Victor Hugo -Lise- |
vendredi, septembre 02, 2005 |
Lise Victor Hugo (1802 -1885)
J'avais douze ans ; elle en avait bien seize. Elle était grande, et, moi, j'étais petit. Pour lui parler le soir plus à mon aise, Moi, j'attendais que sa mère sortît ; Puis je venais m'asseoir près de sa chaise Pour lui parler le soir plus à mon aise.
Que de printemps passés avec leurs fleurs ! Que de feux morts, et que de tombes closes ! Se souvient-on qu'il fut jadis des coeurs ? Se souvient-on qu'il fut jadis des roses ? Elle m'aimait. Je l'aimais. Nous étions Deux purs enfants, deux parfums, deux rayons.
Dieu l'avait faite ange, fée et princesse. Comme elle était bien plus grande que moi, Je lui faisais des questions sans cesse Pour le plaisir de lui dire : Pourquoi ? Et par moments elle évitait, craintive, Mon oeil rêveur qui la rendait pensive.
Puis j'étalais mon savoir enfantin, Mes jeux, la balle et la toupie agile ; J'étais tout fier d'apprendre le latin ; Je lui montrais mon Phèdre et mon Virgile ; Je bravais tout; rien ne me faisait mal ; Je lui disais : Mon père est général.
Quoiqu'on soit femme, il faut parfois qu'on lise Dans le latin, qu'on épelle en rêvant ; Pour lui traduire un verset, à l'église, Je me penchais sur son livre souvent. Un ange ouvrait sur nous son aile blanche, Quand nous étions à vêpres le dimanche.
Elle disait de moi : C'est un enfant ! Je l'appelais mademoiselle Lise. Pour lui traduire un psaume, bien souvent, Je me penchais sur son livre à l'église ; Si bien qu'un jour, vous le vîtes, mon Dieu ! Sa joue en fleur toucha ma lèvre en feu.
Jeunes amours, si vite épanouies, Vous êtes l'aube et le matin du coeur. Charmez l'enfant, extases inouïes ! Et quand le soir vient avec la douleur, Charmez encor nos âmes éblouies, Jeunes amours, si vite épanouies!
Lise
Yo tenía doce años; dieciséis ella al menos. Alguien que era mayor cuando yo era pequeño. Al caer de la tarde, para hablarle a mis anchas, esperaba el momento en que se iba su madre; luego con una silla me acercaba a su silla, al caer de la tarde, para hablarle a mis anchas.
¡Cuánta flor la de aquellas primaveras marchitas, cuánta hoguera sin fuego, cuánta tumba cerrada! ¿Quién se acuerda de aquellos corazones de antaño? ¿Quién se acuerda de rosas florecidas ayer? Yo sé que ella me amaba. Yo la amaba también. Fuimos dos niños puros, dos perfumes, dos luces.
Ángel, hada y princesa la hizo Dios. Dado que era ya persona mayor, yo le hacía preguntas de manera incesante por el solo placer de decirle: ¿Por qué? Y recuerdo que a veces, temerosa, evitaba mi mirada pletórica de mis sueños, y entonces se quedaba abstraída.
Yo quería lucir mi saber infantil, la pelota, mis juegos y mis ágiles trompos; me sentía orgulloso de aprender mi latín; le enseñaba mi Fedro, mi Virgilio, la vida era un reto, imposible que algo me hiciera daño. Puesto que era mi padre general, presumía.
Las mujeres también necesitan leer en la iglesia en latín, deletreando y soñando; y yo le traducía algún que otro versículo, inclinándome así sobre su libro abierto. El domingo, en las vísperas, desplegar su ala blanca sobre nuestras cabezas yo veía a los ángeles.
De mí siempre decía: ¡Todavía es un niño! Yo solía llamarla mademoiselle Lise. Y a menudo en la iglesia, ante un salmo difícil, me inclinaba feliz sobre su libro abierto. Y hasta un día, ¡Dios mío, Tú lo viste!, mis labios hechos fuego rozaron sus mejillas en flor.
Juveniles amores, que duraron tan poco, sois el alba de nuestro corazón, hechizad a aquel niño que fuimos con un éxtasis único. Y al caer de la tarde, cuando llega el dolor, consolad nuestras almas, deslumbradas aún, juveniles amores, que duraron tan poco.
Versión de Enrique Uribe WhiteLibellés : Victor Hugo |
posted by Alfil @ 5:47 AM |
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