Robert Desnos -Non l'amour n'est pas mort- |
lundi, janvier 16, 2006 |
Non l'amour n'est pas mort Robert Desnos (1900-1945)
Non, l'amour n'est pas mort en ce coeur et ces yeux et cette bouche qui proclamait ses funérailles commencées. Écoutez, j'en ai assez du pittoresque et des couleurs et du charme. J'aime l'amour, sa tendresse et sa cruauté. Mon amour n'a qu'un seul nom, qu'une seule forme. Tout passe. Des bouches se collent à cette bouche. Mon amour n'a qu'un nom, qu'une forme. Et si quelque jour tu t'en souviens Ô toi, forme et nom de mon amour, Un jour sur la mer entre l'Amérique et l'Europe, À l'heure où le rayon final du soleil se réverbère sur la surface ondulée des vagues, ou bien une nuit d'orage sous un arbre dans la campagne, ou dans une rapide automobile, Un matin de printemps boulevard Malesherbes, Un jour de pluie, À l'aube avant de te coucher, Dis-toi, je l'ordonne à ton fantôme familier, que je fus seul à t'aimer davantage et qu'il est dommage que tu ne l'aies pas connu. Dis-toi qu'il ne faut pas regretter les choses: Ronsard avant moi et Baudelaire ont chanté le regret des vieilles et des mortes qui méprisèrent le plus pur amour, Toi, quand tu seras morte, Tu seras belle et toujours désirable. Je serai mort déjà, enclos tout entier en ton corps immortel, en ton image étonnante présente à jamais parmi les merveilles perpétuelles de la vie et de l'éternité, mais si je vis Ta voix et son accent, ton regard et ses rayons, L'odeur de toi et celle de tes cheveux et beaucoup d'autres choses encore vivront en moi, En moi qui ne suis ni Ronsard ni Baudelaire, Moi qui suis Robert Desnos et qui, pour t'avoir connue et aimée, Les vaux bien. Moi qui suis Robert Desnos, pour t'aimer Et qui ne veux pas attacher d'autre réputation à ma mémoire sur la terre méprisable.
No, el amor no ha muerto
No, el amor no ha muerto en este corazón estos ojos y esta boca que proclamaba sus funerales empezados. Escuchad, estoy harto de lo pintoresco y de los colores y delencanto. Amo el amor, su ternura y su crueldad. Mi amor no tiene más que un solo nombre, una sola forma. Todo pasa. Bocas se pegan a esta boca. Mi amor no tiene más que un nombre, una forma. Y si algún día te acuerdas de él Oh tú, forma y nombre de mi amor, Un día en el mar entre América y Europa, A la hora donde el rayo final de sol reverbera sobre la ondulada superficie de las olas, o bien una noche de tormenta bajo un árbol en el campo, o en un coche veloz, Una mañana de primavera en el bulevar Malesherbes, Un día de lluvia, Al amanecer antes de acostarte, Dime, lo ordeno a tu fantasma familiar, que fui el único quete amo más y que es una pena que no lo hayas conocido. Dime que no hay que extrañar las cosas: Ronsard antes que yo y Baudelaire han cantado el lamento de viejas y muertas que despreciaron el amor más puro. Tú, cuando estés muerta, Serás hermosa y todavía deseable. Yo ya estaré muerto, enteramente encerrado en tu cuerpo inmortal, en tu asombrosa imagen presente para siempre entre las perpetuas maravillas de la vida y de la eternidad, pero si vivo Tu voz y su acento, tu mirada y sus rayos El olor a ti y el de tus cabellos y muchas otras cosas vivirán aún en mí, En mí que no soy Ronsard ni Baudelaire, En mí que soy Robert Desnos y que, por haberte conocido y amado, Valgo tanto como ellos. Yo que soy Robert Desnos, para amarte Y que no quiero ligar otra fama a mi memoria sobre la tierra despreciable.Libellés : Robert Desnos |
posted by Alfil @ 1:19 PM |
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