Robert Desnos -Ô douleurs de l'amour!- |
lundi, janvier 16, 2006 |
Ô douleurs de l'amour! Robert Desnos (1900-1945)
Ô douleurs de l'amour! Comme vous m'êtes nécessaires et comme vous m'êtes chères. Mes yeux qui se ferment sur des larmes imaginaires, mes mains qui se tendent sans cesse vers le vide. J'ai rêvé cette nuit de paysages insensés et d'aventures dangereuses aussi bien du point de vue de la mort que du point de vue de la vie, qui sont aussi le point de vue de l'amour. Au réveil vous étiez présentes, ô douleurs de l'amour, ô muses du désert, ô muses exigeantes.
Mon rire et ma joie se cristallisent autour de vous. C'est votre fard, c'est votre poudre, c'est votre rouge, c'est votre sac de peau de serpent, c'est vos bas de soie... et c'est aussi ce petit pli entre l'oreille et la nuque, à la naissance du cou, c'est votre pantalon de soie et votre fine chemise et votre manteau de fourrure, votre ventre rond c'est mon rire et mes joies vos pieds et tous vos bijoux. En vérité, comme vous êtes bien vêtue et bien parée.
Ô douleurs de l'amour, anges exigeants, voilà que je vous imagine à l'image même de mon amour, que je vous confonds avec lui... Ô douleurs de l'amour, vous que je crée et habille, vous vous confondez avec mon amour dont je ne connais que les vêtements et aussi les yeux, la voix, le visage, les mains, les cheveux, les dents, les yeux...
¡Oh dolores del amor!
¡Oh dolores del amor! Cuán necesarios y qué queridos sois para mí. Mis ojos que se cierran sobre lágrimas imaginarias, mis manos que se tienden sin cesar hacia el vacío. Soñé esta noche paisajes insensatos y aventuras peligrosas tanto desde el punto de vista de la muerte como desde el punto de vista de la vida, que son también el punto de vista del amor. Al despertar estabais presentes, oh dolores del amor, oh musas del desierto, oh musas exigentes.
Mi risa y mi alegría se cristalizan a vuestro alrededor. Es vuestro maquillaje, son vuestros polvos, es vuestro carmín, es vuestro bolso de piel de serpiente, son vuestras medias de seda… y es también ese pequeño pliegue entre la oreja y la nuca, en el nacimiento del cuello, es vuestro pantalón de seda y vuestra fina camisa y vuestro abrigo de piel, vuestro vientre redondo es mi risa y mis alegrías vuestros pies y todas vuestras joyas. En verdad, qué bien vestida está, qué bien engalanada.
Oh dolores del amor, ángeles exigentes, he aquí que os imagino a imagen de mi amor, que os confundo con él… Oh dolores del amor, que yo creo y visto, os confundís con mi amor del que no conozco sino la ropa y también los ojos, la voz, el rostro, las manos, el cabello, los dientes, los ojos…Libellés : Robert Desnos |
posted by Alfil @ 1:10 PM |
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