Delfica Gérard de Nerval (1808-1855)
La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs, Sous l'olivier, le myrte, ou les saules tremblants Cette chanson d'amour qui toujours recommence ? ...
Reconnais-tu le Temple au péristyle immense, Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents, Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents, Où du dragon vaincu dort l'antique semence ? ..
Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours ! Le temps va ramener l'ordre des anciens jours ; La terre a tressailli d'un souffle prophétique ...
Cependant la sibylle au visage latin Est endormie encor sous l'arc de Constantin - Et rien n'a dérangé le sévère portique.
Delfica
¿No conoces, oh Dafne, esa antigua romanza, bajo blancas adelfas o al pie de algún sicómoro, bajo olivos o mirtos, bajo sauces temblones, la canción amorosa que se va repitiendo?
¿Reconoces el templo con su gran columnata, los amargos limones que mordían tus dientes, y la gruta, fatal al viajero imprudente donde duermen los dientes del vencido dragón?
¡Volverán esos dioses que tú lloras sin tregua! Dará el tiempo otra vez aquel orden de antaño; se estremece la tierra con un soplo profético...
La sibila, no obstante, la del rostro latino, duerme aún bajo el arco que erigió Constantino... Y hasta hoy nada turba aquel pórtico grave.Libellés : Gerard de Nerval |