Victor Hugo -La sultane favorite- |
vendredi, septembre 02, 2005 |
La sultane favorite Victor Hugo (1802 -1885)
N'ai-je pas pour toi, belle juive, Assez dépeuplé mon sérail ? Souffre qu'enfin le reste vive. Faut-il qu'un coup de hache suive Chaque coup de ton éventail ?
Repose-toi, jeune maîtresse. Fais grâce au troupeau qui me suit. Je te fais sultane et princesse : Laisse en paix tes compagnes, cesse D'implorer leur mort chaque nuit.
Quand à ce penser tu t'arrêtes, Tu viens plus tendre à mes genoux ; Toujours je comprends dans les fêtes Que tu vas demander des têtes Quand ton regard devient plus doux.
Ah ! jalouse entre les jalouses ! Si belle avec ce coeur d'acier ! Pardonne à mes autres épouses. Voit-on que les fleurs des pelouses Meurent à l'ombre du rosier ?
Ne suis-je pas à toi ? Qu'importe, Quand sur toi mes bras sont fermés, Que cent femmes qu'un feu transporte Consument en vain à ma porte Leur souffle en soupirs enflammés ?
Dans leur solitude profonde, Laisse-les t'envier toujours ; Vois-les passer comme fuit l'onde ; Laisse-les vivre : à toi le monde ! A toi mon trône, à toi mes jours !
A toi tout mon peuple - qui tremble ! A toi Stamboul qui, sur ce bord Dressant mille flèches ensemble, Se berce dans la mer, et semble Une flotte à l'ancre qui dort !
A toi, jamais à tes rivales, Mes spahis aux rouges turbans, Qui, se suivant sans intervalles, Volent courbés sur leurs cavales Comme des rameurs sur leurs bancs !
A toi Bassoral, Trébizonde, Chypre où de vieux noms sont gravés, Fez où la poudre d'or abonde, Mosul où trafique le monde, Erzeroum aux chemins pavés !
A toi Smyrne et ses maisons neuves Où vient blanchir le flot amer ! Le Gange redouté des veuves ! Le Danube qui par cinq fleuves Tombe échevelé dans la mer !
Dis, crains-tu les filles de Grèce ? Les lys pâles de Damanhour ? Ou l'oeil ardent de la négresse Qui, comme une jeune tigresse, Bondit rugissante d'amour ? Que m'importe, juive adorée, Un sein d'ébène, un front vermeil ! Tu n'es point blanche ni cuivrée, Mais il semble qu'on t'a dorée Avec un rayon de soleil.
N'appelle donc plus la tempête, Princesse, sur ces humbles fleurs, Jouis en paix de ta conquête, Et n'exige pas qu'une tête Tombe avec chacun de tes pleurs !
Ne songe plus qu'aux vrais platanes Au bain mêlé d'ambre et de nard, Au golfe où glissent les tartanes... Il faut au sultan des sultanes ; Il faut des perles au poignard !
La sultana favorita
- No despoblé ya bastante mi serrallo, linda hebrea ? Permite que él resto viva ¡basta de celos! ¿Es fuerza que al mover tú el abanico el hacha el verdugo mueva? Descansa, querida mía; ¿no eres sultana y princesa? En paz deja a mis cautivas, en paz á tus compañeras, y no vengas a arrancarme cada noche una sentencia. Cuando a tu dorado seno con más cariño me estrechas, y son más dulces tus besos y tus miradas más tiernas, sé que por cada caricia me pides una cabeza.
¡Oh celosa entre celosas, tan cruel siendo tan bella! ¡Gracia para la hermosura! ¿Has visto tú que perezcan a la sombra de las rosas las flores de la pradera? ¿No soy tuyo? ¿Qué te importa, si en tus brazos me encadenas, que, el fuego que las devora, en suspiros a mi puerta vengan á exhalar en vano cien desdeñadas bellezas? Déja que solas, llorando de envidia, gozar te vean; para ti es el mundo todo y mi amor y mi existencia.
Para ti, para ti sola, mi pueblo que al verme tiembla, y Estambul, que en estas playas elevando sus mil flechas, parece una flota anclada de la mar en las riberas. Para ti, para ti sola, esos espahís que vuelan, sobre la silla encorvándose de sus incansables yeguas, cual se encorvan los remeros de las rápidas galeras. Para ti Chipre, que guarda nombres de lejanas épocas; y Basora y Trebizonda; Mozul, do el mundo comercia; Fez, cuyos ríos arrastran oro en polvo por arenas; Ercerum, con sus caminos enlosados de anchas piedras; para ti la blanca Esmirna que la mar amarga besa.
Dime, díme; ¿acaso temes las blancas hijas de Grecia, o las miradas ardientes de la enamorada negra que ruge como una tigre, si el amor la aguijonea? ¿Qué me importa un seno de ébano o un rostro de rosas frescas? tú no eres negra ni blanca; mas doró tu faz morena el rayo de luz más puro que el sol del Asia destella. Déja que esas pobres flores su cáliz abran modestas; goza en paz de tu conquista; no exijas que una cabeza con cada lágrima caiga que tus ojos negros viertan. No pienses más que en los plátanos que tus jardines sombrean; en el baño perfumado con balsámicas esencias: en el golfo do las góndolas las aguas surcan ligeras... Requiere el sultán sultanas cual requiere el puñal perlas.
Versión de Teodoro LlorenteLibellés : Victor Hugo |
posted by Alfil @ 6:48 AM |
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