Les Chants de Maldoror -Chant Troisième I Comte de Lautréamont (Isidore Ducasse) (Uruguay, 1846-1870)
I Rappelons les noms de ces êtres imaginaires, à la nature d'ange, que ma plume, pendant le deuxième chant, a tirés d'un cerveau, brillant d'une lueur émanée d'eux-mêmes. Ils meurent, dès leur naissance, comme ces étincelles dont l'oeil a de la peine à suivre l'effacement rapide, sur du papier brûlé. Léman!... Lohengrin!... Lombano!... Holzer!... un instant, vous apparûtes, recouverts des insignes de la jeunesse, à mon horizon charmé; mais, je vous ai laissés retomber dans le chaos, comme des cloches de plongeur. Vous n'en sortirez plus. Il me suffit que j'aie gardé votre souvenir; vous devez céder la place à d'autres substances, peut-être moins belles, qu'enfantera le débordement orageux d'un amour qui a résolu de ne pas apaiser sa soif auprès de la race humaine. Amour affamé, qui se dévorerait lui-même, s'il ne cherchait sa nourriture dans les fictions célestes: créant, à la longue, une pyramide de séraphins, plus nombreux que les insectes qui fourmillent dans une goutte d'eau, il les entrelacera dans une ellipse qu'il fera tourbillonner autour de lui. Pendant ce temps, le voyageur, arrêté contre l'aspect d'une cataracte, s'il relève le visage, verra, dans le lointain, un être humain, emporté vers la cave de l'enfer par une guirlande de camélias vivants! (…)
Los Cantos de Maldoror -Canto Tercero I I Recordemos los nombres de esos seres imaginarios, de naturaleza angelical, que mi pluma, durante el segundo canto, ha extraído de un cerebro que brilla con un fulgor emanado de ellos mismos. Mueren, desde su nacimiento, como esas chispas que, por su rápida desaparición, el ojo apenas puede seguir sobre el papel ardiendo. ¡Leman!... ¡Lohengrin!... ¡Lombano!... ¡Hozer!... Aparecisteis un momento, recubiertos por las insignias de la juventud, en mi horizonte encantado, pero os dejé caer en el caos, como campanas de buzo. No saldréis más. Me basta con haber conservado vuestro recuerdo, pero tenéis que dejar el sitio a otras sustancias, acaso menos bellas, que dará a luz el desbordamiento tormentoso de un amor que ha resuelto no calmar su sed junto a la raza humana. Amor hambriento, que se devoraría a sí mismo si no buscara su alimento en ficciones celestiales: creando, a la larga, una pirámide de serafines, más numerosos que los insectos que hormiguean en una gota de agua, para entrelazarlos en una elipse que hará arremolinar a su alrededor. Durante ese tiempo, el viajero, detenido frente al espectáculo de una catarata, si alza el rostro, verá en la lejanía, a un ser humano arrastrado hacia la caverna del infierno por una guirnalda de camelias vivas. (...) Libellés : Lautreamont |