Jour à peine plus jaune... Philippe Jaccottet (1925 - )
Jour à peine plus jaune sur la pierre et plus long, ne vas-tu pas pouvoir me réparer? Soleil enfin moins timoré, soleil croissant, ressoude-moi ce coeur.
Lumière qui te voûtes pour soulever l'ombre et secouer le froid de tes épaules, je n'ai jamais cherché qu'à te comprendre et t'obéir.
Ce mois de février est celui où tu te redresses très lentement comme un lutteur jeté à terre et qui va l'emporter - soulève-moi sur tes épaules, lave-moi de nouveau les yeux, que je m'éveille, arrache-moi de terre, que je n'en mâche pas avant le temps comme le lâche que je suis. Je ne peux plus parler qu'à travers ces fragments pareils à des pierres qu'il faut soulever avec leur part d'ombre et contre quoi l'on se heurte, plus épars qu'elles
Día apenas más amarillo...
Día apenas más amarillo sobre la piedra y más extenso, ¿no me podrás restablecer? Sol al fin menos tímido, sol creciente, restáñame este corazón.
Luz que te curvas para alzar la sombra y sacudir el frío de tus hombros, siempre he intentado comprenderte y obedecerte.
Es ahora, en febrero, cuando te yergues muy lentamente como un luchador lanzado a tierra que va a vencer -levántame sobre tus hombros, lávame de nuevo los ojos, haz que al fin me despierte, arráncame ya de la tierra, que no la siga masticando antes de tiempo como el cobarde que soy. Ya sólo puedo hablar a través de estos fragmentos parecidos a piedras que hay que levantar con su parte de sombra y contra las que tropezamos, más dispersos que ellas.Libellés : Philippe Jaccottet |