volutas del mar para ungir tu profundidad, Ni de esta mano febriciente que nos rodea la muñeca, Y suavemente nos conduce a derribar un bosque En donde el hacha son nuestras entrañas. Está bien. Vuelve al volcán, Y nosotros, Que lloremos, asumamos tu relevo o preguntemos: "¿Quién es Artaud?' a esa espiga de dinamita de la que ningún grano se separa, Para nosotros, nada habrá cambiado, Nada, sino esta quimera viviente del infierno que se despide de nuestra angustia.Libellés : René Char |
posted by Alfil @ 2:51 PM |
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