Victor Hugo -Stella- |
vendredi, septembre 02, 2005 |
Stella Victor Hugo (1802 -1885)
Je m'étais endormi la nuit près de la grève. Un vent frais m'éveilla, je sortis de mon rêve, J'ouvris les yeux, je vis l'étoile du matin. Elle resplendissait au fond du ciel lointain Dans une blancheur molle, infinie et charmante. Aquilon s'enfuyait emportant la tourmente. L'astre éclatant changeait la nuée en duvet. C'était une clarté qui pensait, qui vivait ; Elle apaisait l'écueil où la vague déferle ; On croyait voir une âme à travers une perle. Il faisait nuit encor, l'ombre régnait en vain, Le ciel s'illuminait d'un sourire divin. La lueur argentait le haut du mât qui penche ; Le navire était noir, mais la voile était blanche ; Des goëlands debout sur un escarpement, Attentifs, contemplaient l'étoile gravement Comme un oiseau céleste et fait d'une étincelle ; L'océan, qui ressemble au peuple, allait vers elle, Et, rugissant tout bas, la regardait briller, Et semblait avoir peur de la faire envoler. Un ineffable amour emplissait l'étendue. L'herbe verte à mes pieds frissonnait éperdue, Les oiseaux se parlaient dans les nids ; une fleur Qui s'éveillait me dit : c'est l'étoile ma soeur. Et pendant qu'à longs plis l'ombre levait son voile, J'entendis une voix qui venait de l'étoile Et qui disait : - Je suis l'astre qui vient d'abord. Je suis celle qu'on croit dans la tombe et qui sort. J'ai lui sur le Sina, j'ai lui sur le Taygète ; Je suis le caillou d'or et de feu que Dieu jette, Comme avec une fronde, au front noir de la nuit. Je suis ce qui renaît quand un monde est détruit. Ô nations ! je suis la poésie ardente. J'ai brillé sur Moïse et j'ai brillé sur Dante. Le lion océan est amoureux de moi. J'arrive. Levez-vous, vertu, courage, foi ! Penseurs, esprits, montez sur la tour, sentinelles ! Paupières, ouvrez-vous, allumez-vous, prunelles, Terre, émeus le sillon, vie, éveille le bruit, Debout, vous qui dormez ! - car celui qui me suit, Car celui qui m'envoie en avant la première, C'est l'ange Liberté, c'est le géant Lumière !
Stella
Junto a la playa sorprendióme el sueño... Me despertó la brisa voladora, y vi del cielo en el azul risueño resplandecer la estrella de la Aurora. Derramaba un fulgor tan halagüeño, era su luz tan clara y brilladora, que huyendo el aquilón, por ella herido, con la tormenta se alejó aturdido. El astro seductor la nube hería y, en ligero rocío al disolverla, verse una alma en la altura parecía al través trasparente de una perla. Aun cuando apenas despuntaba el día, la sombra era imponente...que á vencerla, cual sonrisa del cielo, en esa hora vino de lleno la rosada Aurora. La luz el alto mástil plateaba... era negro el bajel...blanca la vela... un grupo de gaviotas contemplaba, con la curiosidad de quien anhela algo inquirir, la estrella que brillaba reflejando en el mar su viva estela, y que, más que astro, un ave que nacía de una chispa celeste parecía. El océano, al pueblo parecido, ahogaba su rumor absorto en ella, temiendo disipar con su rugido la claridad de tan brillante estrella. Todo era amor: el pájaro en su nido cantaba con placer ; temblante y bella, la hierba en que mi cuerpo reposaba al beso de las auras despertaba... Al abrirse, una flor dijo orgullosa: -"¡Esa estrella es mi hermana!"-...Y entretanto que la Noche envolvía presurosa los anchos pliegues de su negro manto, una voz escuché cual melodiosa nota inefable del celeste canto, que de la estrella misma en que nacía clara y distintamente así decía: -"El primer astro soy...¡y aunque me esconda la sombra, vivo!... ¡Lo que en mí fulgura diga el Taigeto...el Sinaí responda! De oro y fuego soy piedra de la altura que la mano de Dios con una honda tira á la frente de la Noche oscura...; soy el germen de vida que renace cuando un mundo caduco ó muerto yace. " ¡Oh Naciones, yo soy la Poesía! Yo iluminé á Moisés, alumbré á Dante... El mar su enamorada idolatría, Océano-León, me da anhelante... ¡Puesto que llego, alzaos... Energía, Virtud y Fe! ... ¡Que el pensador levante su altiva frente é imite al centinela que, fiel á su consigna, aguarda y vela!" " ¡Párpados contemplad la luz divina! ¡pupilas, ved el fuego que redime! ¡tierra, el surco cavad en la ruina! oídos, escuchad: ya nadie gime! ¡De pie los que dormís!... ¡Quien me ilumina es Numen de lo grande y lo sublime, Angel de Libertad, Genio fecundo, Gigante de la Luz, vida del mundo!"-
Versión de J. A. SoffiaLibellés : Victor Hugo |
posted by Alfil @ 6:04 AM |
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