Theophile Gautier -Tristesse en mer- |
vendredi, octobre 21, 2005 |
Tristesse en mer Theophile Gautier (1811-1872)
Les mouettes volent et jouent ; Et les blancs coursiers de la mer, Cabrés sur les vagues, secouent Leurs crins échevelés dans l'air.
Le jour tombe ; une fine pluie Éteint les fournaises du soir, Et le steam-boat crachant la suie Rabat son long panache noir.
Plus pâle que le ciel livide Je vais au pays du charbon, Du brouillard et du suicide ; - Pour se tuer le temps est bon.
Mon désir avide se noie Dans le gouffre amers qui blanchit Le vaisseau danse, l'eau tournoie, Le vent de plus en plus fraîchit.
Oh ! Je me sens l'âme navrée ; L'Océan gonfle, en soupirant, Sa poitrine désespérée, Comme un ami qui me comprend.
Allons, peines d'amour perdues, Espoirs lassés, illusions Du socle idéal descendues, Un saut dans les moites sillons !
A la mer, souffrances passées, Qui revenez toujours, pressant Vos blessures cicatrisées Pour leur faire pleurer du sang !
A la mer, spectres de mes rêves, Regrets aux mortelles pâleurs Dans un cœur rouge ayant sept glaives, Comme la Mère des douleurs.
Chaque fantôme plonge et lutte Quelques instants avec le flot Qui sur lui ferme sa volute Et l'engloutit dans un sanglot.
Lest de l'âme, pesant bagage, Trésors misérables et chers, Sombrez, et dans votre naufrage Je vais vous suivre au fond des mers !
Bleuâtre, enflé, méconnaissable, Bercé par le flot qui bruit, Sur l'humide oreiller du sable Je dormirai bien cette nuit !
... Mais une femme dans sa mante Sur le pont assise à l'écart, Une femme jeune et charmante Lève vers moi son long regard.
Dans ce regard, à ma détresse La Sympathie aux bras ouverts Parle et sourit, sueur ou maîtresse. Salut, yeux bleus ! bonsoir, flots verts !
Les mouettes volent et jouent ; Et les blancs coursiers de la mer, Cabrés sur les vagues, secouent Leurs crins échevelés dans l'airs.
Tristeza en mar
Vuelan como jugando las gaviotas; y los blancos corceles de la mar, encabritados sobre el oleaje, sus despeinadas crines dan al aire.
Cae la tarde y una fina lluvia apaga las hogueras de la noche; a su paso el vapor escupe hollín y abate su penacho largo y negro.
Más pálido que el cielo sin color, me dirijo a la tierra del carbón, donde reinan la niebla y el suicidio; —Hace un tiempo ideal para matarse.
Siento ahogarse mis ávidos deseos en el abismo amargo que blanquea; se arremolina el agua, danza el barco, el viento cada vez se hace más fresco.
¡Está tan dolorida el alma mía! El océano se hincha, suspirando, y su desesperado pecho me parece como un amigo fiel que me comprende.
¡Penas de amor perdidas, adelante, esperanzas truncadas, ilusiones apeadas de alturas ideales, podéis saltar hasta los surcos húmedos!
¡Id al mar, sufrimientos del pasado que volvéis nuevamente para hurgar en vuestras cicatrices mal cerradas intentando otra vez que lloren sangre!
Id al mar los fantasmas de mis sueños, congojas de mortales palideces en este corazón con siete espadas como lleva la Madre dolorosa.
Cada fantasma se sumerge y lucha durante unos momentos con el agua que lo cubre al final de su voluta y lo engulle lanzando un gran sollozo.
¡Oh, pesado equipaje, lastre de alma, tesoros miserables y queridos hundíos y después de este naufragio yo mismo os seguiré al fondo del mar!
Lívido, hinchado e irreconocible, mecido por las olas que susurran en la húmeda almohada de la arena sé que voy a dormir bien esta noche.
... Pero hay una mujer que con su capa, en el puente sentada y solitaria, una mujer encantadora y joven, de repente me mira desde lejos.
En su mirada, a mi desolación la Simpatía de brazos abiertos habla y sonríe, hermana o bien amante. ¡Qué ojos azules! ¡Agua verde, adiós!
Vuelan como jugando las gaviotas y los blancos corceles de la mar, encabritados sobre el oleaje, sus despeinadas crines dan al viento.Libellés : Teophile Gautier |
posted by Alfil @ 7:05 PM |
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