Alfredo Gangotena -Absence- IX - |
mercredi, octobre 26, 2005 |
Absence. IX Alfredo Gangotena (Ecuador, 1904-1944)
Les murs tremblent, les feuilles aussi. Je vous le dis, je vous l'assure : Il y a quelqu'un qui saigne ici. Quelqu'un qui saigne de grosses gouttes, Lourdes comme l'acide enfoui au sein terrible de la montagne. Ouvrez les portes, ouvrez ! Que la vapeur, au plus vite, prenne La route du feu qui la reconduira aux anges. Il y a quelqu'un qui saigne ici. S'il vous parle : ses yeux, depuis une vie, Se sont ouverts dans votre nuit, Ah ! je vous le dis, comme un incendie De sèves dans la forêt ! Car il est bien damné dans sa chair, dans son esprit. Et saura-t-il jamais La douceur du ciel qui s'infiltre longuement dans nos paupières, Et ces brises d'espoir latent Qui bercent, allongent les feuilles endormies ? Le monde en son cœur, en son esprit Le monde, pour lui, est bien fini. Tout à sa honte, il ne respire plus. Il s'absente, il disparaît. Nous n'avons plus à le consoler. Pitié ! pourtant. Récidivons, récidivons! Couleurs vibrantes de son front, Faites en sorte qu'il se dise : « L'amour : ces souffles ! ces regards, ces songes, « Et toute image, toute ombre, « Et l'éternelle tristesse dans mon cerveau ! »
Regagnez, regagnez pourtant Votre foyer de lumières, Taches d'un soleil perdu Qui vous acharnez sur cet enfant de misère ! Le rayon d'en haut approche de lui son manteau de feu. Mais le froid est encore plus tenace, qui a glacé toute nourriture. - Seulement ce bruit de sables qui vole à côté… Serait-ce le jour, la clarté, la délivrance, Ou bien cette haleine stérile du désert Qui s'engouffre dans ses poussières Et sombre avec nous ?
Je vous le dis, je vous l'assure : Il y a quelqu'un qui saigne ici. Et sa voix, tout d'un coup, est celle-ci : « Je ne sais plus prier, je suis à bout, je suis perdu ! « Ô mes genoux ! « Qui vous évertuez à saisir les murmures, les saisons de la terre : « Les calvaires, les musiques, « N'en ont-ils pas assez, bien assez, « De la chaleur de mon sang, « Je ne sais plus prier, le vent me déchire ! « Ô Terre ! voici tes plaines et tes monts, « Tes cours d'eau, tes forêts ; « Mais encore me voici inculte, inassouvi… « Et même mourant tu me relègues à la dernière solitude du monde. » - Et l'étoile immobile, qui l'endommage, de répondre : « Ah oui ! jusqu'à ce que le ciel t'ait carrément recouvert « De sa purulence et de sa boue ! »
Ausencia. IX
Los muros tiemblan, las hojas también. Os lo digo, os lo aseguro: Hay alguien que sangra aquí. Alguien que sangra gruesas gotas, Pesadas como el ácido enterrado en el seno terrible de la montaña. ¡Abrid las puertas, abridlas! Que el vapor, lo más rápido posible, tome La ruta de fuego que lo llevará de regreso a los ángeles .Hay alguien que sangra aquí. Si os habla: sus ojos, desde hace toda una vida, Se abrieron en vuestra noche, ¡Ay, os lo digo, como un incendio De savias en el bosque! Pues bien está condenado, en su carne, en su espíritu. Y, ¿llegará alguna vez a conocer La dulzura del cielo que se nos infiltra largamente en los párpados, Y esas brisas de esperanza latente Que acunan, reclinan las hojas adormecidas? El mundo en su corazón, en su espíritu El mundo, para él, se ha terminado. Dominado por la vergüenza, ya no respira más. Se ausenta, desaparece, Ya no tenemos que consolarlo. ¡Piedad!, sin embargo. ¡Reincidamos, reincidamos! Colores vibrantes de su frente, Haced que se diga: "El amor: ¡esos hálitos, esas miradas, esos sueños, y toda imagen, toda sombra, y la tristeza eterna en mi cerebro!"
¡Volved, volved, sin embargo, a vuestro hogar lleno de luz, manchas de un sol perdido que os ensañáis con este hijo de la miseria! El rayo de lo alto le acerca su manto de fuego. Pero el frío, que congeló todo alimento, es más tenaz aún, Sólo ese ruido de arenas que vuela a su lado... ¿Será el día, la claridad, la liberación, O bien el hálito estéril del desierto Que se abisma en el polvo Y zozobra con nosotros?
Os lo digo, os lo aseguro: Hay alguien que sangra aquí. Y su voz, de golpe, es esta: "¡Yo ya no sé rogar, no puedo más, estoy perdido! ¡Oh mis rodillas! Que os extenuáis en aprehender los murmullos, las estaciones de la tierra: Los calvarios, las músicas, ¿No están hartos ya, muy hartos, Del calor de mi sangre? ¡Yo ya no sé rogar, el viento me desgarra! ¡Oh Tierra!, he aquí tus llanuras y tus montes, Tus cursos de agua, tus selvas; Pero ahora aún me ves sin cultivar, insaciado... E incluso moribundo me relegas a la última soledad del mundo." -Y la estrella inmóvil, que lo daña, responde: "¡Ah sí!, ¡hasta que el cielo te haya del todo cubierto Con su purulencia y con su lodo!"
Versión de Carlos Cámara y Miguel Ángel FrontánLibellés : Alfredo Gangotena |
posted by Alfil @ 6:15 PM |
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