Stephane Mallarmé -Toast funèbre- |
samedi, mars 26, 2005 |
Toast funèbre Stephane Mallarmé (1842-1898)
à Théophile Gautier
Ô de notre bonheur, toi, le fatal emblème !
Salut de la démence et libation blême, Ne crois pas qu'au magique espoir du corridor J'offre ma coupe vide où souffre un monstre d'or ! Ton apparition ne va pas me suffire : Car je t'ai mis, moi-même, en un lieu de porphyre. Le rite est pour les mains d'éteindre le flambeau Contre le fer épais des portes du tombeau Très simple de chanter l'absence du poète, Que ce beau monument l'enferme tout entier : Si ce n'est que la gloire ardente du métier, Jusqu'à l'heure commune et vile de la cendre, Par le carreau qu'allume un soir fier d'y descendre, Retourne vers les feux du pur soleil mortel !
Magnifique, total et solitaire, tel Tremble de s'exhaler le faux orgueil des hommes. Cette foule hagarde ! elle annonce : Nous sommes La triste opacité de nos spectres futurs. Mais le blason des deuils épars sur de vains murs, J'ai méprisé l'horreur lucide d'une larme, Quand, sourd même à mon vers sacré qui ne l'alarme, Quelqu'un de ces passants, fier, aveugle et muet, Hôte de son linceul vague, se transmuait En le vierge héros de l'attente posthume. Vaste gouffre apporté dans l'amas de la brume Par l'irascible vent des mots qu'il n'a pas dits, Le néant à cet Homme aboli de jadis : "Souvenir d'horizons, qu'est-ce, ô toi, que la Terre ?" Hurle ce songe; et, voix dont la clarté s'altère, L'espace a pour jouet le cri : "Je ne sais pas !"
Le Maître, par un oeil profond, a, sur ses pas, Apaisé de l'éden l'inquiète merveille Dont le frisson final, dans sa voix seule, éveille Pour la Rose et le Lys le mystère d'un nom. Est-il de ce destin rien qui demeure, non ? Ô vous tous! oubliez une croyance sombre. Le splendide génie éternel n'a pas d'ombre. Moi, de votre désir soucieux, je veux voir, A qui s'évanouit, hier, dans le devoir, Idéal que nous font les jardins de cet astre, Survivre pour l'honneur du tranquille désastre Une agitation solennelle par l'air De paroles, pourpre ivre et grand calice clair, Que, pluie et diamant, le regard diaphane Resté là sur ces fleurs dont nulle ne se fane, Isole parmi l'heure et le rayon du jour !
C'est de nos vrais bosquets déjà tout le séjour, Où le poète pur a pour geste humble et large De l'interdire au rêve, ennemi de sa charge : Afin que le matin de son repos altier, Quand la mort ancienne est comme pour Gautier De n'ouvrir pas les yeux sacrés et de se taire, Surgisse, de l'allée ornement tributaire, Le sépulcre solide où gît tout ce qui nuit, Et l'avare silence et la massive nuit.
Brindis fúnebre
a Théophile Gautier
Oh tú, de nuestra dicha el emblema fatal!
¡Salud de la demencia y pálida libación, No a la esperanza mágica del corredor ofrezco La hueca copa en que, áureo monstruo sufre! Tu aparición no habrá de serme suficiente: Yo mismo te he guardado en un lugar de pórfiro. El rito de las manos es apagar la antorcha Contra el pesado hierro de la fúnebre losa:
Y apenas ignoramos que a nuestra fiesta vienes Porque es fácil cantar la ausencia del poeta Que este bello sepulcro encierra toda entera. Si no es más que la gloria ardiente del oficio Llegada la hora común y vil de la ceniza Orgullosa descienda por el claro orificio Y tome hacia los fuegos del puro sol mortal!
Magnífico, total y solitario, así Tiembla ante el falso orgullo de los hombres. Esta turba mezquina ya lo anuncia: que somos La triste opacidad de nuestro espectro futuro. Mas desprecié el lúcido horror de una lágrima Blasón de duelo que orna el vano muro Cuando sordo a mi sacro verso que no lo alarma, Uno de esos paseantes, ciego, impasible y mudo, El huésped de su vago sudario, en el héroe Virginal de la póstuma espera se transmuta. Vasto abismo traído en la masa de bruma Por el viento irascible de sus palabras tácitas, La nada había abolido a este hombre hace mucho: «Recuerdo de horizontes ¿qué es, oh tú, la Tierra?» Clama el sueño y, voz de alterada claridad, Todo el espacio juega con el grito « ¡No sé! »
Al pasar el Maestro, con su mirar profundo Del edén apacigua la inquieta maravilla Cuyo espasmo final sólo en su voz aviva Para el Lirio y la Rosa el misterio de un nombre. ¿De todo este destino queda algo todavía? Olvidad, oh vosotros, creencia tan sombría. El genio, espléndido y eterno, no arroja sombra alguna. ¡Yo, atento a vuestras ansias quiero volver a ver Al que desvanecido ayer en la tarea Ideal que nos imponen los jardines del astro, Sobrevive para el honor del tranquilo desastre Una agitación solemne por los aires De palabras, púrpura ebria y clarísimo cáliz Que, lluvia y diamante, la mirada diáfana Posada entre las flores sin marchitar ninguna Aísla entre la hora y la alborada!
Es el único sitio entre estos bosquecillos Donde el poeta puro con gesto humilde y amplio Impide el paso al sueño, enemigo de su arte: Para que en la mañana de su reposo altivo, Cuando la antigua muerte sea como para Gautier No abrir ya más los ojos sagrados y callar Suda, de la avenida tributario ornamento, El sólido sepulcro que guarda lo que turba El avaro silencio y la masiva noche.
Versión de Salvador ElizondoLibellés : Stephane Mallarmé |
posted by Alfil @ 4:44 AM |
|
|