Victor Hugo -Les contemplations- 5.9 Le mendiant- |
vendredi, septembre 02, 2005 |
Les contemplations Victor Hugo (1802 -1885)
5.9 Le mendiant
Un pauvre homme passait dans le givre et le vent. Je cognai sur ma vitre ; il s'arrêta devant Ma porte, que j'ouvris d'une façon civile. Les ânes revenaient du marché de la ville, Portant les paysans accroupis sur leurs bâts. C'était le vieux qui vit dans une niche au bas De la montée, et rêve, attendant, solitaire, Un rayon du ciel triste, un liard de la terre, Tendant les mains pour l'homme et les joignant pour Dieu. je lui criai : « Venez vous réchauffer un peu. Comment vous nommez-vous ? » Il me dit : « Je me nomme Le pauvre. » Je lui pris la main : « Entrez, brave homme. » Et je lui fis donner une jatte de lait. Le vieillard grelottait de froid ; il me parlait, Et je lui répondais, pensif et sans l'entendre. « Vos habits sont mouillés », dis-je, « il faut les étendre , Devant la cheminée. » Il s'approcha du feu. Son manteau, tout mangé des vers, et jadis bleu, Étalé largement sur la chaude fournaise, Piqué de mille trous par la lueur de braise, Couvrait l'âtre, et semblait un ciel noir étoilé. Et, pendant qu'il séchait ce haillon désolé D'où ruisselait la pluie et l'eau des fondrières, Je songeais que cet homme était plein de prières, Et je regardais, sourd à ce que nous disions, Sa bure où je voyais des constellations.
Las contemplaciones
5.9 El mendigo
Era un pobre que andaba en la escarcha y el viento. Golpeé mi cristal; se detuvo delante de mi puerta, que abrí con un gesto cortés. Regresaban los asnos del mercado del pueblo, con labriegos sentados en las toscas albardas. Era el viejo que vive en aquella casucha que está al pie de la cuesta, y que sueña esperando, solitario, una luz de ese cielo tan triste, de la tierra unos céntimos, el que tiende sus manos hacia el hombre y las junta conversando con Dios. Le grité: Puede entrar y caliéntese un poco. Quise saber su nombre. Él tan sólo me dijo: Yo me llamo el mendigo. Le cogí de la mano: Adelante, buen hombre. Y ordené que trajeran una jarra de leche. El anciano temblaba por el frío; me hablaba, mientras yo, pensativo, aunque hablándole, no conseguía escucharle. Viene todo empapado, dije, tienda su ropa aquí junto al hogar. Se arrimó más al fuego. Vi su abrigo comido por polillas, que antaño fuera azul, desplegado al calor de las llamas, con mil puntos brillantes agujeros de luz que mostraba el fulgor, ante la chimenea como un cielo nocturno salpicado de estrellas. Y entretanto secaba sus andrajos, chorreantes de la lluvia y del agua de las hondas barrancas, le veía como alguien que rebosa oraciones y miraba, insensible a lo que ambos decíamos, su sayal, refulgente de mil constelaciones.Libellés : Victor Hugo |
posted by Alfil @ 1:54 AM |
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