Victor Hugo -Quien no ama, no vive. |
vendredi, septembre 02, 2005 |
Quien no ama, no vive. Victor Hugo (1802 -1885)
Oh ! qui que vous soyez, jeune ou vieux, riche ou sage, Si jamais vous n'avez épié le passage, Le soir, d'un pas léger, d'un pas mélodieux, D'un voile blanc qui glisse et fuit dans les ténèbres, Et, comme un météore au sein des nuits funèbres, Vous laisse dans le coeur un sillon radieux ;
Si vous ne connaissez que pour l'entendre dire Au poète amoureux qui chante et qui soupire, Ce suprême bonheur qui fait nos jours dorés, De posséder un coeur sans réserve et sans voiles, De n'avoir pour flambeaux, de n'avoir pour étoiles, De n'avoir pour soleils que deux yeux adorés ;
Si vous n'avez jamais attendu, morne et sombre, Sous les vitres d'un bal qui rayonne dans l'ombre, L'heure où pour le départ les portes s'ouvriront, Pour voir votre beauté, comme un éclair qui brille, Rose avec des yeux bleus et toute jeune fille, Passer dans la lumière avec des fleurs au front ;
Si vous n'avez jamais senti la frénésie De voir la main qu'on veut par d'autres mains choisie, De voir le coeur aimé battre sur d'autres coeurs ; Si vous n'avez jamais vu d'un oeil de colère La valse impure, au vol lascif et circulaire, Effeuiller en courant les femmes et les fleurs ;
Si jamais vous n'avez descendu les collines, Le coeur tout débordant d'émotions divines ; Si jamais vous n'avez le soir, sous les tilleuls, Tandis qu'au ciel luisaient des étoiles sans nombre, Aspiré, couple heureux, la volupté de l'ombre, Cachés, et vous parlant tout bas, quoique tout seuls ;
Si jamais une main n'a fait trembler la vôtre ; Si jamais ce seul mot qu'on dit l'un après l'autre, JE T'AIME ! n'a rempli votre âme tout un jour ; Si jamais vous n'avez pris en pitié les trônes En songeant qu'on cherchait les sceptres, les couronnes, Et la gloire, et l'empire, et qu'on avait l'amour !
La nuit, quand la veilleuse agonise dans l'urne, Quand Paris, enfoui sous la brume nocturne Avec la tour saxonne et l'église des Goths, Laisse sans les compter passer les heures noires Qui, douze fois, semant les rêves illusoires, S'envolent des clochers par groupes inégaux ;
Si jamais vous n'avez, à l'heure où tout sommeille, Tandis qu'elle dormait, oublieuse et vermeille, Pleuré comme un enfant à force de souffrir, Crié cent fois son nom du soir jusqu'à l'aurore, Et cru qu'elle viendrait en l'appelant encore, Et maudit votre mère, et désiré mourir ;
Si jamais vous n'avez senti que d'une femme Le regard dans votre âme allumait une autre âme, Que vous étiez charmé, qu'un ciel s'était ouvert, Et que pour cette enfant, qui de vos pleurs se joue, Il vous serait bien doux d'expirer sur la roue ; Vous n'avez point aimé, vous n'avez point souffert !
Quien no ama no vive
Quienquiera que fueres, óyeme: si con ávidas miradas nunca tú a la luz del véspero has seguido las pisadas, el andar suave y rítmico de una celeste visión; O tal vez un velo cándido, cual meteoro esplendente, que pasa, y en sombras fúnebres ocúltase de repente, dejando de luz purísima un rastro en el corazón;
Si sólo porque en imágen este la reveló el poeta, la dicha conoces íntima, la felicidad secreta, del que árbitro se alza único de otro enamorado ser;
Del que más nocturnas lámparas no ve, ni otros soles claros, ni lleva en revuelto piélago más luz de estrellas ni faros que aquella que vierten mágica los ojos de una mujer;
Si el fin de sarao espléndido nunca tú aguardaste afuera, embozado, mudo, tétrico mientras en la altavidriera reflejos se cruzan pálidos del voluptuoso vaivén).
Para ver si como ráfaga luminosa a la salida, con un sonreír benévolo te vuelve esperanza y vida joven beldad de ojos lánguidos, orlada en flores la sien.
Si celoso tú y colérico no has visto una blanca mano usurpada, en fiesta pública, por la de galán profano, y el seno que adoras, próximo a otro pecho, palpitar;
Ni has devorado los ímpetus de reconcentrada ira, rodar viendo el valse impúdico que deshoja, mientras gira en vertiginoso círculo, flores y niñas al par;
Si con la luz del crepúsculo no has bajado las colinas, henchida sintiendo el ánima de emociones mil divinas, ni a lo largo de los álamos grato el pasear te fue;
Si en tanto que en la alta bóveda un astro y otro relumbra, dos corazones simpáticos no gozasteis la penumbra, hablando palabras místicas, baja la voz, tardo el pie;
Si nunca al roce magnético temblaste de ángel soñado; si nunca un TE AMO dulcísimo, tímidamente exhalado, quedó sonando en tu espíritu cual perenne vibración;
Si no has mirado con lástima al hombre sediento de oro, para el que en vano munífico brinda el amor su tesoro, y de regio cetro y púrpura no tuviste compasión;
Si en medio de noche lóbrega cuando todo duerme y calla, y ella goza sueño plácido, contigo mismo en batalla no te desataste en lágrimas con un despecho infantil;
Si enloquecido o sonámbulo no la has llamado mil veces, quizá mezclando frenético las blasfemias a las preces, también a la muerte, mísero, invocando veces mil;
Si una mirada benéfica no has sentido que desciende a tu seno, como súbito lampo que las sombras hiende y ver nos hace beatífica región de serena luz;
O tal vez el ceño gélido sufriendo de la que adoras, no desfalleciste exánime, misterios de amor ignoras; ni tú has probado sus éxtasis ni tú has llevado su cruz.
Versión de Miguel Antonio CaroLibellés : Victor Hugo |
posted by Alfil @ 4:00 AM |
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