Victor Hugo -Les crucifiés- |
vendredi, septembre 02, 2005 |
Les crucifiés Victor Hugo (1802 -1885)
La foule tient pour vrai ce qu'invente la haine. Sur tout grand homme un ver, le mensonge, se traîne. Tout front ceint de rayons est d'épines mordu ; A la lèvre d'un dieu le fiel atroce est dû ; Tout astre a pour manteau les ténèbres infâmes. Ecoutez. Phidias était marchand de femmes, Socrate avait un vice auquel son nom resta, Horace ami des boucs faisait frémir Vesta, Caton jetait un nègre esclave à la lamproie, Michel-Ange, amoureux de l'or, homme de proie, Vivait sous le bâton des papes, lui Romain, Et leur tendait le dos en leur tendant la main ; Dans l'oeil de Dante errant la cupidité brille ; Molière était un peu le mari de sa fille ; Voltaire était avare et Diderot vénal ; Devant le genre humain, orageux tribunal, Pas un homme qu'on n'ait puni de son génie ; Pas un qu'on n'ait cloué sur une calomnie ; Pas un, des temps anciens comme de maintenant, Qui sur le Golgotha de la gloire saignant, Une auréole au front, ne pende à la croix vile ; Et les uns ont Caïphe et les autres Zoïle.
Los crucificados
EL vulgo aplaude cuanto inventa el odio, y en tanto que desgarra su laurel al férvido Aristógiton, de Harmodio la gloria mancha con amarga hiel. En sus iras tan sólo ver anhela de la ignominia en afrentosa cruz a cuanto no se arrastra, a cuanto vuela, a cuanto no es mentira, a cuanto es luz. Acusa a Fidias de vender mujeres, al gran Epaminondas de traidor; a Sócrates de darse a los placeres; a Aristides, el justo, de impostor. A Catón, de arrojar á las murenas sus míseros esclavos; a Colón, que al indio libre le forjó cadenas... ¡cadenas que llevó en el corazón! De avaro a Miguel Angel; al divino entre todos los genios, Rafael, de vender como torpe libertino, por impúdicos besos su pincel. Incestuoso Molier; felón el Dante; Voltaire ateo; Diderot venal; ¡para todos la sátira infamante; para todos el látigo infernal! ¿A cuál mártir, apóstol o profeta, a qué artista, guerrero o trovador no le ha arrancado la mordaz saeta de la calumnia, un grito de dolor? ¡Uno solo se encuentra inmaculado de infamias tántas en el gran festín; uno solo no está crucificado por las humanas víboras-Caín!
Versión de R. M. De MendiveLibellés : Victor Hugo |
posted by Alfil @ 6:58 AM |
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