Paul Géraldy -Distance- |
vendredi, octobre 14, 2005 |
Distance Paul Géraldy (Paul Lefèvre, 1885-1983)
Il m'a troublé comme un enfant ton rendez-vous au téléphone. J'avais dit, plus d'une heure avant, qu'on ne laissât entrer personne dans la chambre où j'avais éteint pour t'attendre toutes les lampes. Je sentais bourdonner mes tempes. Et je n'étais pas bien certain, seul au fond de cette ombre pleine, de la promesse de ta voix, que je n'allais pas contre moi sentir le vent de ton haleine... Lorsque ton brusque appel tinta, je crois que mon sang s'arrêta dans mes veines plusieurs secondes. Puis tu parlas. Je t'entendis. Mais tous les mots que tu me dis semblaient venir du bout du monde. Elle avait dû, ta pauvre voix, parcourir d'une seule haleine des collines, des champs, des plaines, des villes, passer sous des bois, longer des fleuves eet des routes... Et c'était pour cela sans doute qu'elle m'arrivait, cette voix, si changée, si diminuée, si ténue et si dénuée, que ce n'était presque plus toi qui parlais dans la chambre sombre, mais quelque chose comme l'ombre ou le fantôme de ta voix... Je m'étais dit, ma chère absente, que je te sentirais penché evers ma bouche, et sinon présente, du moins mille fois rapprochée... Mais au contraire à ce moment la distance semblait accrue entre nous indéfiniment... Et soudain tu m'es apparue, au bout de ce fil décevant, si déséspérement lointaine, que je me suis trouvé, devant ce téléphone, avec ma peine, plus seul et plus perdu qu'avant.
Distancia
Turbóme como a un niño tu cita telefónica. Una hora antes dije que nadie me entraría al cuarto, donde todas las luces extinguía para esperarte a oscuras. Zumbábanme las sienes. Dudaba si en la sombra cargada de promesas fragantes de tu voz quizás no sentiría el soplo de tu aliento... De pronto el llamamiento. Yo creo que mi pulso se detuvo un momento. Hablaste. Yo te oía. Las voces que dijiste venían de otro mundo. De un sólo único impulso tu pobre voz debía saltar colinas, llanos ciudades, campos, selvas, correr por las riberas de ríos y a lo largo de rutas y de sendas. Por eso me llegaba tu voz disminuida, tan tenue y tan cambiada que quien me conversaba aquí en el aposento ya no era tu persona, más bien era una sombra, fantasma de tu voz. Díjeme antes, amada, que yo te sentiría en mí como inclinada sobre mi boca ardiente y que si no presente al menos te hallaría mil veces acercada. Así no fue; al contrario, se me hizo ese instante más largo. La distancia crecía inmensamente. Y luego, de repente, surgiste al fin de ese hilo engañador, más lejos, horriblemente lejos, y me encontré delante del aparato, triste, más lúgubre e intranquilo, más solitario que antes.Libellés : Paul Géraldy |
posted by Alfil @ 1:34 PM |
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