Victor Hugo -A Virgile- |
vendredi, septembre 02, 2005 |
A Virgile Victor Hugo (1802 -1885)
O Virgile! ô poëte! ô mon maître divin! Viens, quittons cette ville au cri sinistre et vain Qui, géante, et jamais ne fermant la paupière, Presse un flot écumant entre ses flancs de pierre, Lutèce, si petite au temps de tes césars, Et qui jette aujourd'hui, cité pleine de chars, Sous le nom éclatant dont le monde la nomme, Plus de clarté qu'Athène et plus de bruit que Rome. Pour toi qui dans les bois fais, comme l'eau des cieux, Tomber de feuille en feuille un vers mystérieux, Pour toi, dont la pensée emplit ma rêverie, J'ai trouvé, dans une ombre où rit l'herbe fleurie, Entre Buc et Meudon, dans un profond oubli, — Et quand je dis Meudon, suppose Tivoli!— J'ai trouvé, mon poëte, une chaste vallée A des coteaux charmants nonchalamment mêlée, Retraite favorable à des amants cachés, Faite de flots dormants et de rameaux penchés, Où midi baigne en vain de ses rayons sans nombre La grotte et la forêt, frais asiles de l'ombre. Pour toi je l'ai cherchée, un matin, fier, joyeux, Avec l'amour au cœur et l'aube dans les yeux; Pour toi je l'ai cherchée, accompagné de celle Qui sait tous les secrets que mon âme recèle, Et qui, seule avec moi sous les bois chevelus, Serait ma Lycoris si j'étais ton Gallus. Car elle a dans le cœur cette fleur large et pure, L'amour mystérieux de l'antique nature. Elle aime comme nous, maître, ces douces voix, Ce bruit de nids joyeux qui sort des sombres bois, Et, le soir, tout au fond de la vallée étroite, Les coteaux renversés dans le lac qui miroite, Et, quand le couchant morne a perdu sa rougeur, Les marais irrités des pas du voyageur, Et l'humble chaume, et l'antre obstrué d'herbe verte, Et qui semble une bouche avec terreur ouverte, Les eaux, les prés, les monts, les refuges charmants, Et les grands horizons pleins de rayonnements. Maître! puisque voici la saison des pervenches, Si tu veux, chaque nuit, en écartant les branches, Sans éveiller d'échos à nos pas hasardeux, Nous irons tous les trois, c'est-à-dire tous deux, Dans ce vallon sauvage, et de la solitude, Rêveurs, nous surprendrons la secrète attitude. Dans la brune clairière où l'arbre au tronc noueux Prend le soir un profil humain et monstrueux, Nous laisserons fumer, à côté d'un cytise, Quelque feu qui s'éteint sans pâtre qui l'attise, Et, l'oreille tendue à leurs vagues chansons, Dans l'ombre, au clair de lune, à travers les buissons, Avides, nous pourrons voir à la dérobée Les satyres dansants qu'imite Alphésibée.
A Virgilio
¡Oh, Virgilio! ¡Oh, poeta, mi divino maestro! Ven, salgamos por fin de esta triste ciudad de clamores siniestros y tan vanos, gigante incapaz de cerrar ni un momento sus párpados, y que encauza la espuma de un gran mar en sus piedras, la pequeña Lutecia en la edad de los césares, y que hoy, llena de carros, tiene más resplandor, con el nombre brillante que hoy el mundo le da, que la Atenas de antaño, y más ruido que Roma.
Para ti que en los bosques, como el agua del cielo, haces que de hoja en hoja caiga un verso secreto, para ti, cuya hondura llena mi ensueño vago, he encontrado allí donde ríen hierbas y flores, entre Buc y Meudon, olvidada de todos —y si digo Meudon, tú imagínate Tívoli—, mi poeta, he encontrado un castísimo valle que se mezcla al azar con risueñas colinas, un asilo amistoso para ocultos amantes, hecho de aguas dormidas y ramaje encorvado, donde el sol baña en vano con sus rayos sin número esta gruta y el bosque, fresco amparo de sombra. Para ti lo he buscado, orgulloso y alegre, con amor en el pecho y en los ojos el alba; para ti lo he buscado en la dulce compaña de quien todo secreto de mí mismo conoce, y que, sola conmigo en la espesa floresta, si yo fuera tu Galo ella fuese mi Lícoris.
Porque en ella hay la flor grande y pura, el amor misterioso y sin tiempo de la naturaleza. Se complace, maestro, al igual que nosotros, en las voces suavísimas, el rumor de los nidos tan alegres que sale de los bosques oscuros,
en el lago espejeante al revés las colinas, y ya cuando el poniente ha perdido el color, los pantanos que turban las pisadas intrusas, y la humilde cabaña y la cueva que oculta el verdor de la hierba, y que a mí me parece una boca que se abre con terror para el grito, y las aguas, los prados, las montañas, las chozas y el inmenso horizonte inundado de brillos.
¡Oh, maestro! Ya estamos en la dulce estación de la hierba doncella, y así, pues, si consientes, cada noche, escuchando el rumor de la fronda sin que un eco despierte nuestros pies temerarios vagaremos los tres, mejor dicho, los dos, por lo agreste del valle, visionarios de aquella soledad, sorprendiendo su secreto semblante. Y en el fosco calvero donde el árbol nudoso es de noche un perfil entre el monstruo y el hombre, dejaremos humear una hoguera que vaya lentamente apagándose sin pastor que la avive, y tendiendo el oído a sus vagas canciones, en la sombra y al claro de la luna, a través de las brechas veremos a hurtadillas los sátiros danzarines que imita aquel tu Alfesibeo.Libellés : Victor Hugo |
posted by Alfil @ 3:15 AM |
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