Victor Hugo -Regard jeté dans une mansarde- |
vendredi, septembre 02, 2005 |
Regard jeté dans une mansarde Victor Hugo (1802 -1885)
I L'église est vaste et haute. À ses clochers superbes L'ogive en fleur suspend ses trèfles et ses gerbes ; Son portail resplendit, de sa rose pourvu ; Le soir fait fourmiller sous la voussure énorme Anges, vierges, le ciel, l'enfer sombre et difforme, Tout un monde effrayant comme un rêve entrevu.
Mais ce n'est pas l'église, et ses voûtes sublimes, Ses porches, ses vitraux, ses lueurs, ses abîmes, Sa façade et ses tours, qui fascinent mes yeux ; Non; c'est, tout près, dans l'ombre où l'âme aime à descendre Cette chambre d'où sort un chant sonore et tendre, Posée au bord d'un toit comme un oiseau joyeux.
Oui, l'édifice est beau, mais cette chambre est douce. J'aime le chêne altier moins que le nid de mousse ; J'aime le vent des prés plus que l'âpre ouragan ; Mon coeur, quand il se perd vers les vagues béantes, Préfère l'algue obscure aux falaises géantes. Et l'heureuse hirondelle au splendide océan.
II Frais réduit ! à travers une claire feuillée Sa fenêtre petite et comme émerveillée S'épanouit auprès du gothique portail. Sa verte jalousie à trois clous accrochée, Par un bout s'échappant, par l'autre rattachée, S'ouvre coquettement comme un grand éventail.
Au-dehors un beau lys, qu'un prestige environne, Emplit de sa racine et de sa fleur couronne – Tout près de la gouttière où dort un chat sournois – Un vase à forme étrange en porcelaine bleue Où brille, avec des paons ouvrant leur large queue, Ce beau pays d'azur que rêvent les Chinois.
Et dans l'intérieur par moments luit et passe Une ombre, une figure, une fée, une grâce, Jeune fille du peuple au chant plein de bonheur, Orpheline, dit-on, et seule en cet asile, Mais qui parfois a l'air, tant son front est tranquille, De voir distinctement la face du Seigneur.
On sent, rien qu'à la voir, sa dignité profonde. De ce coeur sans limon nul vent n'a troublé l'onde. Ce tendre oiseau qui jase ignore l'oiseleur. L'aile du papillon a toute sa poussière. L'âme de l'humble vierge a toute sa lumière. La perle de l'aurore est encor dans la fleur.
À l'obscure mansarde il semble que l'oeil voie Aboutir doucement tout un monde de joie, La place, les passants, les enfants, leurs ébats, Les femmes sous l'église à pas lents disparues, Des fronts épanouis par la chanson des rues, Mille rayons d'en haut, mille reflets d'en bas.
Fille heureuse ! autour d'elle ainsi qu'autour d'un temple, Tout est modeste et doux, tout donne un bon exemple. L'abeille fait son miel, la fleur rit au ciel bleu, La tour répand de l'ombre, et, devant la fenêtre, Sans faute, chaque soir, pour obéir au maître, L'astre allume humblement sa couronne de feu.
Sur son beau col, empreint de virginité pure, Point d'altière dentelle ou de riche guipure ; Mais un simple mouchoir noué pudiquement. Pas de perle à son front, mais aussi pas de ride, Mais un oeil chaste et vif, mais un regard limpide. Où brille le regard que sert le diamant ?
III L'angle de la cellule abrite un lit paisible. Sur la table est ce livre où Dieu se fait visible, La légende des saints, seul et vrai panthéon. Et dans un coin obscur, près de la cheminée, Entre la bonne Vierge et le buis de l'année, Quatre épingles au mur fixent Napoléon.
Cet aigle en cette cage ! – et pourquoi non ? dans l'ombre De cette chambre étroite et calme, où rien n'est sombre, Où dort la belle enfant, douce comme son lys, Où tant de paix, de grâce et de joie est versée, Je ne hais pas d'entendre au fond de ma pensée Le bruit des lourds canons roulant vers Austerlitz.
Et près de l'empereur devant qui tout s'incline, – Ô légitime orgueil de la pauvre orpheline ! – Brille une croix d'honneur, signe humble et triomphant, Croix d'un soldat, tombé comme tout héros tombe, Et qui, père endormi, fait du fond de sa tombe Veiller un peu de gloire auprès de son enfant.
IV Croix de Napoléon ! joyau guerrier ! pensée ! Couronne de laurier de rayons traversée ! Quand il menait ses preux aux combats acharnés, Il la laissait, afin de conquérir la terre, Pendre sur tous les fronts durant toute la guerre ; Puis, la grande oeuvre faite, il leur disait : Venez !
Puis il donnait sa croix à ces hommes stoïques, Et des larmes coulaient de leurs yeux héroïques ; Muets, ils admiraient leur demi-dieu vainqueur ; On eût dit qu'allumant leur âme avec son âme, En touchant leur poitrine avec son doigt de flamme, Il leur faisait jaillir cette étoile du coeur !
V Le matin elle chante et puis elle travaille, Sérieuse, les pieds sur sa chaise de paille, Cousant, taillant, brodant quelques dessins choisis ; Et, tandis que, songeant à Dieu, simple et sans crainte, Cette vierge accomplit sa tâche auguste et sainte, Le silence rêveur à sa porte est assis.
Ainsi, Seigneur, vos mains couvrent cette demeure. Dans cet asile obscur, qu'aucun souci n'effleure, Rien qui ne soit sacré, rien qui ne soit charmant ! Cette âme, en vous priant pour ceux dont la nef sombre, Peut monter chaque soir vers vous sans faire d'ombre Dans la sérénité de votre firmament !
Nul danger ! nul écueil ! – Si ! l'aspic est dans l'herbe ! Hélas ! hélas ! le ver est dans le fruit superbe ! Pour troubler une vie il suffit d'un regard. Le mal peut se montrer même aux clartés d'un cierge. La curiosité qu'a l'esprit de la vierge Fait une plaie au coeur de la femme plus tard.
Plein de ces chants honteux, dégoût de la mémoire, Un vieux livre est là-haut sur une vieille armoire, Par quelque vil passant dans cette ombre oublié ; Roman du dernier siècle ! oeuvre d'ignominie ! Voltaire alors régnait, ce singe de génie Chez l'homme en mission par le diable envoyé.
VI Époque qui gardas, de vin, de sang rougie, Même en agonisant, l'allure de l'orgie ! Ô dix-huitième siècle, impie et châtié ! Société sans dieu, par qui Dieu fus frappée ! Qui, brisant sous la hache et le sceptre et l'épée, Jeune offensas l'amour, et vieille la pitié !
Table d'un long festin qu'un échafaud termine ! Monde, aveugle pour Christ, que Satan illumine ! Honte à tes écrivains devant les nations ! L'ombre de tes forfaits est dans leur renommée Comme d'une chaudière il sort une fumée, Leur sombre gloire sort des révolutions !
VII Frêle barque assoupie à quelques pas d'un gouffre ! Prends garde, enfant ! coeur tendre où rien encor ne souffre ! Ô pauvre fille d'Ève ! ô pauvre jeune esprit ! Voltaire, le serpent, le doute, l'ironie, Voltaire est dans un coin de ta chambre bénie ! Avec son oeil de flamme il t'espionne, et rit.
Oh ! tremble ! ce sophiste a sondé bien des fanges ! Oh ! tremble ! ce faux sage a perdu bien des anges ! Ce démon, noir milan, fond sur les coeurs pieux, Et les brise, et souvent, sous ses griffes cruelles, Plume à plume j'ai vu tomber ces blanches ailes Qui font qu'une âme vole et s'enfuit dans les cieux !
Il compte de ton sein les battements sans nombre. Le moindre mouvement de ton esprit dans l'ombre, S'il penche un peu vers lui, fait resplendir son oeil. Et, comme un loup rôdant, comme un tigre qui guette, Par moments, de Satan, visible au seul poète, La tête monstrueuse apparaît à ton seuil !
VIII Hélas ! si ta main chaste ouvrait ce livre infâme, Tu sentirais soudain Dieu mourir dans ton âme. Ce soir tu pencherais ton front triste et boudeur Pour voir passer au loin dans quelque verte allée Les chars étincelants à la roue étoilée, Et demain tu rirais de la sainte pudeur !
Ton lit, troublé la nuit de visions étranges, Ferait fuir le sommeil, le plus craintif des anges ! Tu ne dormirais plus, tu ne chanterais plus, Et ton esprit, tombé dans l'océan des rêves, Irait, déraciné comme l'herbe des grèves, Du plaisir à l'opprobre et du flux au reflux !
IX Oh ! la croix de ton père est là qui te regarde ! La croix du vieux soldat mort dans la vieille garde ! Laisse-toi conseiller par elle, ange tenté ! Laisse-toi conseiller, guider, sauver Peut-être Par ce lys fraternel penché sur ta fenêtre, Qui mêle son parfum à ta virginité !
Par toute ombre qui passe en baissant la paupière ! Par les vieux saints rangés sous le portail de pierre ! Par la blanche colombe aux rapides adieux ! Par l'orgue ardent dont l'hymne en longs sanglots se brise ! Laisse-toi conseiller par la pensive église ! Laisse-toi conseiller par le ciel radieux !
Laisse-toi conseiller par l'aiguille ouvrière, Présente à ton labeur, présente à ta prière, Qui dit tout bas : Travaille ! – Oh ! crois-la ! – Dieu, vois-tu, Fit naître du travail, que l'insensé repousse, Deux filles, la vertu, qui fait la gaîté douce, Et la gaîté, qui rend charmante la vertu !
Entends ces mille voix, d'amour accentuées, Qui passent dans le vent, qui tombent des nuées, Qui montent vaguement des seuils silencieux, Que la rosée apporte avec ses chastes gouttes, Que le chant des oiseaux te répète, et qui toutes Te disent à la fois : Sois pure sous les cieux !
Sois pure sous les cieux ! comme l'onde et l'aurore, Comme le joyeux nid, comme la tour sonore, Comme la gerbe blonde, amour du moissonneur, Comme l'astre incliné, comme la fleur penchante, Comme tout ce qui rit, comme tout ce qui chante, Comme tout ce qui dort dans la paix du Seigneur !
Sois calme. Le repos va du coeur au visage ; La tranquillité fait la majesté du sage. Sois joyeuse. La foi vit sans l'austérité ; Un des reflets du ciel, c'est le rire des femmes ; La joie est la chaleur que jette dans les âmes Cette clarté d'en haut qu'on nomme Vérité.
La joie est pour l'esprit une riche ceinture. La joie adoucit tout dans l'immense nature. Dieu sur les vieilles tours pose le nid charmant Et la broussaille en fleur qui luit dans l'herbe épaisse ; Car la ruine même autour de sa tristesse A besoin de jeunesse et de rayonnement !
Sois bonne. La bonté contient les autres choses. Le Seigneur indulgent sur qui tu te reposes Compose de bonté le penseur fraternel. La bonté, c'est le fond des natures augustes. D'une seule vertu Dieu fait le coeur des justes, Comme d'un seul saphir la coupole du ciel.
Ainsi, tu resteras, comme un lys, comme un cygne, Blanche entre les fronts purs marqués d'un divin signe Et tu seras de ceux qui, sans peur, sans ennuis, Des saintes actions amassant la richesse, Rangent leur barque au port, leur vie à la sagesse Et, priant tous les soirs, dorment toutes les nuits !
La buhardilla
I Imponente, severa, misteriosa se alza la iglesia altiva: en sus muros desplégase la ojiva, como una flor abierta y de calada piedra inmensa rosa las hojas abre sobre la ancha puerta.
En la bóveda enorme de su nave sombría santos, ángeles, vírgenes, el cielo y el infierno disforme, se mueven y confunden cual sueño de agitada fantasía; pero no halaga tanto al alma mía la iglesia venerada con sus arcos, sus vidrios de colores, sus lámparas de tibios resplandores, su torre audaz, su espléndida fachada, como ese cuarto estrecho y encumbrado en donde suena música tan suave, cual si estuviera un ave cantando en el alero del tejado.
Bello es el templo santo; ¡pero encierra ese mísero aposento tan inefable encanto! Más grata es para mí la placentera brisa fugaz, que el huracán violento; más sublime que el cedro y la palmera, oculto y pobre nido; mi espíritu, perdido en la extensión del ponto turbulento, prefiere el alga sobre el mar flotante al escollo gigante, y al piélago extendido sin ribera la pobre golondrina pasajera.
II ¡Feliz albergue! Abierta entre verde follaje la ventana, ocúltase á la luz, medio cubierta por la verde persiana. Duerme el gato en su alféizar, y lozana resca azucena brota en un jarrón de porcelana rota, do poblados de abetos ó abedules, trazara el chino los que nunca agota su soñador pincel campos azules.
Y allá dentro, en la mísera morada, se ve pasar á veces la figura bellísima, encantada, de un ángel, de una sílfide, de un hada. Mirad, es ella, es ella: la hija del pueblo, la feliz doncella, la de los dulces cantos de ternura, de paz y de alegría; huérfana, pobre y sola en este asilo; mas su rostro inocente resplandece tan plácido y tranquilo, como si á Dios mirase frente á frente. Aun no ha manchado el cieno la corriente de su pura existencia; aun no amenaza el ave de rapiña al ruiseñor canoro; aun brilla con la luz de la inocencia el alma de la niña; aun guarda el polvo de oro el ala de la tierna mariposa; aun conserva su esencia el frágil cáliz de la flor hermosa.
Un mundo de alegría y de placeres es horizonte á la feliz ventana: la plaza, y los que pasan, y los niños con sus risas y juegos; las mujeres que á lentos pasos van despareciendo en la iglesia cercana; la confusa armonía del popular estruendo; la luz alegre del sereno día.
¡Niña feliz! Como alrededor de un templo, puro y modesto á su alredor es todo; todo á su corazón es dulce ejemplo. La abeja hace su miel; la flor ufana ríe al cielo sereno; sombra fresca al suelo da la torre gigantesca; y la estrella lejana, a la voz de su Dios siempre obediente, viene a encender, enfrente de la estrecha ventana, faro resplandeciente. Su cuello virginal no se descubre entre precioso encaje transparente: limpio pañuelo púdico lo encubre. Si las perlas no brillan en su frente, no la enturbia tampoco la mancilla; su mirada es alegre, dulce, amante; y do la luz de la mirada brilla, ¿qué valen los destellos del diamante?
III En un rincón del aposento estrecho se oculta el casto lecho; sobre la mesa un libro que consuela, por la Piedad escrito, la leyenda devota de los santos, donde Dios á los fieles se revela con místicos encantos. Y entre el ramo bendito y la divina Virgen, la elegida entre todas las mujeres, del gran Napoleón pobre retrato fijan á la pared cuatro alfileres.
¿Cómo el águila en jaula tan oscura? ¿Porque nó? En la penumbra misteriosa do la inocente niña en paz reposa, cual su azucena, pura, yo me complazco, oyendo allá en lo más profundo de la mente, el fragoroso estruendo que lejano resuena al rodar el cañón pesadamente hacia los campos de Austerlitz y Jena.
Y allí también, al lado del noble Emperador, de la victoria brilla la cruz, orgullo del soldado que en el sangriento suelo cayó de la batalla, y de su gloria parece que dirija un rayo puro desde el alto cielo, para que vele por su pobre hija.
IV ¡Cruz de Napoleón! ¡Joya guerrera! Corona de laureles de refulgentes rayos circundada! Cuando él llevaba sus soldados fieles al campo de la muerte y de la gloria, sobre aquella legión entusiasmada cual talismán de honor la suspendía, y la gran obra al terminar, el día feliz de la victoria, -"Venid, venid por ella,"-les decía. ¡Y les daba su cruz ! y el héroe estoico, el rudo veterano, contenía sus lágrimas en vano, mudo adorando al semidiós heroico; y parecía que al tocar su pecho con la encendida mano, a su contacto, esplendorosa y bella, del corazón brotaba aquella estrella.
V Cuando despierta el sol canta festiva, canta y después trabaja, sentada pensativa en su silla de paja; y mientras sin cuidado de su existencia cumple la ley santa y el alma á Dios levanta, el Silencio á su puerta está sentado.
Así, Señor, tu mano protectora cubre el asilo santo do la inocencia mora, do jamás el quebranto vino á turbar su placentera calma. Cuando esa virgen por nosotros ora, en alas de su puro pensamiento sube á los cielos su alma, sin manchar con su sombra el firmamento. Mas ¡ay ! está la pérfida serpiente en la sombra escondida! ¡Ocúltase la oruga entre las flores! Palabra indiferente puede turbar la vida: el mal brilla quizás á los fulgores del consagrado cirio, y la curiosidad, llama inocente que de la virgen en el pecho arde, torcedor puede ser, crudo martirio al corazón de la mujer más tarde.
De alegres cuentos y de chistes lleno, sobre aquel viejo armario está olvidado breve libro, impregnado de veneno; digna obra del pasado siglo fatal, del corruptor reinado de ese Voltaire ¡ay Dios! que lanzó al mundo, parodia vil del genio á su alma ajeno, el Tártaro profundo.
VI Siglo que hasta al morir, de sangre y vino manchado, en tu sarcástico semblante conservaste, insultando á tu destino, de la orgía la risa delirante: ¡oh sociedad sin Dios, por Dios hollada, que rompiendo á la par cetro y espada, joven ¡ay! el amor escarneciste, vieja, la compasión ¡Alegre mesa de festín bullicioso, que termina en patíbulo triste! ¡Mundo, á la pura luz del Cristo ciego, que Satán ilumina! ¡Maldición á tus sabios! Cual humo sucio mancha impura llama, sangre y horrores, crímenes y agravios serán pavesa eterna de tu fama.
VII ¡Frágil esquife que al abismo lleva la dormida corriente! ¡Corazón do el dolor aun no se ceba! ¡Pobre niña infeliz! ¡Pobre hija de Eva! ¡Voltaire ¡ay! la serpiente, la tentación, la duda, la ironía, se oculta en un rincón de tu aposento! Con mirada satánica te espía, ¡y ya ríe contento!
¡Oh, tiembla, tiembla! El seductor sofista de cuanto lodazal encierra el mundo revolcóse en el cieno; y después á los ángeles, inmundo, mancha con su veneno. El milano iracundo que astuto sobre ti su vuelo tiende, sobre el alma feliz se precipita, y su garra maldita el ala limpia y blanca que por volar al firmamento extiende, hiere, rompe y arranca. Siempre, siempre en acecho él cuenta los latidos de tu pecho, las ideas que cruzan por tu frente. Si en aturdido vuelo, hacia él se inclina pensamiento imprudente, siniestra luz sus ojos ilumina. Y á veces, como lobo siempre alerta, al umbral de la puerta de tu morada santa, al poeta fatal sólo visible, de Satanás horrible la espantosa cabeza se levanta.
VIII Ay! Si tu mano abriera indiferente ese libro maldito, de repente en tu fiel corazón Dios moriría. Y tu serena frente, anublada y sombría, en la mano apoyaras esta noche; y en funesta visión, allá, en lejana magnífica alameda, vieras volar la deslumbrante rueda del charolado coche, y mofarías del pudor mañana ! Tentadoras, tu lecho sin reposo cercarían fantásticas quimeras, y extendería el sueño temeroso para huír de tu lado alas ligeras. ¡No más horas de encanto placenteras!¡ no más dulces canciones! u espíritu, caído en el mar de las locas ilusiones, entre sus olas móviles perdido, omo las ovas de la playa, iría de oprobio vil á efímera alegría.
IX ¡De tu padre la cruz te está mirando! ¡La cruz honrosa del soldado viejo que en la Guardia Imperial murió lidiando! Angel tentado, pídele consejo. ¡Consejo pide á tu inocente hermana, la blanca flor que asoma humilde á tu ventana, y á tu virginidad mezcla su aroma! ¡Déjate aconsejar por la paloma que blando tiende el vuelo cadencioso; por los santos formados á la puerta del templo misterioso; por el órgano ardiente que despierta su ancha y lóbrega nave con sus himnos de amor, interrumpidos por lúgubres gemidos; por la callada iglesia oscura y grave; por los cielos de alegre luz vestidos! Déjate aconsejar por esa aguja que siempre en voz muy baja ¡trabaja,» está diciéndote, «trabaja!» Escúchala obediente; al Trabajo le dió el Omnipotente dos hijas, que se adoran con ternura: la Virtud casta y pura, que la dulce alegría santifica; la Alegría inocente que la Virtud austera dulcifica. Escúcha, escúcha el misterioso acento que resuena en el viento, que baja de la nube, que en sus trinos de amor repite el ave, que de la oscura tierra al cielo sube. La voz que todo sin cesar murmura, «¡sé pura, » está diciéndote, «sé pura!»
¡Sé pura cual la aurora, como el alegre nido, cual la torre sonora, como la espiga que el estío dora, como el astro encendido, cual la flor que se inclina vergonzosa, cual todo lo que ríe y lo que canta, cual todo lo que plácido reposa de Dios en la paz santa! Víve tú en esa paz, víve tranquila: del corazón la calma reverbera en la serena luz de la pupila. Víve alegre también: á la fe austera no son los dulces júbilos agravios; la inocente alegría es el calor que en nuestro pecho inflama la luz celeste que Verdad se llama. Siempre esté de alegría revestido tu espíritu sereno; todo el mundo de júbilo está lleno: el bullicioso nido, el pálido alhelí, las verdes hiedras puso Dios en la torre demolida: ¡hasta sus rotas piedras necesitan placer, amor y vida! ¡Sobre todo, sé buena! Es la bondad serena dón celeste y augusto que toda el alma llena. Con sola esa virtud y sentimiento hizo Dios el espíritu del justo, y con sólo un zafiro el firmamento. Así, cual azucena, como cisne de cándida blancura, entre las frentes consagradas, pura tu frente al cielo se alzará serena; y de aquellos serás que sin cuidados, recogiendo su mies en los sembradosa de las santas acciones, en puerto protector anclan su nave, y alzando a Dios en tiernas oraciones, a los pies de la cama, humilde ruego, duermen en paz toda la noche luego.
Versión de Teodoro LlorenteLibellés : Victor Hugo |
posted by Alfil @ 6:10 AM |
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