Alphonse de Lamartine -Tristesse- |
mercredi, mai 25, 2005 |
Tristesse Alphonse de Lamartine (1790-1869)
Ramenez-moi, disais-je, au fortuné rivage Où Naples réfléchit dans une mer d'azur Ses palais, ses coteaux, ses astres sans nuage, Où l'oranger fleurit sous un ciel toujours pur. Que tardez-vous? Partons! Je veux revoir encore Le Vésuve enflammé sortant du sein des eaux; Je veux de ses hauteurs voir se lever l'aurore; Je veux, guidant les pas de celle que j'adore, Redescendre, en rêvant, de ces riants coteaux; Suis-moi dans les détours de ce golfe tranquille; Retournons sur ces bords à nos pas si connus, Aux jardins de Cinthie, au tombeau de Virgile, Près des débris épars du temple de Vénus : Là, sous les orangers, sous la vigne fleurie, Dont le pampre flexible au myrte se marie, Et tresse sur ta tête une voûte de fleurs, Au doux bruit de la vague ou du vent qui murmure, Seuls avec notre amour, seuls avec la nature, La vie et la lumière auront plus de douceurs.
De mes jours pâlissants le flambeau se consume, Il s'éteint par degrés au souffle du malheur, Ou, s'il jette parfois une faible lueur, C'est quand ton souvenir dans mon sein le rallume; Je ne sais si les dieux me permettront enfin D'achever ici-bas ma pénible journée. Mon horizon se borne, et mon oeil incertain Ose l'étendre à peine au-delà d'une année. Mais s'il faut périr au matin, S'il faut, sur une terre au bonheur destinée, Laisser échapper de ma main Cette coupe que le destin Semblait avoir pour moi de roses couronnée, Je ne demande aux dieux que de guider mes pas Jusqu'aux bords qu'embellit ta mémoire chérie, De saluer de loin ces fortunés climats, Et de mourir aux lieux où j'ai goûté la vie.
Tristeza
Devuélvame, decía, a la afortunada orilla donde Nápoles reflexiona en un mar de azul sus palacios, sus laderas, sus astros sin nube, donde el naranjo florece bajo un cielo siempre puro. ¿ Que tarda? ¡ Vayámonos! Todavía quiero ver de nuevo Vesubio encendido saliente del pecho de las aguas; quiero de sus alturas ver levantarse la aurora; Quiero, guiando del que adoro, volver a bajar, soñando, de estas risueñas laderas; Soy en los rodeos de este golfo tranquilo; regresemos sobre estos bordes a nuestros pasos tan conocidos, a los jardines de Cintia, a la tumba de Virgilio, cerca de los pedazos dispersos del templo de Vénus: Allí, bajo los naranjos, bajo la vid florida, cuyo pámpano flexible en el myrte se casa, y trenza en tu cabeza una bóveda de flores, al ruido dulce de la ola o del viento que murmura, sólo con nuestro amor, sólo con la naturaleza, la vida y la luz tendrán más dulzuras.
De mis días pasados la antorcha se consume, se apaga por grados al soplo de la desgracia, O, si lanza a veces una luz débil, es cuando tu memoria en mi pecho lo vuelve a encender; no sé si los dioses me permitirán por fin terminar aquí abajo mi día penoso. Mi horizonte se limita, y mi ojo incierto atrévete a extenderlo apenas más allá de un año. Pero si hay que perecer por la mañana, si hace falta, sobre una tierra a la felicidad destinada, dejar escapar de mi mano esta copa que el destino parecía tener para mí de rosas coronada, les pido a los dioses sólo guiar mis pasos hasta los bordes que embellece tu memoria querida, de saludar de lejos estos afortunados climas, y de morir a los lugares donde probé la vida.Libellés : Alphonse de Lamartine |
posted by Alfil @ 3:23 AM |
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