Victor Hugo -Les contemplations- 4.13 Veni, vidi, vixi- |
vendredi, septembre 02, 2005 |
Les contemplations Victor Hugo (1802 -1885)
4.13 Veni, vidi, vixi
J'ai bien assez vécu, puisque dans mes douleurs Je marche, sans trouver de bras qui me secourent, Puisque je ris à peine aux enfants qui m'entourent, Puisque je ne suis plus réjoui par les fleurs ;
Puisqu'au printemps, quand Dieu met la nature en fête, J'assiste, esprit sans joie, à ce splendide amour ; Puisque je suis à l'heure où l'homme fuit le jour, Hélas ! et sent de tout la tristesse secrète ;
Puisque l'espoir serein dans mon âme est vaincu ; Puisqu'en cette saison des parfums et des roses, Ô ma fille ! j'aspire à l'ombre où tu reposes, Puisque mon coeur est mort, j'ai bien assez vécu.
Je n'ai pas refusé ma tâche sur la terre. Mon sillon ? Le voilà. Ma gerbe ? La voici. J'ai vécu souriant, toujours plus adouci, Debout, mais incliné du côté du mystère.
J'ai fait ce que j'ai pu ; j'ai servi, j'ai veillé, Et j'ai vu bien souvent qu'on riait de ma peine. Je me suis étonné d'être un objet de haine, Ayant beaucoup souffert et beaucoup travaillé.
Dans ce bagne terrestre où ne s'ouvre aucune aile, Sans me plaindre, saignant, et tombant sur les mains, Morne, épuisé, raillé par les forçats humains, J'ai porté mon chaînon de la chaîne éternelle.
Maintenant, mon regard ne s'ouvre qu'à demi ; Je ne me tourne plus même quand on me nomme ; Je suis plein de stupeur et d'ennui, comme un homme Qui se lève avant l'aube et qui n'a pas dormi.
Je ne daigne plus même, en ma sombre paresse, Répondre à l'envieux dont la bouche me nuit. Ô Seigneur, ! ouvrez-moi les portes de la nuit, Afin que je m'en aille et que je disparaisse !
Las contemplaciones
4.13 Veni, vidi, vixi
Demasiado he vivido, ya que en medio de lutos ando sin encontrar el apoyo de un brazo, ya que apenas sonrío cuando estoy entre niños, ya que ver unas flores ni siquiera me alegra.
Ya que cuando en abril Dios convida a su fiesta, taciturno presencio tan espléndido amor; porque ya soy un hombre que rehuye la luz y que siente de todo la tristeza secreta.
Ya que ha sido vencida la esperanza en mí mismo; ya que en esta estación de perfumes y rosas ¡oh, hija mía!, suspiro por tu oscuro reposo. Muerto está el corazón, demasiado he vivido.
No he querido negarme al quehacer en la tierra. ¿Surco propio? Aquí está. ¿Mi gavilla? Ésta es. Sonriendo he vivido, cada vez más humano, siempre en pie, más mirando hacia donde hay misterio.
Hice cuanto podía: he servido, he velado, se han reído a menudo de mi pena y esfuerzo. Me asombraba saber que era objeto del odio tras de mucho sufrir, tras de mucho trabajo.
En la cárcel terrena donde no hay ala abierta. sin quejarme, sangrando y caído por tierra, triste, exhausto, el escarnio de los otros forzados yo llevé mi eslabón de la eterna cadena.
Pero ahora tan sólo entreabro los ojos, ni me vuelvo siquiera cuando me oigo nombrar; el hastío y el pasmo me dominan, como alguien que abandona su lecho sin haberse dormido.
En mi amarga pereza no me digno increpar a la boca envidiosa que conmigo se ensaña. ¡Oh, Señor! Que las puertas de la noche se me abran, para que al fin me vaya, para que me oscurezca.Libellés : Victor Hugo |
posted by Alfil @ 2:11 AM |
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