Victor Hugo -Liberté, égalité, fraternité- |
vendredi, septembre 02, 2005 |
Liberté, égalité, fraternité Victor Hugo (1802 -1885)
Depuis six mille ans la guerre Plaît aux peuples querelleurs, Et Dieu perd son temps à faire Les étoiles et les fleurs.
Les conseils du ciel immense, Du lys pur, du nid doré, N'ôtent aucune démence Du coeur de l'homme effaré.
Les carnages, les victoires, Voilà notre grand amour; Et les multitudes noires Ont pour grelot le tambour.
La gloire, sous ses chimères Et sous ses chars triomphants, Met toutes les pauvres mères Et tous les petits enfants.
Notre bonheur est farouche; C'est de dire : Allons ! mourons ! Et c'est d'avoir à la bouche La salive des clairons.
L'acier luit, les bivouacs fument; Pâles, nous nous déchaînons; Les sombres âmes s'allument Aux lumières des canons.
Et cela pour des altesses Qui, vous à peine enterrés, Se feront des politesses Pendant que vous pourrirez,
Et que, dans le champ funeste, Les chacals et les oiseaux, Hideux, iront voir s'il reste De la chair après vos os !
Aucun peuple ne tolère Qu'un autre vive à côté; Et l'on souffle la colère Dans notre imbécillité.
C'est un Russe ! Egorge, assomme. Un Croate ! Feu roulant. C'est juste. Pourquoi cet homme Avait-il un habit blanc ?
Celui-ci, je le supprime Et m'en vais, le coeur serein, Puisqu'il a commis le crime De naître à droite du Rhin.
Rosbach, Waterloo ! Vengeance ! L'homme, ivre d'un affreux bruit, N'a plus d'autre intelligence Que le massacre et la nuit.
On pourrait boire aux fontaines, rier dans l'ombre à genoux, Aimer, songer sous les chênes; Tuer son frère est plus doux.
On se hache, on se harponne, On court par monts et par vaux; L'épouvante se cramponne Du poing aux crins des chevaux.
Et l'aube est là sur la plaine ! Oh! j'admire, en vérité, Qu'on puisse avoir de la haine Quand l'alouette a chanté.
Libertad, igualdad, fraternidad
Ya la guerra y sus horrores sólo a los pueblos halaga, y es en vano que Dios haga las estrellas y las flores.
Ni las rosas, ni los nidos, ni del cielo la voz pura, nada enfrena la locura de sus pechos pervertidos. La victoria es nuestro amor, combatir, nuestra costumbre, y tiene la muchedumbre por sonaja el atambor.
Como a sus quimeras cuadre, bajo su carro la Gloria huella como a vil escoria a los niños y a la madre.
Matar, morir, es el fin de nuestra ventura loca, y llevar sobre la boca el cerquillo del clarín.
Todo el campo es humo y luz, la grita, el furor se extienden, los pechos todos se encienden al fuego del arcabuz;
Y ello, siempre por tiranos que, si acaso se os entierra, mientra os pudrís bajo tierra estarán de besamanos,
O cuando en profano insulto los chacales y los cuervos bajen á saciarse acerbos en vuestro cuerpo insepulto.
Pueblo ninguno tolera a otro pueblo por vecino, y en nuestro pecho mezquino se insufla pasión artera.
¿Es ruso? ¡Fuego nutrido! ¿Húngaro? ¡Fuego, es muy justo! ¿Porqué hay quien lleva su gusto hasta usar blanco el vestido?
¿Otro aquí? Démosle fin y llenamos un deber: tuvo el crimen de nacer a la derecha del Rin. ¡Rosbach! ¡Waterloo! ¡Venganza! Ebrio el hombre de demencia, sólo tiene inteligencia para el mal y la matanza.
La fuente á beber convida, a orar el cielo estrellado, a amar y soñar el prado: es mejor ser fratricida.
¡Fuego! ¡sangre! ¡destrucción! Se saltan montes y llanos: el pavor crispa las manos en las crines del bridón.
Y en tanto, el alba clarea... ¡Oh! ¡mucho me admira, a fe, que oído al odio se dé cuando la alondra gorjea!
Versión de José Antonio CalcañoLibellés : Victor Hugo |
posted by Alfil @ 6:54 AM |
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