Rosées Sully Prudhomme (1839-1907)
Je rêve, et la pâle rosée Dans les plaines perle sans bruit, Sur le duvet des fleurs posée Par la main fraîche de la nuit.
D'où viennent ces tremblantes gouttes ? Il ne pleut pas, le temps est clair ; C'est qu'avant de se former, toutes, Elles étaient déjà dans l'air.
D'où viennent mes pleurs ? Toute flamme, Ce soir, est douce au fond des cieux ; C'est que je les avais dans l'âme Avant de les sentir aux yeux.
On a dans l'âme une tendresse Où tremblent toutes les douleurs, Et c'est parfois une caresse Qui trouble, et fait germer les pleurs
Rocíos
Mientras yo sueño, el pálido rocío cubre calladamente de perlas las llanuras. La fría mano de la noche lo va dejando caer sobre el terciopelo de las flores.
No llueve; el cielo está claro. ¿De dónde vienen esas gotas temblorosas? Es que, antes de formarse, ya estaban todas ellas en el aire.
¿De dónde vienen mis lágrimas, si todos los arreboles del cielo están esta noche llenos de dulzura? Es que ya las tenía en el alma antes de sentirlas en los ojos.
Tenemos en el alma una ternura en que se estremecen todos los dolores, y a veces es una caricia la que nos turba y hace brotar las lágrimas.
Versión de Max GrilloLibellés : Sully Prudhomme |