Victor Hugo -Lazzara- |
vendredi, septembre 02, 2005 |
Lazzara Victor Hugo (1802 -1885)
Comme elle court ! voyez : - par les poudreux sentiers, Par les gazons tout pleins de touffes d'églantiers, Par les blés où le pavot brille, Par les chemins perdus, par les chemins frayés, Par les monts, par les bois, par les plaines, voyez Comme elle court, la jeune fille !
Elle est grande, elle est svelte, et quand, d'un pas joyeux, Sa corbeille de fleurs sur la tête, à nos yeux Elle apparaît vive et folâtre, A voir sur son beau front s'arrondir ses bras blancs, On croirait voir de loin, dans nos temples croulants, Une amphore aux anses d'albâtre.
Elle est jeune et rieuse, et chante sa chanson, Et, pieds nus, près du lac, de buisson en buisson, Poursuit les vertes demoiselles. Elle lève sa robe et passe les ruisseaux. Elle va, court, s'arrête et vole, et les oiseaux Pour ses pieds donneraient leurs ailes.
Quand, le soir, pour la danse on va se réunir, A l'heure où l'on entend lentement revenir Les grelots du troupeau qui bêle, Sans chercher quels atours à ses traits conviendront, Elle arrive, et la fleur qu'elle attache à son front Nous semble toujours la plus belle.
Certes, le vieux Omer, pacha de Négrepont, Pour elle eût tout donné, vaisseaux à triple pont, Foudroyantes artilleries, Harnois de ses chevaux, toisons de ses brebis, Et son rouge turban de soie, et ses habits Tout ruisselants de pierreries ;
Et ses lourds pistolets, ses tromblons évasés, Et leurs pommeaux d'argent par sa main rude usés, Et ses sonores espingoles, Et son courbe damas, et, don plus riche encor, La grande peau de tigre où pend son carquois d'or, Hérissé de flèches mogoles.
Il eût donné sa housse et son large étrier ; Donné tous ses trésors avec le trésorier ; Donné ses trois cents concubines ; Donné ses chiens de chasse aux colliers de vermeil ; Donné ses albanais, brûlés par le soleil, vec leurs longues carabines.
Il eût donné les Francs, les Juifs et leur rabbin ; Son kiosque rouge et vert, et ses salles de bain Aux grands pavés de mosaïque ; Sa haute citadelle aux créneaux anguleux ; Et sa maison d'été qui se mire aux flots bleus D'un golfe de Cyrénaïque.
Tout ! jusqu'au cheval blanc, qu'il élève au sérail, Dont la sueur à flots argente le poitrail ; Jusqu'au frein que l'or damasquine ; Jusqu'à cette espagnole, envoi du dey d'Alger, Qui soulève, en dansant son fandango léger, Les plis brodés de sa basquine !
Ce n'est point un pacha, c'est un klephte à l'oeil noir Qui l'a prise, et qui n'a rien donné pour l'avoir ; Car la pauvreté l'accompagne ; Un klephte a pour tous biens l'air du ciel, l'eau des puits, Un bon fusil bronzé par la fumée, et puis La liberté sur la montagne.
Lázara
¡Mirad, mirad cómo corre! ¡Por las sendas empolvadas, por los céspedes floridos, llenos de espinosas zarzas, por las mieses donde brillan las amapolas de grana, por el escabroso atajo, por la vereda trillada, por las selvas, por los prados, por las ásperas montañas, mirad, mirad cómo corre, mirad cómo corre Lázara!
Es bella, es alta, es esbelta, y cuando arrogante marcha, un canastillo de flores en su cabeza gallarda, los blancos brazos sobre ellas doblando con tanta gracia, imaginara cualquiera ver a lo lejos un ánfora, con sus asas de alabastro, sobre nuestras rotas aras.
Es joven y juguetona, y alegres canciones canta, y huella con pies desnudos del lago la húmeda playa, persiguiendo al leve insecto de alas brillantes y diáfanas; y su falda replegando, los limpios arroyos pasa; correr va y vuelve, y los pájaros dieran por sus pies sus alas.
Al espirar de la tarde, cuando se escuchan lejanas las campesinas ovejas que al volver al redil balan, aparece en la pradera donde el baile se prepara, y todos la flor más bella ven en la flor que gallarda de sus lustrosos cabellos prendió en las trenzas rizadas.
El pachá de Negroponto diera por la herniosa Lázara sus navíos de tres puentes, sus cañones y bombardas, de sus caballos las sillas, de sus ovejas las lanas, y su turbante de seda con sus perlas y esmeraldas.
En verdad por ella diera sus adamasquinas dagas, que por sus manos gastados tienen los puños de plata; y sus pesadas pistolas, y su corva cimitarra, y su rico carcaj de ororepleto de flechas tártaras.
Diera sus anchos estribos,los tesoros de sus arcas, y el tesorero con ellos, que vigilante los guarda; sus trescientas concubinas, sus fieles perros de caza, sus tostados albaneses con sus luengas espingardas.
Diera todos los judíos y el rabino que los manda; diera los francos, y el kiosko rojo y azul, y las salas de los baños aromáticos, de mosaico embaldosadas; y las torres formidables de su robusta alcazaba; y su quinta de verano, que trasparentes retratan las mansas ondas azulesdel mar de la Cirenaica.
¡Todo! hasta el caballo blanco que cual un tesoro guarda, hasta la linda española que el dey de Argel le enviara, y de la falda flotante, cuando su fandango baila, los anchos pliegues bordados con dulce mano levanta.
Y de un clefto de ojos negros y no de un pachá es esclava; es su señor y su amante, y no dió por ella nada: porque un clefto sólo tiene en los manantiales agua, ambiente libre en el campo, la carabina y la daga, y su libertad errante en el bosque y la montaña. Versión de Teodoro LlorenteLibellés : Victor Hugo |
posted by Alfil @ 6:44 AM |
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