A Paul Claudel Adrienne Monnier (1892-1955)
Ta puissante prière vient troubler mon sommeil, Elle assiège ma nuit par la peur et le feu. J'implore malgré moi la force de ton Dieu, Je sais qu'il peut chasser la troupe qui tourmente En moi la fille née de ceux qui le servaient. Le matin me verra pleurant de ma faiblesse, Levant dans le soleil mes mains comme des feuilles. Mais puisque tu le veux, oh ! Père, en cette nuit Où frémit l'aile obscure et qui porte ton ordre, Je te rencontrerai. Puisse donc ton exil Contenir en son cœur ma tendre obéissance ! Oui, je suis avec toi, je courbe sous ta voix Comme une flamme vacillante, Je dis ce Nom qui fait la joie Et la louange de ta bouche, Mais dont la croix blesse mon front.
A Paul Claudel
Tu potente plegaria viene a turbar mi sueño, Pone sitio a mi noche con el miedo y el fuego. A mi pesar imploro la fuerza de tu Dios, Sé que puede ahuyentar el tropel que en mí misma Atormenta a la hija de quienes lo sirvieron. Me verá la mañana llorando por ser débil, Elevando hacia el sol mis manos como hojas. Pero ya que lo quieres, ¡oh Padre!, en esta noche Que nos trae tu orden y en la que el ala obscura Tiembla, te encontraré. ¡Oh, que tu exilio pueda Contener en su seno mi tierna sumisión! Estoy contigo, sí, bajo tu voz me inclino Como una llama vacilante, Digo ese nombre que es la dicha Y la alabanza de tu boca, Mas cuya cruz hiere mi frente.
Versión de Carlos Cámara y Miguel Ángel FrontánLibellés : Adrienne Monnier |