Paul Eluard -Celle de toujours, toute- |
samedi, décembre 17, 2005 |
Celle de toujours, toute Paul Eluard (1895-1952)
Si je vous dis : " j'ai tout abandonné " C'est qu'elle n'est pas celle de mon corps, Je ne m'en suis jamais vanté, Ce n'est pas vrai Et la brume de fond où je me meus Ne sait jamais si j'ai passé.
L'éventail de sa bouche, le reflet de ses yeux, Je suis le seul à en parler, je suis le seul qui soit concerné Par ce miroir si nul où l'air circule à travers moi Et l'air a un visage aimant, ton visage, A toi qui n'as pas de nom et que les autres ignorent, La mer te dit : sur moi, le ciel te dit : sur moi, Les astres te devinent, les nuages t'imaginent Et le sang de la générosité Te porte avec délices. Je chante la grande joie de te chanter, La grande joie de t'avoir ou de ne pas t'avoir, La candeur de t'attendre, l'innocence de te connaitre,
O toi qui supprimes l'oubli, l'espoir et l'ignorance, Qui supprimes l'absence et qui me mets au monde, Je chante pour chanter, je t'aime pour chanter Le mystère où l'amour me crée et se délivre.
Tu es pure, tu es encore plus pure que moi-même.
La de siempre, toda.
Si yo les digo: "he abandonado todo" Es porque ella no es la de mi cuerpo, Nunca hice de esto una jactancia, No es verdad, Y la bruma de fondo en que me muevo No sabe nunca si he pasado.
El abanico de su boca, el reflejo de sus ojos, Sólo yo los menciono, Sólo yo estoy rodeado Por ese espejo tan nulo donde el aire circula a través mío Y el aire tiene un rostro, un rostro amado, Un rostro enamorado, el tuyo. A ti que no tienes nombre y los demás te ignoran, El mar te dice: sobre mí, y el cielo: sobre mí; Los astros te adivinan, las nubes te imaginan Y la sangre derramada en los mejores momentos, La sangre de la generosidad, Te lleva con delicia.
Canto la gran alegría de cantarte, La gran alegría de tenerte o no tenerte, El candor en que te espero, la inocencia en que te conozco, Oh tú que suprimes el olvido, la ignorancia y la esperanza, Que suprimes la ausencia y me echas al mundo, Canto para cantar, te amo para cantar El misterio en que el amor me crea y se libera.
Eres pura, más pura todavía que yo.Libellés : Paul Eluard |
posted by Alfil @ 4:49 AM |
|
|