Victor Hugo -Les contemplations- 1.2 Le poëte s'en va dans les champs...- |
vendredi, septembre 02, 2005 |
Les contemplations Victor Hugo (1802 -1885)
1.2 Le poëte s'en va dans les champs...
Le poëte s'en va dans les champs ; il admire, Il adore ; il écoute en lui-même une lyre ; Et, le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs, Celles qui des rubis font pâlir les couleurs, Celles qui des paons même éclipseraient les queues, Les petites fleurs d'or, les petites fleurs bleues, Prennent, pour l'accueillir agitant leurs bouquets, De petits airs penchés ou de grands airs coquets, Et, familièrement, car cela sied aux belles : « Tiens ! c'est notre amoureux qui passe ! » disent-elles. Et, pleins de jour et d'ombre et de confuses voix, Les grands arbres profonds qui vivent dans les bois, Tous ces vieillards, les ifs, les tilleuls, les érables, Les saules tout ridés, les chênes vénérables, L'orme au branchage noir, de mousse appesanti, Comme les ulémas quand paraît le muphti, Lui font de grands saluts et courbent jusqu'à terre Leurs têtes de feuillée et leurs barbes de lierre, Contemplent de son front la sereine lueur, Et murmurent tout bas : C'est lui ! c'est le rêveur !
Las contemplaciones
1.2. Sale al campo el poeta...
Sale al campo el poeta; allí admira y adora escuchando la lira que en su pecho resuena; cuando ven que se acerca, hete aquí que las flores, las que pálido dejan el color del rubí, más vistosas incluso que los pavos reales, o, doradas o azules, las minúsculas flores, le reciben moviendo en el aire sus tallos, se ensimisman, coquetas, sin dejar de mirarlo, y, beldades al fin, dando cierta confianza. —Mira, dicen, ahí viene quien suspira por vernos. Y entre luces y sombras, y entre voces confusas, esos árboles altos habitantes del bosque, cual profundos ancianos, arces, tejos y tilos, sauces llenos de arrugas, venerables encinas, olmos negros con musgo que se pega a su cuerpo, como ulemas sumisos al pasar el muftí, le saludan rendidos inclinando hasta el suelo sus cabezas de fronda y sus barbas de hiedra contemplando su frente de fulgores serenos y susurran: ¡Es él! ¡Es aquel soñador!Libellés : Victor Hugo |
posted by Alfil @ 2:35 AM |
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