Les contemplations Victor Hugo (1802 -1885)
1.5 Oui, mon vers croit pouvoir...
à André Chénier
Oui, mon vers croit pouvoir, sans se mésallier,
Prendre à la prose un peu de son air familier. André, c'est vrai, je ris quelquefois sur la lyre. Voici pourquoi. Tout jeune encor, tâchant de lire Dans le livre effrayant des forêts et des eaux, J'habitais un parc sombre où jasaient des oiseaux, Où des pleurs souriaient dans l'œil bleu des pervenches ; Un jour que je songeais seul au milieu des branches, Un bouvreuil qui faisait le feuilleton du bois M'a dit : « Il faut marcher à terre quelquefois. « La nature est un peu moqueuse autour des hommes ; « Ô poëte, tes chants, ou ce qu'ainsi tu nommes, « Lui ressembleraient mieux si tu les dégonflais. « Les bois ont des soupirs, mais ils ont des sifflets. « L'azur luit, quand parfois la gaîté le déchire ; « L'Olympe reste grand en éclatant de rire ; « Ne crois pas que l'esprit du poëte descend « Lorsque entre deux grands vers un mot passe en dansant. « Ce n'est pas un pleureur que le vent en démence ; « Le flot profond n'est pas un chanteur de romance ; « Et la nature, au fond des siècles et des nuits, « Accouplant Rabelais à Dante plein d'ennuis, « Et l'Ugolin sinistre au Grandgousier difforme, « Près de l'immense deuil montre le rire énorme. »
Les contemplations
1.5 Sí, mi verso bien puede... A André Chénier
Sí, mi verso bien puede, sin temor de ir a menos,
adoptar de la prosa la llaneza de estilo. Es verdad, André, yo a veces mezclo risas al canto. ¿Que por qué? Siendo joven y al tratar de leer en el libro espantable de las aguas y bosques yo vivía en un parque muy sombrío en el cual parloteaban los pájaros, donde el llanto sonreía en los ojos azules de la hierba doncella. Cierto día en que yo solitario soñaba entre el verde ramaje, un pardillo encargado de la crónica agreste fue a decirme: También hay que andar por la tierra. La Natura es burlona si rodea a los hombres; oh, poeta, tus cantos, pues los nombras así, fueran más parecidos deshinchando la voz. Porque piensa que el bosque desde luego suspira, mas también silba a veces. El azul brilla cuando lo desgarra la risa. No decae el Olimpo cuando ríe a sus anchas; no, no creas que mengua del poeta el talento cuando dejas pasar entre dos versos nobles una alada palabra danzarina sin más. Porque no es un llorón el delirio del viento; como el mar y sus olas no desgranan romanzas. Entre siglos y noches la creación hermanando lo risueño y lo grave, Rabelais y Alighieri, el siniestro Ugolino al titán Grandgousier, une al llanto del mundo risotadas inmensas. Libellés : Victor Hugo |